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Un phénomène de changement social total
La révolution tunisienne :
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 06 - 2011


Par Hédi Hafnaoui Kasdallah
Que l'on se hâte à déguster cette liberté spécieuse, qui a déjà commencé à purifier le climat asphyxiant de l'asservissement étouffant d'autrefois, ou à vider à longs traits le vase de la joie, de la félicité et de l'extase que nous a offert la gloire de la révolution de janvier 2011, il est de notre devoir de faire une halte, courte et furtive, mais éveillée et réfléchie, pour prêter l'écoute active et pour un moment, au noble message, que nous ont envoyé les héros, ou plutôt les martyrs de cet événement historique. Ceux-ci, en effet, dont les noms ont été déjà gravés en or dans la mémoire de l'histoire, ne peuvent qu'être et sans conteste, dénommés de ces noms, les martyrs, les plus persécutés hélas et les plus sacrés de l'idéal, de liberté, de dignité et de raison, idéal incessamment réclamé tout au long de la mouvance dynamique de notre révolution.
Comparables au premier sage des philosophes grecs, Socrate, par son exploit et son abattage exceptionnels, et qui accepta de boire la ciguë et de mourir sans scrupules pour préserver le salut de sa cité, nos martyrs ont vécu la même épreuve, et ils se sont résolus, au terme de leur militantisme, et par altruisme et par patriotisme, de subir le même sort. La finalité pour l'un et pour les autres est la même. Ainsi, la droite raison ne nous prescrit-elle pas, aujourd'hui, le grand devoir moral de rendre hommage à nos martyrs, et d'en hisser les noms au statut de sauveurs intrépides, de rédempteurs immortels, d'autant plus qu'ils ont eu l'extrême et le noble courage d'être disposés à mourir pour nous, à rendre l'âme pour nous racheter, et avec audace et fermeté , et sans murmure et sans regrets. N'ont-ils pas été hantés dans leur héroïsme exceptionnel par le sens le plus aigu du sacrifice, du don de soi, du souci de défendre l'intérêt général de notre patrie, de notre peuple, et de s'être engagés, de toutes leurs forces psychiques et matérielles, à ressusciter, de nouveau, l'idéal réclamé, l'idéal étouffé, et, pour ce faire, accepter de périr dans la sérénité ?
Faisant preuve d'actes de bravoure et d'abnégation, nos héros n'ont pas cherché à assouvir un intérêt personnel, un intérêt filial, ou racial ou régional ou ethnique. Ils se sont assignés le devoir de défendre la cause de toute une communauté civile, de toute une nation, de toute une patrie, et une cause qui leur a assiégé et aliéné, et depuis fort longtemps, la conscience.
Et la patrie n'est pas, pour eux et dans le lexique qu'ils entendent, un mot vidé de son sens. La patrie n'est pas un foyer, ni une localité, ni une région restreinte de la Tunisie. Elle ne peut être, pour eux, que cet être suprême et souverain, que symbolisent notre drapeau, notre hymne national, nos monuments culturels, éternels. La patrie, la mère patrie, et ils le savent bien, ne doit pas être trahie ou trompée dans son honneur, car elle exige, de la part de nous tous, nationalistes ou ressortissants, respect et considération, amour et protection ; et dans l'orgueil et la loyauté, elle peut se vanter de fonder un Etat justicier, de prescrire des lois inviolables, des institutions, des modèles culturels, des traditions, et des états mentaux, sains et sereins. La patrie, c'est cette haute entité symbolique, à laquelle on doit s'attacher et se sacrifier, et c'est là le sens du message que nous ont soufflé nos chers martyrs. Et c'est encore dans ce sens, qu'il importe de citer J. J. Rousseau : «Ce ne sont, dit-il, ni les murs ni les hommes qui font la patrie : ce sont les lois, les mœurs, les coutumes, le gouvernement, la Constitution, la manière d'être qui résulte de tout cela. La patrie est dans la relation de l'Etat à ses membres».
Cet Etat, provisoire et actuel, ou virtuel et projeté dans l'esprit, n'est qu'un rouage, une première pièce dans le système monumental, bâti par l'œuvre de la révolution, et une révolution toujours entendue, nous en convenons, au sens pacifique, au sens culturel, civilisationnel, au sens libérateur et créateur de progrès‑!
La révolution tunisienne ne signifie pas une révolution de palais, et n'en déplaise à Montesquieu, et elle n'est pas, non plus, une subversion temporelle, vecteur d'un changement d'ordre politique superficiel, ou un changement d'apparat, produit de façon subite, brusque, instantanée. Ce n'est pas, non plus, un changement comparable à un coup d'Etat, à une usurpation, ou une nouvelle redistribution toute simple des arènes des pouvoirs.
La révolution tunisienne est un phénomène social total, qui a visé à réaliser un changement réel, profond, durable, un changement qui a appréhendé les divers niveaux hiérarchiques d'une réalité sociale complexe, allant des couches les plus superficielles, les plus matérielles ou économiques, aux couches les plus élevées et les plus profondes de l'organisation de notre société, tels les états d'esprit, les idées et valeurs collectives, passant par les structures, les associations civiles, les appareils idéologiques, les modèles de conduite morale, sociale, qu'elle compte modifier avec souplesse, avec raison. Toutes les anciennes valeurs de conformisme et de suivisme aveugles, de mal impie, de corruption brutale, de vice et de violation des lois, tous les privilèges illégaux et abusifs, toutes les mauvaises conduites contractées, ayant fait ravage à l'époque, ayant sévi et gagné les différentes strates de la vie sociale, ont été, d'ores et déjà et depuis le 14 janvier, révoquées en doute, annihilés, et en voie de disparition totale.
Ainsi, notre révolution s'interdit de faire vaquer nos compatriotes, ou certains d'entre eux, à des affaires anodines, anecdotiques ou de peu d'intérêt général. Nous voulons, par conséquent, dénoncer tous ces actes barbares, tous ces événements tumultueux et bruyants, toute cette rigidité mentale, ce dogmatisme fanatique et orthodoxe, qui ne sont au fond qu'ineffables, et qui apparaissent à nos yeux, perpétrés ou dramatisés, d'une manière ou d'une autre, par les adversaires de la révolution, et sous forme de combines subversives, de complots mesquins, de luttes intestines et conflictuelles, de groupes d'appartenance, de clans, de classes, ou de tribus contigües.
La révolution du 14 janvier demeure toujours une révolution pacifique, et elle est à la fois morale, sociale, juridique, économique, et politique. Elle s'assigne une pluralité d'objectifs, et elle s'assigne la vocation de pouvoir les réaliser tous, mais pas à pas et progressivement. Pas de marge à la violence physique ou symbolique. Et c'est là que réside le sens du message de nos martyrs, dont les corps ont certes disparu et dont les âmes siègent maintenant aux cieux, dialoguant avec l'âme saine et sereine de Socrate. C'est là aussi la signification que nous voulons conférer à la révolution, en tant que phénomène de changement social total par excellence, et libellé de notre présent article. Et nous sommes en plein droit de le rappeler, car tous les plaidoyers et les discours, qui émanent de nos divers dispositifs de pensée et de langage, éthiques et politiques, médiatiques et idéologiques, doivent être canalisés, orientés dans cette perspective pour pouvoir préserver les exploits glorieux de la révolution, et assurer à ce phénomène de changement social total, la caution la plus sûre et la plus certaine d'un succès éclatant, imminent et futur.


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