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Tunisie : Gouvernement de technocrates, dessous d'un projet mort-né !
Publié dans Tunisie Numérique le 25 - 02 - 2013

Il y a comme un diffus sentiment d'oppression, d'étouffement et de coercition qui imprègne actuellement la société tunisienne. On dirait une cage dans la poitrine. Une sensation de manque et d'écrasement, un mélange détonnant d'angoisse et d'amertume. La Tunisie est aujourd'hui sous un nouveau protectorat, une administration coloniale d'un autre type, en otage d'un implacable système de contrainte. Telle une chape de plomb sur le dos. La douloureuse impression d'être envahi, trahi, aplati, avachi, irradie et paralyse le corps et l'esprit.
Au nom d'une légitimité électorale, usée jusqu'à la corde, dont on abuse sans vergogne ni discrétion, les rapaces de la Troïka, ou ce qui en reste, acculent le peuple dans un coin et lui dicte la marche à suivre et la manière de voir. Si quelqu'un s'en insurge, le couperet sitôt grince, il est accusé de fomenter contre la révolution. Soit légaliste et tais-toi ! Nos gouvernants, tous, sans exception, révolutionnaires de 215ème heure, qui ont donc pris le pouvoir dans un concours de circonstances, bombent le torse et pointent leur doigt sur nous autres tunisiens, enfants de la révolution, jugés conspirateurs et bûches de l'enfer pour avoir dit non. Dans un insolent culot, ils s'affichent comme dépositaires de la révolution et distribuent les certificats de patriotisme. Ils ont confisqué la révolution et écrémé le processus de transition démocratique.
Dérive vers la confiscation des attributs de l'Etat
Comment se fait-il qu'un mécanisme interne de coordination d'un parti (Majless Choura), quand bien même il est majoritaire, mette au pas toute la Tunisie et suspende à ses délibérations toute la société politique et civile. Toute la Tunisie retient son souffle et piaffe d'impatience avant que le Majless, après avoir fait bien durer le plaisir, consente à annoncer sa décision sur un sujet de grand enjeu national comme le remaniement ministériel ou le choix du chef du gouvernement. Certaines grosses légumes ne s'en cachent pas. En effet, Ali Ben Salem n'a-t-il pas assené que « Majless Choura est la plus grande institution de la Tunisie« , faisant preuve d'un insondable mépris envers l'ANC et les institutions de l'Etat. A se demander qui remet en cause la légitimité !! Même le RCD de sinistre mémoire n'a pas, notamment à son apogée, franchit ouvertement ce pas ou investi son bureau politique ou son comité centrale d'un tel décisif et non moins singulier rôle.
Les apparatchiks de la Troïka (plutôt le tandem) conditionnent le sort de notre pays au bon vouloir d'un obscur cénacle partisan. Les élus d'Ennahdha au Mejless ne se formalisent pas de choper les attributions de tout l'Etat et de ses institutions et, par extension, ils ne rechignent guère à mettre la Tunisie sous leur coupe ! Le pouvoir est vicié, détourné, une dictature rampante sinon agissante fait main basse sur les articulations de l'Etat et sur axes vitaux du pays.
La crise politique, qui a tenu tout le monde en haleine pendant longtemps, a montré que, pour les caciques d'Ennahdha, l'intérêt du parti prime sur l'intérêt national. Pour preuve, la proposition de Hamadi Jebali, pourtant Secrétaire Général, de mettre en place un gouvernement de compétences nationales indépendantes et apolitiques, bien qu'elle ait pu compter sur un large soutien au niveau aussi bien de la classe politique que de l'opinion publique tunisienne, a été catégoriquement refusée par Ennahdha, notamment son aile dure, et farouchement descendue, avec la complicité active de ses succursales politiques, à savoir CPR et le mouvement Wafa.
Il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Paradoxalement, si le parti Ennahdha s'était inscrit dans une perspective nationale et non partisane et avait placé l'intérêt supérieur de la Tunisie au premier rang de son agenda, il aurait récolté maintes dividendes, et non des moindres :
- Il aurait été le principal artisan de la sortie de crise, privilégiant intérêt national et œuvrant pour fédérer toutes les forces vives du pays. Il aurait débloqué la situation et placé le pays sur les bons rails. Ce qui aurait constitué un message significatif aux yeux de l'opinion public qu'il aurait pu capitaliser et rentabiliser, en prévision de toute joute politique.
