De nombreux commentaires sont déjà parus dans la presse nationale et internationale, concernant le limogeage de Mustapha Kamel Nabli, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, (BCT) annoncé par Moncef Marzouki, le Président provisoire de la République. Mustapha Kamel Nabli a décidé de sortir de sa réserve pour exposer son point de vue à l'opinion publique et répondre aux nombreuses critiques et accusations dont il a fait l'objet, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la BCT, le 6 juillet 2012. Nabli, un homme compétent vu comme un « sous-fifre »aux yeux de Marzouki Aucune personne objective ne pourra remettre en cause la compétence d'un Tunisien qui a occupé de hautes responsabilités en Tunisie et à l'étranger : Professeur agrégé en économie, Ministre du plan et du Développement Régional, Expert auprès de plusieurs institutions notamment la Communauté économique européenne et de la Ligue arabe, et dirigeant de la section Moyen-Orient – Afrique du Nord à la Banque mondiale. Sans hésitations, il a quitté une fonction importante au sein de la Banque mondiale pour revenir en Tunisie et accepter le poste de Gouverneur de la BCT que lui a proposé le gouvernement Tunisien transitoire. Mustapha Kamel Nabli explique: “j'ai voulu servir mon pays” . Avec la compétence reconnue à l'échelle internationale de M.K.Nabli, pour quelles raisons Moncef Marzouki s'est-il acharné à vouloir le limoger de son poste de Gouverneur de la BCT ? « Je ne connais pas Marzouki personnellement » , pourquoi “tant de haine” ? Mustapha Kamel Nabli a déclaré, qu'à l'heure actuelle, aucune raison concrète n'a été fournie par le président provisoire de la République pour justifier sa décision de le limoger. « Je ne connais pas Marzouki personnellement.» affirme t-il. Il ajoute qu'aucune de ses demandes de rencontre avec le président n'a été acceptée jusqu'à présent. Singulièrement, M.K.Nabli se trouve dans une situation inconfortable où il se voit contraint d'aborder un sujet qui semble plutôt personnel au lieu de présenter une analyse de la situation économique actuelle du pays. Il précise que s'il était préoccupé seulement de son fauteuil de Gouverneur de la BCT, il aurait démissionné depuis longtemps. L'ANC sera l'arbitre dans le duel Marzouki /Nabli Après l'entrevue qui a eu lieu entre Hamadi Jebali et Mustapha Kamel Nabli, le 2 juillet 2012, et après la publication du communiqué officiel du chef du Gouvernement affirmant qu'aucune décision n'a encore été prise concernant l'affaire de Nabli, ce dernier demande avec conviction l'intervention de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour arbitrer le litige. De plus M.K.Nabli possède tous les documents nécessaires pour défendre et justifier sa position. Ce qui n'est pas le cas de Moncef Marzouki qui n'a toujours pas présenté des raisons officielles valables pour justifier sa décision. L'utilisation de la BCT pour des affaires personnelles est dangereuse pour le pays! A la suite d'une question posée par la correspondante de TunisieNumérique, relative au risque d'exploitation de la BCT pour des affaires personnelles, le Gouverneur a répondu que si cette situation se réalise, cela sera extrêmement dangereux pour l'économie du pays. Il a même précisé que la BCT cherche toujours à conserver son indépendance même en cas de changement de Gouverneur. Parallèlement, certains économistes Tunisiens considèrent que la BCT pourra être manipulée par des partis politiques pour assurer leur victoire et conserver leur suprématie au cours des prochaines élections. Nabli défie Marzouki et ne démissionnera pas de la BCT Vue l'absence totale de raisons justifiées pour lui faire quitter son poste de Gouverneur, M.K.Nabli a insisté pour rester à la tête de la BCT, et qu'il ne faut pas mélanger les intérêts personnels avec les intérêts du pays. « Mais le problème n'est pas dans la personne elle-même, mais dans le respect des institutions pour les protéger contre le danger de l'assujettissement à des intérêts personnels au détriment de l'intérêt national. ” ajoute t-il. Quelle nouvelle carte Marzouki va-t-il sortir de ses manches ? Ce Gouvernement nous a impressionné par une succession de surprises multiples sur des sujets variés allant du plus grave au plus « comique »... La balle est maintenant dans le camp de Marzouki, au-delà de l'ANC : soit il retire la demande qu'il a formulée, soit il présente des justifications précises pour limoger M.K.Nabli, mais cela serait plutôt surprenant car il aurait pu et dû le faire dès le début. L'ANC se trouve maintenant devant une décision difficile : si les députés votent en faveur du limogeage de M.K.Nabli, c'est l'indépendance de la BCT qui est remise en question et cela peut avoir des conséquences préjudiciables sur les institutions de la Tunisie et surtout la politique monétaire du pays. Si les députés votent pour maintenir M.K.Nabli à son poste, c'est le Président provisoire de la République qui reçoit une nouvelle humiliation et cette fois par l'ANC qui représente le peuple Tunisien, ce qui confirmera que les prérogatives de Marzouki sont carrément virtuelles.