The liveblog has ended. No liveblog updates yet. La séance générale conjointe entre l'Assemblée des représentants du peuple et le Conseil national des régions et des districts, tenue dimanche 23 novembre 2025, a été entièrement consacrée à l'examen du budget du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche pour l'année 2026. La réunion s'est déroulée sous la présidence de Brahim Bouderbala, président de l'ARP, et Imed Derbali, président du Conseil national des régions, en présence du ministre de tutelle, Ezzeddine Ben Cheikh, accompagné de son équipe. Une mission stratégique au cœur de la sécurité alimentaire et hydrique En ouvrant les travaux, Brahim Bouderbala a insisté sur la dimension centrale de la mission Agriculture, Ressources hydrauliques et Pêche dans la conjoncture actuelle. Il a rappelé que ce département pilote des secteurs vitaux directement liés à la sécurité alimentaire, à la sécurité hydrique, à la résilience climatique et au développement régional. Le président de l'ARP a souligné que la souveraineté alimentaire repose sur des réformes profondes, alignées sur une vision nationale fondée sur la valorisation des ressources locales, la justice sociale, la répartition équilibrée des richesses et l'intégration de politiques publiques tournées vers le citoyen et la durabilité. Il a exhorté le ministère à renforcer ses efforts face aux défis climatiques, aux perturbations géopolitiques et aux pressions sur les ressources en eau. Des demandes pressantes des députés : eau, pêche, financement et soutien aux filières Les deux commissions – Agriculture et sécurité alimentaire d'une part, Secteurs productifs d'autre part – ont présenté leur rapport avant l'ouverture d'un débat nourri marqué par les préoccupations suivantes : * Révision de la carte agricole pour l'adapter aux besoins spécifiques des régions. * Gouvernance du système d'eau potable et modernisation des réseaux d'irrigation. * Politiques innovantes pour la gestion durable de l'eau et limitation du gaspillage. * Simplification des autorisations pour l'exploitation des eaux de surface. * Intégration du développement agricole et des circuits de distribution. * Renforcement du secteur de la pêche, amélioration des conditions sociales des pêcheurs et demande de création d'un fonds de protection sociale pour les marins. * Manque d'encadrement technique pour les agriculteurs. * Insuffisance des financements agricoles, freinant la productivité. * Crise persistante du secteur oléicole, nécessitant des mesures immédiates et structurelles. * Remise à niveau de la politique de l'irrigation complémentaire. * Préparation insuffisante du ministère pour la saison céréalière, en raison du manque de semences et d'engrais. * Protection des semences originales et consolidation des pépinières nationales. * Stratégie globale pour les petits agriculteurs, très exposés aux chocs. * Flambée des coûts de production, notamment dans le lait, mettant les éleveurs en difficulté. * Chute inquiétante des prix de certaines productions en période d'abondance : olives, agrumes, dattes. * Urgence sanitaire autour de la santé animale, en particulier les maladies touchant les troupeaux. * Propagation de la cochenille, menaçant plusieurs cultures. * Demande d'aides et d'indemnisation à travers le Fonds des calamités naturelles. * Pression croissante sur le secteur des viandes rouges, entre coûts élevés et baisse du cheptel. * Pollution marine et absence de contrôle strict de l'aquaculture. * Besoin de ports modernisés et de nouvelles infrastructures pour rapprocher les services des professionnels. * Renforcement du rôle des offices publics (grains, huile, fourrages, dattes) afin de réguler le marché. * Régularisation des ouvriers de chantiers et du personnel forestier, avec une exigence d'équité dans le recrutement. Les réponses du ministre : eau, semences, élevage, pêche et réformes structurelles Face à ces préoccupations, le ministre Ezzeddine Ben Cheikh a présenté une série de mesures et d'indicateurs : Approvisionnement en intrants agricoles Le ministère souligne que l'approvisionnement en engrais se maintient à un rythme soutenu, atteignant 1 400 tonnes par jour, malgré quelques ralentissements passagers. Le pays dispose également d'un stock de plus de 1 000 tonnes d'ammonitrate, garantissant une certaine sécurité pour les prochaines campagnes. Quant au stock stratégique de semences, il bénéficie d'un effort financier important : son budget est passé de 28 à 47 millions de dinars, enregistrant ainsi une hausse remarquable de 68 %, signe d'une volonté claire de consolider les bases de la production céréalière nationale. Elevage et santé animale La sécheresse a lourdement éprouvé les éleveurs, entraînant une baisse de près de 20 % du cheptel bovin, ce qui oblige aujourd'hui le pays à repenser en profondeur l'organisation de tout le secteur. Dans cette dynamique, les autorités ont créé l'Office national des fourrages, appelé à jouer un rôle central dans la régulation et la sécurisation des apports alimentaires pour le bétail. Des programmes spécifiques ont également été lancés pour soutenir l'élevage de l'âne, du dromadaire et du bétail local (البكاري), afin de