Après avoir déchiré le portrait du dictateur déchu sous les projecteurs médiatiques, Sihem Badi, Ministre de la femme à ses heures perdues, poste acquis dans un concours de circonstances, pose, grand sourire aux lèvres, avec les pompes de l'ex première dame, tel un bambin agitant ses nouvelles chaussures de l'Aid. L'inauguration de l'exposition des biens confisqués à la famille Ben Ali a constitué pour notre fantasque ministre l'occasion de montrer l'étendue de son indécence et de son manque de tact. Une sortie à la peau de chagrin. Populisme à deux balles ou plutôt à deux lacets ! N'en déplaise à ses détracteurs, ils peuvent toujours aller boire l'eau de la mer. Derrière ce geste gauchement ostentatoire, indigne d'un membre du gouvernement, se faufilent des relents de revanche et des effluves de vengeance. La Badi, beaucoup plus connues par ses frasques egocentriques que par ses prestations ministérielles, se console comme elle peut et cherche des victoires jusqu'à dans la friperie et tire un malin et non moins malsain plaisir à prendre des vessies pour des lanternes et à vouloir flairer une fragrance là où il n'y a pas odeur de sainteté. Elle croit s'élever là où elle descend si bas. Quelle idée d'exposer si fièrement les godasses de la régente de Carthage tel un trophée, un gros lot et de se donner ainsi en spectacle, spectacle de mauvais goût et de douteuse senteur. Que voulez vous, il y a des individus qui adorent se tirer une balle dans le pied. A trop mélanger les serviettes aux torchons, on finira chiffonnier! Il n'y a pas pire qu'une ministre qui se met au raz des pâquerettes, au mépris de son rôle et de sa fonction, se prend en photo avec les semelles d'une soubrette, une apprentie coiffeuse tombée en disgrâce, c'est décoiffant ! Pourquoi s'acharner sur un cadavre ? Venir crier victoire quand l'adversaire est déjà abattu à mort dans l'arène n'est pas un acte de courage mais une attitude de charognard. Aucune hauteur d'esprit, aucun sens de la mesure, propres à tout homme d'Etat, rien qu'une mine faussement réjouie, une posture de collectionneur de timbres ayant mis la main accidentellement sur la pièce rare. La Badi a rétorqué qu'elle voulait adresser un message de justice aux tunisiens sauf qu'au lieu de message, et chaussée de ces funestes souliers, elle leur a décoché un coup de pied à la croupe, pensant tailler des croupières au régime déchu. Alors Sihem Badi ou Om Chleka ? Le pari est ouvert !