Drôle d'ambiance de veillée d'armes en Tunisie, où, dans l'attente du jour fatidique du dimanche 19 mai, les belligérants semblent affuter leurs armes et fignoler leurs plans d'attaque, et de riposte. Mais, chose assez drôle, apparemment, aucune partie n'envisage, du moins, pour le moment, le moindre plan de retraite. Tout porte à croire qu'il va y avoir une grande bataille ce dimanche sous les remparts de la mosquée Okba de Kairouan. A moins que, justement, cette mosquée va constituer le plan de retraite, ou plutôt, de retranchement des salafistes, qui misent sur l'incapacité des forces de l'ordre de dépasser le tabou du sacré, et d'investir la mosquée pour les en déloger. Et gageons, d'un autre côté, que les lieux ont d'ores et déjà été truffés d'armes et de tous types de pièges. Pour l'instant les deux côtés campent sur leurs positions. Les salafistes jurent de braver l'interdit et de tenir à n'importe quel prix, leur congrès, et d'ailleurs, les « congressistes » commencent à affluer, parfois à pieds, vers ce qui sera très probablement, le champ de la « bataille sacrée ». D'un autre côté, le pouvoir, incarné en la personne du chef suprême, le Cheikh Rached Rhannouchi, jure qu'il n'y aura pas de congrès ! C'est une bataille qui s'annonce, donc, sans merci, et sans quartiers, d'autant plus que les deux chefs, ou disons plutôt, les deux Emirs, s'affrontent par guerriers interposés, puisque ni le Cheikh Rached, ni encore moins le cheikh Abou Iyadh ne seront de la mêlée. Finalement, le seul qui risque d'y laisser des plumes, dans cette bataille, qui semble lui avoir été taillée sur mesure, c'est l'arbitre tout désigné des débats, c'est-à-dire, Lotfi Ben Jeddou, le ministre en charge de la sécurité, à qui « on » reprochera certainement le résultat de la « partie » quelque soit le gagnant !