préserver des espèces adaptées aux conditions climatiques du pays. Enfin, la distribution des fourrages s'effectue désormais de manière plus ciblée, en tenant compte des besoins réels de chaque agriculteur, pour garantir une utilisation plus juste et plus efficace des ressources disponibles. Filière oléicole L'Etat a engagé une démarche ambitieuse pour stabiliser la filière oléicole en constituant, via l'Office national de l'huile, un stock stratégique compris entre 100 000 et 150 000 tonnes, acquis à des prix plus attractifs que ceux proposés par les opérateurs privés, afin de soutenir les producteurs et d'amortir les fluctuations du marché. Parallèlement, 230 crédits ont été accordés aux oléiculteurs, leur permettant de renforcer leurs capacités de production et de traverser une conjoncture marquée par la hausse des coûts. Cette stratégie s'accompagne d'une promotion accrue de l'exportation de l'huile d'olive tunisienne, avec la volonté de consolider la présence du produit sur les marchés internationaux et de valoriser une filière emblématique du patrimoine agricole national. Lutte contre les maladies et les ravageurs Le ministère a d'abord choisi la prudence en interdisant l'importation de plantes sensibles aux maladies, afin d'éviter l'introduction de pathogènes susceptibles de fragiliser encore davantage les cultures locales. Dans le même élan, un plan national de lutte contre la cochenille a été déployé. Il repose sur une approche intégrée combinant l'introduction de la coccinelle prédatrice (الدعسوقة), l'entretien régulier des plantations et un vaste programme national de taille prévu au mois de mars, destiné à renforcer la résistance des cultures. Par ailleurs, la protection de la filière des dattes fait l'objet d'une attention particulière, avec des actions intensifiées contre les ravageurs qui la menacent, notamment l'acarien de la poussière, responsable de pertes sensibles dans plusieurs régions productrices. Indemnisation des calamités naturelles L'ensemble des dossiers de compensation liés aux calamités naturelles pour la période 2023–2024 a été officiellement validé, ouvrant ainsi la voie au début effectif du versement des indemnisations au profit des agriculteurs touchés. Dans le même temps, les autorités préparent déjà un nouvel appel à adhésion, permettant aux exploitants de rejoindre le dispositif et de bénéficier d'une meilleure protection face aux aléas climatiques qui menacent de plus en plus la stabilité des productions agricoles. Eau, barrages et SONEDE Les dernières semaines ont permis d'observer une amélioration sensible du niveau de remplissage des barrages, un signe encourageant malgré la pression toujours forte sur les nappes phréatiques, mises à rude épreuve par la sécheresse et la demande croissante en eau. Dans ce contexte, la SONEDE engage une série de réformes internes de grande ampleur. Elles incluent la création de sept nouveaux districts régionaux destinés à rapprocher les services des usagers, l'acquisition de pompes, équipements et outils de contrôle, ainsi que la modernisation des systèmes de suivi et de gestion des consommations, afin d'assurer une distribution plus efficace et plus transparente de l'eau potable à travers le pays. Pêche et aquaculture Le secteur de la pêche bénéficie aujourd'hui d'une attention renouvelée, à travers des programmes de soutien destinés aux marins et un effort continu pour rehausser la qualité des produits mis sur le marché. Cette dynamique s'accompagne d'une extension progressive des ports et d'un renforcement de la lutte contre la pêche illégale, afin de préserver les ressources marines et de garantir un environnement de travail plus sûr pour les professionnels. Parallèlement, le ministère s'engage dans une modernisation du cadre légal encadrant la pêche et l'aquaculture, tout en œuvrant à élargir la couverture sociale des acteurs du secteur. L'objectif est clair : offrir aux pêcheurs de meilleures conditions de vie et inscrire durablement la filière dans une perspective de compétitivité et de durabilité. Gouvernance et lutte contre la corruption Le ministre a assuré que tous les dossiers suspectés d'irrégularités dans les organismes sous tutelle ont été transmis à la justice, en coordination avec les instances de contrôle. Un secteur sous pression mais au cœur des priorités nationales La séance a illustré l'ampleur des défis que connaît le secteur agricole tunisien : sécheresse, baisse du cheptel, cherté des intrants, déséquilibres du marché et pressions sociales. Le ministère affirme avancer sur plusieurs chantiers, entre réforme de la gouvernance, sécurité hydrique, soutien aux filières stratégiques et transition agroécologique. Mais la réussite de la stratégie annoncée dépendra de l'exécution effective des réformes, de la coordination entre structures publiques et de la capacité à répondre rapidement aux urgences climatiques et économiques. Abonnez-vous à la newsletter quotidienne Tunisie Numérique : actus, analyses, économie, tech, société, infos pratiques. Gratuite, claire, sans spam. Chaque matin Veuillez laisser ce champ vide Vous vous êtes bien abonné.e à notre newsletter ! Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!