Nos aïeuls le disaient déjà. L'été est la saison des pauvres. Puisque quelque soit son statut social, on vit l'été, comme des pauvres. On ne met presque rien comme vêtements, on marche pieds nus, on mange peu, on boit beaucoup, on dort à découvert... Sauf que, depuis, les choses ont bien changé. Et il faut être bien nanti pour pouvoir passer avec le moins d'encombres l'été, et supporter sans trop de difficultés ses dépenses. De plus en plus, l'été est devenu la chasse gardée d'une frange de la population qui peut se permettre les extras de cette saison. D'autant plus, que depuis quelques années, le mois de Ramadan n'a rien trouvé de plus intelligent que de se faire inviter au beau milieu de cette période déjà assez critique. Ramadan avec ses dépenses, avec ses excès, avec ses soirées, aves ses sorties et surtout, avec ses dépenses de l'Aïd. Et cette année, l'été et son invité sacré, semblent s'annoncer particulièrement pénibles, pas uniquement sur le plan physique, mais surtout sur celui des finances. Car mine de rien, et obnubilé qu'il était par le train-train quotidien, le tunisien a stoïquement subi les différentes, et Ô combien nombreuses, augmentations de prix, sans se rendre compte sur le coup de l'ampleur que çà a pris. Il aura fallu que l'été se pointe, et que ce bon père de famille se mette dans la tête de rechercher l'oiseau rare, c'est-à-dire, une semaine ou dix jours de location d'une maison pour les vacances, à bon prix. Et il s'avéra qu'il recherchait au fait, l'aiguille dans la botte de foin. Les prix ont flambé de façon incroyable et désespérante. Les plus têtus et les plus téméraires se sont rabattus sur les offres de séjours dans des hôtels. D'ailleurs, la crise du tourisme aura certainement eu raison des prix des nuitées, et le bon père de famille finira bien par se débrouiller un petit séjour pour pas cher. Eh bien que non. Les prix ont là aussi presque doublé par rapport aux autres saisons. D'ailleurs, il n'y a pas que les séjours et les loyers qui auront décollé cette année. Le pauvre père de famille s'est tout d'un coup, rendu compte que tout était devenu hors d'atteinte. Même le prix du carburant qu'il lui fallait pour faire un trajet donné a presque doublé. Les restaurants affichent des prix exorbitants, les simples consommations aux terrasses des cafés ont considérablement augmenté... Finalement, c'est au bout d'une année, et en comparant à ses repères de l'année dernière, qu'on se rend compte de la flambée qui s'est opérée au niveau du prix moyen de la vie quotidienne dans le pays. Devant cet état de chose, nombreux seront ceux qui se résigneront à passer l'été bien au chaud chez eux, en se consolant du fait que, de toutes les façons, Ramadan, il vaut mieux le passer chez soi, et, en attendant, le préparer chez soi. Et puis, il parait que dans certaines plages, les frères d'Ansar Chariâa ont déjà pris leurs quartiers d'été, histoire de dissuader les gens de se baigner dans des tenues « indécentes ». Donc, autant prendre son mal en patience, et rester cloîtré chez soi, en regardant ses enfants se morfondre et en se surprenant à réprimer un cri qui déchire les entrailles : « Rendez nous notre Tunisie ! Rendez nous notre joie de vivre » !