Selon le syndicat de la STB, la décision de la nomination de M. Khalil Ammar à la tête de la Société Tunisienne de Banque (STB) a été annulée hier après midi. Cette annulation vient en réponse aux demandes de la manifestation du personnel de la banque qui a refusé catégoriquement que l'actuel PDG de la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) prenne la relève de M. Hédi Zar, actuel PDG de la STB et ancien vice-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, qui part aujourd'hui à la retraite. La question qui se pose est : quelles sont les raisons qui ont poussé le personnel de la STB à refuser Khalil Ammar au point de manifester contre lui ? Le jeune banquier, selon un CV qu'il nous a envoyé* en copie, a de bonne qualifications et une expérience considérable mais des cadres de la STB ont un autre avis. Tunisie Numérique s'est rendue au siège de la STB pour recueillir les informations suivantes : Acte de contestation spontané Selon notre interlocuteur, M. Imed Blouchi, inspecteur à la STB, Khalil Ammar était au début de sa carrière un chef de service à la Banque Centrale, lorsque Taoufik Baccar en était le gouverneur, et Ibrahim Sâada, vice-gouverneur. Ces deux derniers l'ont nommé ultérieurement Directeur Général Adjoint de la BFPME, puis PDG de la banque en remplacement de M. Abdessalem Mansour en septembre 2008. M. Blouchi affirme : “On a cru après la révolution du 14 janvier qu'on va rompre avec les anciennes figures de l'ère de Ben Ali. Cette même idée a été appuyée par le discours du gouvernement transitoire, mais la nomination de Khalil Amamar à la tête de la STB nous a montré qu'on est toujours dans le statu quo et que voila un autre outil de la corruption banquière de Ben Ali qui apparait au pouvoir de nouveau. Pour mieux comprendre, il faut saisir les vraies raisons de la création de la BFPME. Conçue par Ben Ali, la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises a été créée principalement pour financer les projets des familles Ben Ali, Trabelsi et Materi ... et Khalil Ammar, étant un proche de Hamed Karoui (ancien premier ministre tunisien) aurait des liens de parentés avec l'ex DGA de la STB, Faycel Zine el abidine, qui a été renvoyé de la banque pour corruption, était le meilleur candidat. Sa présence à la tête d'une telle banque a beaucoup facilité le financement des projets des familles présidentielles et a garanti leur protection. La STB était une des banques victime de la corruption et du vol de l'argent du peuple tunisien pendant le régime du 7 novembre, et aujourd'hui tout le personnel de notre banque refuse qu'une personne affidée à Ben Ali et Taoufik Baccar puisse nous diriger. C'est un principe que nous avons fixé et nous nous y tiendrons jusqu'à la fin. Donc à travers notre manifestation « spontanée », nous insistons sur le fait qu'aucun dirigeant de l'ancien régime ne sera « injecté » de nouveau dans le système banquier tunisien, et nous allons défendre notre société pour montrer notre soutien aux réalisations de la révolution tunisienne.” Les nominations suspectes des dirigeants des sociétés étatiques Selon un directeur central de la STB qui a voulu garder l'anonymat, le parcours de M. Khalil Ammar entre la BCT et la BFPME est très suspect. Sa promotion en 4 ans (2001-2004) d'un chef de service des Opérations sur le Marché International à un DGA au BFPME en mars 2005 soulève des questions. Les cadres de la STB ont également dénoncé les nominations qui ne tiennent pas compte des compétences de chaque société étatique. Ils ont ajouté que des « fantômes de l'ère Ben Ali désignent encore les anciens serviteurs pour diriger les sociétés et les administrations étatiques » affirmation à laquelle le premier ministre provisoire, M. Béji Caïd Essebsi doit accorder plus d'attention. Un comité de protection des acquis de la révolution à la STB Les cadres et directeurs de la STB qui nous ont accueillis ont annoncé qu'un comité de protection des acquis de la révolution à la STB sera prochainement créé. «Nous avons déjà envoyé un appel pour la création de ce comité mais malheureusement, la neutralité d'une majorité silencieuse constitue aujourd'hui un obstacle pour nous. Dans notre appel, nous avons annoncé les objectifs de ce comité. Dans l'attente du nombre suffisant des adhérents pour l'élection, ce comité sera composé de 3 sous-comités. Le premier se chargera des nouvelles nominations et de l'organigramme à la STB. Le deuxième aura pour mission le suivi des dossiers de corruption et le troisième se chargera de la promotion des projets de la STB à l'intérieur du pays. Quel rôle pour le syndicat de la STB ? M. Faouzi Ryahi, un autre cadre de la STB affirme à ce sujet : « Notre syndicat n'est qu'une miniature du bureau exécutif de l'UGTT. Dans son traitement des différents problèmes, elle politise les dossiers. Ce syndicat après 3 réunions avec le personnel de la STB, a donné au début son accord à la création d'un comité de protection des acquis de la révolution pour la STB, mais cette confirmation a été retirée ultérieurement pour être remplacée par un projet d'un comité de suivi ! En conclusion, nos demandes ont été banalisées ». Quelle solution pour cette impasse ? Selon nos interlocuteurs, la seule solution après le départ de M. Hédi Zar c'est de désigner provisoirement 3 membres pour un directoire qui se chargera de piloter la banque jusqu'aux élections du conseil constitutif le 24 juillet prochain. A l'instar des grandes banques internationales, le personnel de la STB peut voter pour choisir ses dirigeants. Ce directoire sera supervisé par l'Administration Centrale du Contrôle Général de la banque Notons enfin que nos interlocuteurs ont déclaré qu'aucun dossier de corruption à la STB n'a été ouvert au moment où nous écrivons cet article. * Copie du CV envoyé par la Direction Assistance, Identification & Développement- Sous Direction des Assistance et Communication (BFPME)