Au cours de sa visite officielle à Paris, en réponse à l'invitation du président français François Hollande pour assister à la cérémonie du 14 juillet 2012, Mustapha Ben Jaafar, président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) a tenu un meeting avec une assistance de quelque dizaines de Tunisiens. L'openGov semble constituer un thème important dans les discours actuels de plusieurs responsables du Gouvernement provisoire, de Mohamed Abbou, ancien ministre de la Réforme Administrative jusqu'à Hamadi Jebali chef du Gouvernement provisoire. Mustapha Ben Jaafar a lui aussi enfourché ce cheval de bataille mais le débat s'est animé voire envenimé avec les ressortissants tunisiens en France, suite aux récentes déclarations controversées de Lobna Jribi , députée d'Ettakatol à l'ANC qui a affirmé que les Tunisiens ne sont pas prêts pour une transparence totale et immédiate. Après 8 mois, Ben Jaafar découvre l'existence de problèmes au sein de l'ANC Mustapha Ben Jaafar soutient que “l'ANC ne peut pas fonctionner comme le Parlement Européen du jour au lendemain, la volonté existe mais il y a aussi une question de moyens humains et matériels. “ Cela demande du temps d'après lui. En effet, il faut d'abord définir les besoins au sein de l'ANC, faire appel à des techniciens et des experts, développer et profiter de la coopération avec d'autres pays particulièrement pour l'identification de chaque membre de l'ANC au moment des votes. Comme si les compétences techniques et informatiques des Tunisiens étaient insuffisantes ou incapables de trouver des solutions adaptées à ces problèmes ! Ben Jaafar souhaite le huis clos des séances plénières pour abréger le débat Le président de l'ANC avoue, sur le ton de la confidence, que s'il n y avait pas des caméras de télévision au sein de l'ANC, les députés seraient peut-être au terme du débat sur la Constitution. Suite à une telle déclaration, Ben Jaafar sous-entend que les députés « font du cinéma » devant les caméras ce qui fait perdre du temps à tout le monde, et il serait donc favorable au huis clos des séances ce qui est exactement le contraire de la transparence souhaitable et souhaitée dans une démocratie. D'autre part, il affirme que quand il discute avec un député en face à face, la compréhension et la rationalité sont présentes dans le débat, mais quand ce député entre dans la salle, il se transforme totalement et il tient un autre discours. « Je ne peux pas écrire moi-même les procès verbaux (PV) des séances ! » Concernant la publication des PV des séances plénières, Ben Jaafar affirme que c'est un problème technique et humain, il considère que lorsque les réunions durent six heures dans une atmosphère particulièrement « chaude » (au sens propre et au sens figuré), les rapporteurs des commissions ne peuvent pas rester dans un bureau pour rédiger un PV. N'y a-t-il donc pas de climatisation au sein de l'ANC ? Les députés ont-ils donc des salaires et des avantages si faibles qu'ils refusent de faire quelques heures de travail supplémentaires ? N'y a-t-il donc pas des moyens d'enregistrement au sein de l'ANC (caméras, magnétophones..) ? Ben Jaafar soutient qu' il n'y a aucune pression de qui que ce soit pour empêcher la transparence et la communication de l'information, les journalistes peuvent assister à toutes les réunions des séances plénières et des commissions.” Tout est ouvert”, jure-t-il !! En outre, il déclare qu'il ne peut pas écrire lui-même les PV. Mais personne n'a demandé à Ben Jaafar de faire ce travail. Une question se pose alors: à quoi servent les rapporteurs désignés dans chaque commission ? Ils font de la figuration, ou sont-ils trop fatigués pour travailler ? Il y a des trucs que nous ne soupçonnons pas au sein de l'ANC !! Ben Jaafar affirme qu'il ne suffit pas qu'il y ait des rapporteurs au sein de la commission mais qu'il faut quelqu'un pour taper les rapports et les mettre sur le site de l'ANC. Il assène : « Il y a des trucs que vous ne soupçonnez pas. ». Donc, le président de l'ANC reconnait explicitement qu'il y a des choses cachées au sein de l'ANC et que, pour l'instant, nous n'avons pas le droit de les connaitre. Un intervenant rappelle que deux élus ont publié des PV et se demande pourquoi cette pratique n'est pas généralisée par les autres élus. Ces derniers pensent-ils comme Lobna Jeribi, que le peuple tunisien n'est pas encore prêt pour une transparence totale ce qui justifie l'existence des « trucs » cachés au sein de l'ANC ? Postes disponibles à l'ANC+ nombreux chômeurs diplômés= absence de volontaires Mustapha Ben Jaafar déclare que les vacances vont peut être offrir l'occasion d'améliorer les ressources humaines au sein de l'ANC. Après une cinquantaine de séances plénières, le Président de l'ANC a découvert l'existence d'un problème de ressources humaines, et ce qui parait étrange, c'est qu'il explique qu'il n y a pas de volontaires pour travailler au sein de l'ANC. Apparemment, Ben Jaafar n'a pas encore consulté les dernières statistiques du chômage en Tunisie et particulièrement des diplômés chômeurs. Faut-il en conclure que les députés de l'ANC sont à ce point coupés de la réalité qu'ils ne connaissent aucun chômeur dans leur entourage ? Ben Jaafar conclut : s'il y a des compétences que nous n'avons pas bien exploitées, alors nous ferons tout pour mieux les exploiter et pour faire avancer la Tunisie. » Plusieurs intervenants ont annoncé leur intention de porter plainte au tribunal administratif contre l'ANC pour le non respect de son règlement intérieur et des engagements de transparence. Mais avec dédain, Ben Jaafar a répliqué : « Sans problème, portez plainte autant que vous voudrez. » Mustapha Ben Jaafar est-il à ce point certain que la qualité du travail au sein de l'ANC ne soulève aucun problème quel qu'il soit ou bien considère t-il que le tribunal administratif ne peut rien contre l'ANC et l'immunité parlementaire des députés ?