Le projet de la nouvelle loi de finances 2014 ne semble indiquer aucune orientation économique. Le seul et unique objectif affiché est d'abaisser le déficit budgétaire de 7,5% prévu pour 2013 à 6,6% sans aucune orientation en faveur de la reprise. Le ministre des Finances multiplie les déclarations tapageuses et contradictoires. Il y a quelques semaines, il a parlé d'un déficit budgétaire structurel, une notion dont il n'a aucune idée. Les choses ne s'arrêtent pas là, il y a quelques jours, il parle d'austérité budgétaire, un terme qui choque plus d'une personne. Austérité le mot est annoncé et le mal est fait. Il aurait pu utiliser un terme comme rationalisation des dépenses publiques ou une meilleure allocation des ressources, etc. Mais la vraie question est comment les gens vont-ils réagir à cette annonce ? Seront-ils effrayés et mettront-ils de l'argent de côté ? Ou bien seront-ils rassurés et vont-ils puiser dans leur épargne ? Cette question dépend de la fameuse question de l'«anticipation». Pour être plus concret, il importe de revenir à l'essentiel, en effet, la loi de finances 2014 a toutes les caractéristiques d'une politique budgétaire expansionniste. Bien que les ressources propres restent toujours aux alentours de 20.000 millions de dinars, les dépenses augmentent à hauteur de 28.400 millions de dinars. Résultat : un déficit budgétaire qui se creuse et une dette qui augmente. Parler d'austérité dans ce cas relève de la gageure dans la mesure où il n'y a pas de coupes budgétaires ni d'assainissement budgétaire, non plus, et pourtant, une remise rapide de l'ordre dans les finances publiques est plus que nécessaire, aujourd'hui. La question clé ne consiste pas à présenter un budget d'austérité ou un budget de consommation mais, plutôt, faut-il d'urgence remettre de l'ordre dans les finances publiques ou au contraire accorder la priorité aux mesures de soutien à l'activité? Autrement dit, faut-il aujourd'hui maintenir l'accélérateur enfoncé ou appuyer sur le frein ? Maintenir les plans de relance ou engager l'austérité ? Faut-il aller en avant ou en arrière ? Dilemmes C'est à ces questions qu'on attend des éclaircissements de la part d'un ministre des Finances. Parce qu'à court terme, nous devons maintenir un degré raisonnable de soutien budgétaire, même si la dégradation budgétaire que nous connaissons est sans précédent. En effet, dans le contexte conjoncturel actuel, il faut cependant bien garder à l'esprit que si l'assainissement des finances publiques est indispensable, il ne doit pas non plus freiner l'activité sous peine d'augmenter à nouveau les déficits, donc la dette. D'où le dilemme ! D'un côté, nous avons besoin des plans de relance budgétaire, car la reprise de la demande reste anémique, et d'un autre côté, les déficits budgétaires peuvent faire dérailler le train budgétaire. Les salariés paieront les frais de la politique budgétaire Malheureusement, le gouvernement n'a pas abordé ces questions. Peut-être par manque de courage devant l'ampleur de la tâche. Possible ! Parce qu'au final, ce sont des mesures cosmétiques, bien en deçà des défis multiples auxquels notre économie est confrontée. D'une manière assez générale, le projet de la nouvelle loi de finances ne semble indiquer aucune orientation économique. Le seul et unique objectif affiché est d'abaisser le déficit budgétaire de 7,5% prévu pour 2013 à 6,6% en 2014 sans aucune orientation en faveur de la reprise, d'où le sentiment que cette loi de finances résulte plus d'un compromis entre des contraintes que d'un choix traduisant une orientation claire. A vrai dire, réduire le déficit n'est pas vraiment un impératif dans la mesure où l'appui budgétaire à l'économie demeure déterminant. Dans un contexte de croissance fragile, la rigueur annoncée deviendra une rigueur à perpétuité avec un cercle vicieux : austérité, dépression, croissance du déficit, et donc encore plus d'austérité. Même si le gouvernement a fait le choix de la rigueur, la façon d'y parvenir traduit bel et bien des choix qu'il n'est pas moins important de souligner, que ce soit du côté des recettes que de celui des dépenses. Du côté des recettes, alors qu'on s'attendait à une véritable réforme fiscale réfléchie, nécessaire à bien des égards, le projet de la nouvelle loi de finances nous propose encore des replâtrages de quelques taxes et impôts. Pire encore, sous le principe de solidarité, le projet de loi de finances propose de piocher davantage dans la poche des salariés, notamment de la classe moyenne. Les pauvres salariés vont encore une fois supporter l'essentiel de l'accroissement de la pression fiscale. Les salariés paieront les frais de la politique budgétaire menée par le gouvernement. Une politique qui comporte des risques, parce que ce durcissement fiscal risque de tuer la reprise dans la mesure où l'effet d'éviction sur l'investissement et la consommation pourrait devenir évident. D'ailleurs, la pression fiscale devrait atteindre un niveau historique. Du côté des dépenses, les choses sont beaucoup plus inquiétantes. L'explication est simple : les dépenses de développement sont en baisse alors que les dépenses courantes sont en hausse. Ceci va à l'encontre des règles budgétaires qui plaident pour une hausse des dépenses de développement et une baisse des dépenses courantes, souvent considérées comme dépenses passives. Une telle répartition des dépenses fait dire que les défis de la révolution sont très vite passés aux oubliettes. Au final, on se retrouve devant une loi de finances classique et classera 2014 avec 2011,2012 et 2013 dans le chapitre des années perdues. Les priorités soulignées n'ont rien de bien surprenant : ces différents postes de dépenses s'accroissent déjà depuis plusieurs années. Les priorités budgétaires affichées ne paraissent guère favorables à la croissance et au développement. Si la croissance ne repart pas, il n'est pas si certain que demain, l'équation ne devienne encore plus complexe. Dans ce cas, les baisses automatiques des recettes et les hausses non moins automatiques des dépenses peuvent faire exploser le déficit.