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Tunisie : Partie III : Déconstruction rampante de l'Etat et de l'héritage de Bourguiba !
Publié dans Tunisie Numérique le 10 - 01 - 2014


La suite de la Partie I et Partie II
Autres dérives contre l'Etat civil et les acquis de la modernité.
Depuis la révolution, la société tunisienne est le théâtre de nombre de phénomènes étranges et étrangers, voire carrément agressifs, dont le déploiement traduit des visées de fragiliser sinon détruire l'Etat civil et l'autorité publique et obéit à des motifs d'imposition d'un nouveau modèle sociétal et d'islamisation de la société par le social. Les faits et les évènements, dont ci-après un exposé détaillé, suggèrent, faussement d'ailleurs, que la Tunisie sombre dans une crise d'identité et que l'Islam est en danger dans notre pays. Les auteurs ne cessent de développer, consciemment ou inconsciemment, une lecture déformée de la réalité tunisienne et de cultiver la confusion. On dirait qu'ils éprouvent un malin plaisir à défoncer des portes ouvertes.
En effet, la Tunisie, fier de son ancrage arabo-musulman, n'a jamais souffert d'une crise d'identité ou d'un problème de référentiel ou de repères. Notre pays, qui vit harmonieusement son islamité, dispose de sa propre synthèse de l'héritage civilisationnel arabo-musulman et de son propre approche, moderne et progressiste, de l'Islam. Un pays, réformiste dans l'âme, à l'avant-garde et pionnier, du moins dans le monde arabe, par son vécu, son itinéraire et ses acquis. Ce patrimoine, bien enraciné dans la conscience collective et individuelle et dans la culture des tunisiens, est aujourd'hui remis en cause et sacrifié sur l'autel de l'entreprise d'islamisation.
Les perles et les facéties n'en manquent guère. Outre qu'elles font souvent rire, elles dénotent d'un esprit réfractaire à l'Etat républicain et civil et mu par l'idéal d'islamiser la société. Est-il fortuit que l'ensemble des farces ait été commis par des partisans ou sympathisants de l'idéologie islamiste ? Le raccourci de cause à effet n'est pas à démontrer. Inutile d'en tirer des conclusions, celles-ci coulent de source. Chacun met son grain de sel, et parfois sa poigne, pour apporter sa pierre en vue de paver cette route vers l'islamisation de la société et de l'Etat.
Ci-après un échantillon tout aussi représentatif que regrettable :
Les symboles de la Tunisie comme butin de guerre : Les principaux symboles de l'identité nationale ont été attaqués en vue d'en changer l'aspect ou le libellé (Le drapeau, l'hymne, les armoiries), arguant que le nouveau contexte tunisien post-révolutionnaire suppose ce type de modification. Comme si les éléments identitaires, longtemps enracinés dans la conscience et la culture nationales, nécessite un coup de relooke ou une chirurgie plastique à un moment ou un autre de l'histoire d'un pays. En outre, d'autres noctambules ont demandé de changer de Capitale (Kairouan au lieu de Tunis) de jour férié hebdomadaire (Vendredi à la place de Dimanche). Il y en a même qui ont revendiqué de troque le nom du JORT par une autre appellation.
La Constitution comme coquille vide de l'architecture institutionnelle nationale : La Constitution tunisienne de 1959 a été suspendue pour ouvrir la porte à la légalisation de partis islamistes ou à forte à obédience religieuse, jusqu'ici en infraction avec le dispositif constitutionnel. Outre Ennahdha, d'autres formations ont été légalisées :
* Parti « Rahma », légalisé le 30 Juillet 2012, présidé par un ancien militant historique d'Ennahdha, Said Jaziri, lequel articule tout son programme sur l'application de la « Chariâa ».
* Parti « Assala », légalisé le Mars 2012, présidé par Mouldi Ali, condamné à 44 ans de prison, sous le règne de Ben Ali, pour terrorisme.
