Il était un simple jeune citoyen plein de vie, plein d'espoir, aimable et aimant. Aimant ses semblables, aimant sa patrie, au point qu'il a fait profession de foi de les protéger contre les ignorants et les rétrogrades qui osaient s'attaquer à eux. Il était un simple jeune officier fier de servir sa bonne vieille Tunisie, et qui n'épargnait aucun effort dans sa besogne. Son amour pour sa patrie et pour ses concitoyens s'est mué en un acharnement à vouloir combattre les forces du mal et les ombres des ténèbres qui commençaient à menacer la quiétude des siens. Mais il a été, depuis un certain temps, contré dans son élan patriotique par des contre ordres qui n'ont cessé de faire échouer tous ses exploits. Il était un simple mortel, et ils ont tenu à lui ôter la vie, pour avoir la voie libre dans leurs sombres desseins. Il était un simple mortel, pourtant ils n'ont pas réussi à le tuer. En lui tirant dessus, ces ignobles assassins ont fait de lui, non seulement un martyr, mais un immortel. Ils on fait de Socrate une icône qui a regroupé autour de son cercueil toute la population, la vraie, la pure, celle qu'il avait tant aimé, et pour laquelle il a généreusement donné sa vie. A leur grand malheur, Socrate n'est pas mort. Socrate vit et fleurit dans le cœur de toute une nation. Son visage d'ange continuera longtemps à les hanter et à animer leurs pires cauchemars. Et comme pour narguer les assassins qui ont voulu tuer un Socrate, ils vont devoir vivre avec des milliers de Socrates, et pas que ceux qui vivent dans le cœur des tunisiens, ni celui qui les toise du haut du paradis qu'il a rejoint. Ils vont devoir cohabiter avec des milliers de Socrates, pour de vrai. Car depuis ce funeste 23 octobre 2013, la quasi-totalité des femmes tunisiennes qui ont donné naissance à un garçon l'ont nommé Socrate, pour que vive l'esprit de Socrate pour qu'il soit synonyme d'espoir dans le cœur des tunisiens, et synonyme de cauchemar dans les têtes malades qui ont ordonné de le liquider. Socrate n'est pas mort ! Vive Socrate !