Le président américain Donald Trump a de nouveau créé la controverse, ce jeudi, en menaçant explicitement de recourir à une action militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza. La déclaration, publiée sur sa plateforme Truth Social, intervient seulement quelques jours après des propos ambigus dans lesquels il semblait minimiser les exécutions de collaborateurs d'Israël par le mouvement palestinien. « Si le Hamas continue à tuer des gens, nous n'aurons d'autre choix que d'entrer là-bas et de les tuer », a écrit Trump dans un ton martial rappelant ses positions les plus dures de sa présidence. Ces menaces s'inscrivent dans un contexte diplomatique explosif, alors que la trêve fragile à Gaza reste suspendue à de nouveaux échanges de prisonniers et que les tensions internes au mouvement palestinien font l'objet de nombreuses spéculations. Des propos contradictoires et un virage brutal Mardi dernier, lors d'une rencontre avec le président argentin Javier Milei, Donald Trump avait tenu des propos qui avaient suscité la stupeur à Washington comme à Tel-Aviv. Interrogé sur l'exécution par le Hamas de prétendus collaborateurs d'Israël à Gaza, il avait lâché : « Cela ne me dérange pas. Deux très mauvaises bandes qui s'entre-tuent. » Ce revirement soudain s'expliquerait, selon plusieurs analystes américains, par la pression croissante du Congrès et des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis, inquiets de voir Trump prendre des positions trop ambivalentes alors qu'il prépare sa campagne présidentielle de 2026. Ses dernières déclarations pourraient aussi viser à réaffirmer son soutien à Israël, quelques heures seulement après sa conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, centrée sur la restitution des otages et des corps retenus à Gaza. Coordination avec Israël et menaces implicites Selon le quotidien israélien Israel Hayom, Netanyahu et Trump ont discuté de la lenteur de la remise des otages et des dépouilles israéliennes par le Hamas. Le président américain aurait assuré son soutien « plein et entier » aux mesures envisagées par Israël pour accélérer le processus, tout en laissant planer la menace d'un appui militaire direct si le mouvement palestinien « ne respecte plus la trêve ». Ce n'est pas la première fois que Trump agite la menace d'une action armée. Déjà, dans une interview à CNN, il avait averti que « les forces israéliennes pourraient reprendre les opérations » dès qu'il le jugerait nécessaire, dans le cas où le Hamas ne se conformerait pas à l'accord de cessez-le-feu négocié sous son impulsion. Une trêve sous haute tension Entré en vigueur le 10 octobre 2025, l'accord de cessez-le-feu et d'échange d'otages négocié par Trump a permis la libération de 20 otages israéliens vivants et la restitution des corps de 8 autres, contre la libération par Israël de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et 1 718 détenus arrêtés à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Mais selon les observateurs de l'ONU, la trêve reste fragile : plus de 10 000 Palestiniens demeurent encore dans les prisons israéliennes, dont des femmes et des enfants, souvent privés de soins ou soumis à des conditions de détention qualifiées de « cruelles » par les organisations humanitaires. Un conflit qui continue de ravager Gaza D'après les données palestiniennes citées par les ONG locales et confirmées par des sources israéliennes, la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 a déjà fait plus de 67 913 morts et 170 134 blessés, principalement des civils, femmes et enfants compris. À ces pertes s'ajoutent 463 décès dus à la famine, conséquence directe du blocus prolongé et des restrictions d'aide humanitaire. Les déclarations de Trump, oscillant entre provocation et menace, risquent de fragiliser davantage les efforts diplomatiques en cours au Caire, à Doha et à Washington. Aucune précision n'a été apportée par la Maison-Blanche quant à une éventuelle mise en œuvre militaire ou à la nature d'un éventuel déploiement américain dans la région. Une rhétorique électorale sous tension Pour de nombreux analystes, cette surenchère verbale relève d'une stratégie électorale : se montrer à la fois intransigeant face au terrorisme et garant de la sécurité d'Israël, tout en se positionnant comme l'homme fort capable de « ramener la paix par la force ». Mais sur le terrain diplomatique, cette posture accroît la méfiance des partenaires arabes de Washington et complique la médiation américaine. Alors que les efforts internationaux s'intensifient pour maintenir la trêve et relancer l'acheminement de l'aide humanitaire, la rhétorique de Trump pourrait faire basculer le fragile équilibre du Proche-Orient vers une nouvelle spirale de violence. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!