Hamed Karoui était aujourd'hui le 12 septembre, sur le plateau de l'émission « Mosaïque show » de Naoufel El Ouertani sur les ondes de mosaïque FM. La chaine a préparé cet évènement, parce que c'en était un, comme il se doit, depuis déjà quelques jours, à coups d'annonces et de pub. Nous avons choisi de ne pas retranscrire tout ce qui a été abordé lors de ce plateau, nous allons plutôt essayer ensemble de comprendre, à travers ces « révélations » qu'est ce qui a poussé, ou « qui » a poussé Hamed El Karoui à sortir de sa retraite, et pourquoi en ce moment précis ? Est-ce que cette réapparition est l'aboutissement du dernier échange, digne des meilleurs maitres du tennis, qui nous a foutu le tournis ces derniers jours entre déclarations, contre déclarations, démentis, précisions, infirmations voire confirmations, de Karoui fils et son « meilleur ami » Hamadi Jebali ? Pour essayer de comprendre un peu tout ça, revoyons quand même, comment s'est déroulé l'entretien. Nous remarquons dès les premiers échanges que Naoufel El Ouretani a tout de suite été dépassé par « la maestria » de son interlocuteur. Le vieux retraité était en fait vif, alerte, empruntant par moment des termes échangés d'habitudes entre jeunes « branchés ». Il n'était nullement question que le pauvre animateur dirige les débats à sa guise comme il était habitué à le faire, ni de conduire par l'intermédiaire de ses questions détournées son hôte dans des recoins truffés de pièges. Il commence par relater l'historique de ses « liens » avec Ennahdha, ou comment il avait pu intercéder en leur faveur auprès des décideurs d'alors. Il dépeint en coup de vent la situation du pays quand Bourguiba ne commandait plus réellement, à son plus grand regret, le pays. Il se permet même une description furtive mais Ô combien élogieuse de l'avènement du 7 novembre, qu'il qualifie d'acte de « salut national ». Il dément les allégations de quelques détracteurs qui criaient à la falsification des résultats des élections. Il nie que Ben Ali ait à un moment donné, tendu un piège pour les islamistes en les poussant à se dévoiler sur les listes des élections aux quelles ils avaient été autorisés de participer. Il assure même que Ben Ali a, à un certain moment décidé de leur accorder un visa, mais qu'il s'en était désisté le lendemain même. Il n'a pas trop voulu s'étendre sur la période de « répression » dont ont été victimes les islamistes du temps où il était chef du gouvernement. Il a même osé dire qu'ils l'avaient en quelque sorte mérité vu leurs forfaits de l'époque. Il a vivement critiqué les gens qui sont actuellement au pouvoir et qui insistent pour exclure les anciens de l'RCD et des destouriens, alors que lui quand il y était, au pouvoir, il a toujours œuvré pour les faire participer à la vie politique (au conseil supérieur de la charte nationale, entre autres). Puis il s'est lâché sur les récits héroïques du mouvement national et même des premières années de l'ère Ben Ali en recommandant aux jeunes de mieux connaitre ces ères de gloire, cela renforcerait chez eux, selon lui, le nationalisme et même la fierté d'appartenir à cette nation. Cela réduirait certainement le phénomène de dégoût qui prévaut de nos jours chez les jeunes et qui les pousse à se jeter en proie aux flots. Il reconnait néanmoins, que sa génération a failli dans deux projets : l'instauration de la démocratie et l'édification de l'union du Maghreb arabe, il laisse, dit-il le soin d'achever le travail aux générations actuelles. Une nette impression se dégage du discours de Hamed El Karoui, c'est qu'il faisait beaucoup d'efforts pour prendre ses distances de Ben Ali tout en revendiquant sa filiation à Bourguiba qu'il « connaissait personnellement » et qui l'a nommé pour la première fois ministre, il a même tenu en abordant le chapitre de la corruption à citer Abderrahmen Ladgham ministre en charge du dossier et à rendre, au passage, hommage à son père feu Béhi Ladgham, qui était pour ceux de sa génération « parmi les meilleurs maîtres ». Il conclut sur un appel aux RCDistes et aux destouriens pour relever la tête et être fiers de leur appartenance, il leur recommande de soutenir l'actuel gouvernement et de ne pas se laisser entrainer par l'opposition qui ne fait que gêner le travail de la troïka. Au total, donc, les destouriens et les RCDistes sont clean, ils seront les meilleurs alliés d'Ennahdha. Les militants d'Ennahdha n'ont pas été si malheureux que ça. Lui-même, et dans son sillage les destouriens et RCDistes, se proclament de Bourguiba, se démarquent de Ben Ali et sont prêts à mettre leurs compétences au profit du gouvernement... De l'autre côté, les islamistes d'Ennahdha, donnent l'impression de haïr les RCDistes et destouriens, ils les rejettent et ne veulent pas en entendre parler... Dans tout ça, il n'est plus un mystère pour personne que les rangs d'Ennahdha regorgent d'ex RCDistes et destouriens. Que veulent prouver les gens d'Ennahdha ? Quelle perche veut bien leur tendre Hamed Karoui ? Où veulent-ils en venir ? Qu'est ce qu'ils sont en train de nous mijoter ? Une chose est, on ne peut plus, sûre ; une fois tout ceci apaisé, plus un seul tunisien ne voudra plus entendre parler, et encore moins discuter, de politique ! Promis...Juré !