Suite à la compagne engagée contre la TAV Airport Holding, le Président de son Directoire est venu en Tunisie pour répondre aux accusations et surtout rassurer les contestataires notamment le personnel de l'aéroport de Monastir quant au maintien des activités de l'aéroport de Monastir et réfuter la rumeur de la fermeture de l'aéroport en mai 2011. Rappelons que la TAV Airport Holding a remporté l'appel d'offres pour la construction et l'exploitation de l'aéroport d'Enfidha et pour l'entretien et la gestion de l'aéroport international de Monastir. Les contestataires sont allés jusqu'à accuser le groupe turc de corruption et de malversation avec un membre de la famille du président déchu sans aucune preuve matérielle. En effet, les grévistes pensent que la TAV a versé des pots-de-vin à Belhassen Trabelsi pour remporter l'appel d'offres de la concession. Mais les versions de l'histoire exposées par le président directeur général de TAV holding et par le ministère du Transport sont concordantes. L'Etat tunisien par le biais de l'OACA (Office de l'Aviation Civile et des Aéroports) a lancé un appel d'offres pour la concession de l'aéroport d'Enfidha. Au total onze dossiers ont été reçus dont sept ont été pré-qualifiés. Finalement après une étude de faisabilité du projet dont les résultats étaient défavorables à cause de l'aéroport de Monastir, aucune offre n'a été proposée. C'est à ce moment là que l'OACA a intégré l'aéroport de Monastir dans l'appel d'offres et le groupe TAV a remporté le marché, car il avait la meilleure offre financière soit 500 millions d'Euros dont 25% en fonds propres et 75% financés par des institutions financières internationales. Il faut rappeler aussi que la décision de l'Etat de construire un nouvel aéroport n'était pas fortuite mais basée sur une étude prospective. En effet d'ici 2025, le nombre de passagers doublera, soit neuf milliards de passagers par an dans le monde. Quant à la Tunisie, le trafic augmentera de 4 à 5% et l'aéroport de Monastir déjà surexploité, sans aucune possibilité d'extension, (4 millions de passagers par an) ne pourra pas répondre à ces nouveaux besoins. Cette situation impose la construction d'un nouvel aéroport pour absorber le flux supplémentaire de passagers et dans dix ans, la Tunisie devra construire un autre aéroport, éventuellement à Borj El Amri. TAV Tunisie a honoré ses engagements Les contestataires continuent leur sit-in et réclament aujourd'hui que l'Etat reprenne la gestion de l'aéroport et qu'il annule le contrat signé avec la TAV. L'Etat tunisien pourrait-il résilier son contrat avec la TAV sans raison, car celle-ci a honoré tous ses engagements même en période de crise économique mondiale. Bien que TAV Tunisie ait enregistré jusque là une perte de 57 à 76 millions de Dinars sur un investissement de 1045 millions de Dinars, celle-ci a avancé jusque là près de 75 millions de dinars soit 25 millions de dinars par an en termes de redevances à l'OACA. Quand un grand nombre d'investisseurs en Tunisie ont dû supprimer des emplois ou réduire leurs activités suite à la crise économique, TAV Airport a poursuivi son investissement en Tunisie et n'a licencié aucun employé, mais au contraire, il a fourni 570 opportunités d'emplois supplémentaires alors que l'aéroport tournait déjà au ralenti. «Nous ne méritons pas qu'on nous demande de «dégager», l'aéroport restera sous le contrôle de l'OACA et on est juste des concessionnaires » a déploré M. Mustafa Sani Sener, Président du Directoire de TAV Airport Holding. L'aéroport d'Enfidha, à quand le décollage ? Une année après avoir remporté l'appel d'offres, la TAV, à cause d'un souci financier, a été contrainte de céder 15% à la Banque Mondiale par le biais de sa filiale, IFC, et 18% au Fonds Panafricain de Développement des Infrastructures (PAIDF) appartenant à la BAD. Pourquoi l'aéroport d'Enfidha n'a t-il pas réussi à réaliser les objectifs escomptés ? Selon le président du Groupe, outre la crise économique, l'aéroport a raté une grande occasion de promotion mondiale. En effet il était prévu que le président déchu et le président de la Turquie inaugurent officiellement l'aéroport. «Le monde entier saurait qu'Enfidha est le plus grand aéroport de la rive Sud de la Méditerranée et de l'Afrique et c'est le seul aéroport en Tunisie où l'Airbus A380 peut atterrir». Pour réussir ce grand évènement, le ministère du Transport a créé un comité pour organiser le protocole de l'inauguration. Mais contre toute attente, le président déchu Ben Ali n'a pas répondu à l'invitation des responsables de l'aéroport ainsi que du ministère du Transport. Jusqu'à aujourd'hui, personne ne connaît les raisons de ce blocage. Y a t-il un rapport avec Belhassen Trabelsi ? Deux aéroports complémentaires Les contestataires reprochent aussi au groupe turc, de ne pas assurer l'entretien technique de l'aéroport et l'amélioration des prestations de l'aéroport de Monastir. Le PDG turc a signalé que son groupe a investi jusque là quatre millions de dinars dans des travaux d'aménagement, de maintenance et d'amélioration des prestations de l'aéroport de Monastir. «Quand nous faisons la promotion dans les pays européens notamment l'Allemagne et la Russie, nous faisons également la promotion des régions tunisiennes et nous avons même réussi à ramener huit nouvelles agences» a-t-il ajouté. «Si on fait la promotion de l'aéroport Enfidha, c'est légitime car c'est un nouvel aéroport très peu connu qui a besoin de communication, contre un aéroport de Monastir âgé de plus de 20 ans». Ce comportement envers un grand investissement étranger peut avoir des conséquences graves sur notre économie notamment la fuite des IDE et l'augmentation du nombre de chômeurs. La responsabilité de ces agissements revient à l'UGTT et à l'OACA qui doit appliquer les décisions de l'état. Pour les sit-ineurs, la TAV est en train de détourner des vols, initialement dirigés vers l'aéroport de Monastir au profit de celui d'Enfidha, en l'occurrence ceux du Tour Opérateur Thomas Cook. Pour un Tour Opérateur dont les passagers vont séjourner à Hammamet, il est logique d'atterrir à l'aéroport d'Enfidha qui se trouve à seulement 30 km de Hammamet. Par contre si les passagers séjournent dans les villes du Sahel, il est évident que les atterrissages seront sur Monastir. Finalement les deux aéroports seront complémentaires. Par ailleurs l'aéroport de Monastir reçoit près de 4 millions de passagers par an et un passager pourrait passer plus de deux heures avant de quitter l'aéroport. Pour la TAV, il est tout à fait logique de faire tourner les deux aéroports. Après des pertes de 40 millions d'Euros sur 2 ans, la TAV doit apporter du trafic à l'aéroport d'Enfidha. L'éventualité de la fermeture de l'aéroport de Monastir par la TAV est quasi impossible, car le groupe turc est tenu selon le contrat de gestion avec l'OACA de garantir au moins 1.500.000 passagers chaque année sur cet aéroport. La question qui se pose avec une saison touristique qualifiée par le ministre du Tourisme de catastrophique est : TAV Tunisie pourra-t-elle honorer ses engagements avec l'OACA et assurer 1,5 million de passagers sur l'aéroport de Monastir ? Sinon, le contrat sera-t- il remis en cause? Source : Réalités du 24 au 30 /03/2011