Journée à très haut risque, que celle de ce dimanche, 30 juin 2013, en Egypte. D'un côté, les anti-Morsi, réconfortés par plus de 22 millions de signatures recueillies par leur pétition qu'ils ont fait circuler, pour demander le départ de Mohamed Morsi, installé voilà un an au sommet du pouvoir au pays, se regroupent par centaines de milliers, place Attahrir, haut lieu de la révolution égyptienne. Les contestataires, issus des différentes couches de la population, s'élèvent contre un pouvoir qui veut imposer par la force son idéologie islamique, et surtout, contre la crise économique que traverse le pays. Les réserves de devises s'écroulent, le prix des denrées alimentaires a considérablement augmenté en un an, le pays subit des coupures d'électricité régulières, et tout compte fait, à ce jour, s'écrient-ils, « il n'y a pas eu la moindre réalisation des revendications de la révolution. Aucun de ces dossiers n'a été réellement traité par la présidence ». De l'autre côté, les pro-Morsi ne semblent pas prêts à lâcher le moindre iota de leur pouvoir fraichement acquis, et se sont regroupés sur une autre esplanade de la capitale, pour contrer la vague de contestation qui vise leur leader. Et de la façon dont ils sont équipés, ces islamistes semblent décider à en découdre avec leurs opposants, et pas uniquement à un niveau verbal. D'ailleurs, les derniers jours ont donné un avant goût de ce que peut devenir cette journée « sous tension », avec des affrontements dans la plupart des villes du pays qui se sont soldés par des morts et des centaines de blessés. Le conflit semble assez sérieux pour que les Etats Unis permettent le rapatriement de leurs diplomates dont « la présence n'est pas nécessaire », et pour qu'Obama, à partir de son voyage en Afrique adresse un message d'inquiétude aux belligérants en demandant notamment à Morsi d'être plus « conciliateur ». L'Egypte serait-elle en train de déraper vers la guerre civile ? Tout laisse, en tout cas, appréhender le pire. Et la grande inconnue demeure, dans ce conflit, la position que prendra la surpuissante armée égyptienne. Défendra-t-elle le « Raïs » contre vents et marées, comme lui, du moins, s'y attend ? Ou s'alignera-t-elle du côté du peuple, et dans ce cas quel côté du peuple ? Une chose est à priori sûre, l'armée a déjà affiché sa préférence sur ses chars, alors qu'il devient de plus en plus palpable que le courant ne passe plus entre Essissi le ministre de la défense et Morsi.