En France, c'est les bonnets rouges qui sont devenus en quelques jours le symbole d'une fronde anti fiscale contre le gouvernement sous la houlette du duo de choc, François Hollande et Jean Marc Ayrault. A l'origine c'est un mouvement de protestation des agriculteurs bretons contre l'éco taxe, celle de trop. En Tunisie, c'est le projet loi de finances pour l'année 2014 qui cristallise toutes les contestations, rancœurs et tensions. Ce projet n'en finit pas de faire parler car il ne prévoit pas une seule nouvelle taxe mais tout un ensemble de taxes. Taxe sur les voitures, taxe sur les biens immobiliers mais aussi une série d'augmentations. Si une attention particulière est vouée à ce dossier, c'est parce que il revêt tous les éléments déclencheurs d'une colère qui pourrait essaimer un peu partout. Enième épine dans le pied du gouvernement, il est surtout une bombe à retardement pour les citoyens. Car étant sur le double front d'une crise politique et économique, la situation sociale est au bord de l'explosion. Pour comprendre l'ampleur de la situation, nous sommes allés à la rencontre de Moez El Joudi, expert économique et financier. Un budget 2014 à la dérive: Les chiffres sont tombés aujourd'hui, ils ont été publiés par l'Institut National de la Statistique, Le taux de croissance a enregistré une évolution de 2,8% durant les neuf premiers mois de l'année 2013, en deçà des 3,6 espéré par le gouvernement, soit un grand écart et quelques trous budgétaires conséquents qui condamnent les acteurs du moment à des mesures de rafistolage pour colmater les brèches. Très loin du cap qu'il s'était fixé, le gouvernement est continuellement dans la réaction au lieu d'agir, estime Joudi. Résultat, Les signaux budgétaires renvoyés par la loi de finances 2014 sont très inquiétants, l'austérité se fait légion. A ce propos, Moez El Joudi s'interroge sur l'efficacité d'un plan d'austérité quand le budget des trois présidences est en considérable hausse; -bien que l'ANC prolonge incessamment le bail et que le président de la république a été presque dépourvu de toutes ses prérogatives. Une gouvernance qui ne montre pas l'exemple, un citoyen saigné à blanc, l'expert économique et financier reste sceptique quant à des dépenses en nette augmentation alors que la marge de manœuvre se restreint et que l'inflation dérape cultivant le terrain à la chute inexorable du dinar. Le dinar à son plus bas niveau historique: Et ça repart de plus belle, le dinar tunisien creuse sa tombe et enfonce la chute. Il s'échangera à 2,300 d pour 1 euros. Somme toute, Moez El Joudi soulève le manque de vision et de stratégie du gouvernement actuel qui a instauré les bases d'un échec patent dont la facture sera payée par le citoyen à revenu moyen.