-Il aurait été en mesure d'élargir la base de responsabilité de l'échec du gouvernement et sortir de l'ornière de l'insuccès et de l'incompétence où il a été empêtré. Un gouvernement de technocrates aurait réduit la pression et la critique sur le gouvernement précédent et dilué au fur et à mesure sa négative image. Avec le temps, l'opinion publique aurait détourné le regard sur le gouvernement et sa médiocre prestation pour focaliser sur le nouveau. Ce qui aurait constitué, en terme électoral, un levier de première main. Ainsi, il aurait pu faire occulter son incapacité à gérer l'appareil public et limiter, voire effacer, cette image de gouvernement défaillant.
- Il aurait mis à profit la nouvelle situation où il serait dégagé et délié de toute charge gouvernementale pour mobiliser toutes ses forces et focaliser ses efforts sur les prochaines échéances électorales.
- Il aurait pris, à l'égard de l'opinion publique, un pas d'avance sur l'opposition et prouvé que ses pontes sont des hommes d'Etat et son président, Rached Ghannouchi, un leader national et non un apprenti despote qui, à l'antichambre du pouvoir, tire les ficelles et règne par procuration, comme d'aucuns l'accusent souvent.
Bien au contraire, malgré tant de bénéfices d'ordre politique et électoral, Ennahdha a choisi de jouer cavalier seul et sa propre carte, privilégiant ainsi le profit partisan au détriment de l'intérêt national. Une telle approche est le premier palier de l'Etat-parti et le premier ferment de la dictature, suggérant qu'en dernière analyse, Ennahdha nourrit un projet théocratique et œuvre à modifier le modèle tunisien de société, ouvert, séculier et moderniste, fruit de nombre de siècles de réformisme. Otage de son propre agenda, manifestement idéologique, Ennahdha a mal calculé son coup et a fait une mauvaise évaluation de la situation, du moins d'un point de vue national et non partisan.
La proposition de Hamadi Jebali serait-elle un coup monté ? Juste une manœuvre pour amortir l'onde de choc consécutive à la mort violente et non moins lâche de Chokri Belaid et offrir une porte de sortie à son parti face à la crise politique où il était englué ? Nombreux ont franchi le pas, accusant Hamadi Jebali d'avoir conspiré contre le pays pour transférer le conflit de son parti non seulement à l'opposition mais à toute la classe politique et sauver ainsi la tête de son parti. Cette analyse n'est pas dénuée de bon sens si l'on juge par l'affaissement de la dynamique de grande mobilisation populaire que l'assassinat de Chokri Belaid a générée, par la division de l'opposition démocratique au sujet de la proposition de Hamadi Jebali et également par la reprise en main de la situation sur le plan aussi bien interne que national que ladite proposition offert miraculeusement au parti Ennahdha.
Dans la foulée, d'autres observateurs ont estimé que la manœuvre en question a balisé la voie à la candidature de Hamadi Jebali aux présidentielles d'autant plus que ce dernier bénéficie (ou croit bénéficier) désormais d'un large courant de sympathie, d'un consensus autour de sa personne, retournement de situation que le parti Ennahdha entend capitaliser. Rached Ghannouchi n'a-t-il pas affirmé que « Hamadi Jebali a un grand avenir politique« . Après avoir démissionné et décliné la suggestion de former un nouveau gouvernement (ou contraint à décliner, l'hypothèse reste d'actualité), Hamadi Jebali ne serait pas, pour certains, l'homme d'Etat, sauveteur de la patrie, posture à laquelle nombreux n'ont pas manqué de croire et d'adhérer.
En conclusion, en tout état de cause, aujourd'hui, la société tunisienne vit un grand malaise, les ailes plombées et le souffle court, soumise à un protectorat de nouveau genre et, qui plus est victime d'un contexte socioéconomique des plus délétères. Profitant de sa position dominante dans la Troïka et de son rôle central dans l'architecture du pouvoir, le parti Ennahdha se démène à imposer ses vues et de donner une perspective opérationnelle à son projet d'islamisation et de modification, par la force, de notre modèle de société.
Pour faire face à un tel projet, quelle serait la solution ?


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