* Front de la réforme (Jabhet Islah), héritier du Front Islamique Tunisie (FIT) , légalisé en Mai 2012, présidé par Mohamed Khouja.
* Parti de la Libération (Hizb Ettahrir), légalisé en Juillet 2012, présidé par Ridha Belhaj, prônant la réinstauration du Califat et une politique fondée sur la « Chariâa), il est contre l'Etat et la démocratie.
Légaliser un parti politique, fondé sur une base religieuse, raciale ou tribale, est une remise en question de la nature civile et républicaine de l'Etat.
Le Parti Ennahdha comme porte-parole de l'Islam : A en croire Rached Ghannouchi, qu'on lui refile déjà l'habit de « Radhia Allahou anhou », la foule, ayant investi la place de la Kasbah en Août 2013 pour défendre la légitimité, rappelle la multitude de fidèles lors de la conquête de la Mecque par le prophète. Sur sa lancée, n'a t-il pas affirmé que son parti Ennahdha est sorti de la mosquée Sidi Youssef comme l'Islam est sorti de Ghar Hira.En fait, les dignitaires d'Ennahdha ne sont pas à leur premier coup. Ils n'ont pas cessé, depuis plus de deux longues et pénibles années, de se répandre en saillies d'ordre religieux et en actes d'expropriation du référentiel islamique. Ils n'éprouvent aucun scrupule à instrumentaliser l'Islam à coups de discours à double langage et de manœuvres d'intimidation. Ils se répandent en images et en paraboles suggérant qu'ils sont les exclusifs représentants de l'Islam et les dépositaires de la foi. Ils ne cessent de sacraliser le politique et de politiser le sacré, montrant, à qui veut bien l'entendre, qu'ils sont mus par un destin divin.
Le grand parrain, à savoir Rached Ghannouchi, n'a pas assené que ceux qui s'opposent à son parti s'opposent à l'Islam, sacralisant du coup ce dernier et reléguant l'opposition au rang d'apostat. N'a-t-il pas affirmé que le succès (bien relatif d'ailleurs) d'Ennahdha aux élections de 23 Octobre 2011 est une victoire de l'Islam. Comme quoi, le vote au profit de partis, autre qu'Ennahdha, n'est, par simple déduction, qu'un choix contre l'Islam. Un seul mot critique contre Ennahdha équivaut à une atteinte contre l'Islam. L'amalgame est à son paroxysme Ce qui laisse comprendre que les trois millions d'électeurs tunisiens qui n'ont pas choisi les candidats nahdhaouis sont passés, sans vergogne ni respect, à la trappe de l'excommunication. Donc, trois millions de « Kouffar »!! Pétrie dans la même pâte idéologique et démagogique de son illustre père, Soumaya Ghanouchi n'a t-elle pas assimilé ces trois millions d'électeurs, dixit, à de « pauvres types » ou bien à de « minorités isolées » ou encore à de »visages pâles et mains vides », voire même de quelques personnes « égarées et marginalisées »!!
Nourredine Khademi, ministre des Affaires religieuses, n'a t-il pas considéré le local d'Ennahdha comme une mosquée, en réaction à l'attaque perpétrée, à l'époque, contre ledit local à Sidi Bouzid. Donc, pour Ennahdha, son local est un lieu de prière, de culte. Bref, le temple de l'Islam. Encore un peu et le siège sera réputé substitut de la « Kaaba ». Se déclarant, en conséquence, investi d'une mission hautement divine, Ennahdha joue désormais dans la cour des prophètes, eau bénite à la main. Brandissant une affiche à l'entrée de son local (à Djerba?), Ennahdha n'a t-il pas poussé le sens du marketing religieux jusqu'à promettre le paradis à ses affiliés, actuels ou futurs. Grossir les rangs d'Ennahdha est désormais un devoir divin. Dieu, notre Dieu à tous, serait-il à son service exclusif ? Ennahdha serait-il devenu le sixième pilier de l'Islam ?! Et voilà comment on cultive la confusion et on met l'Islam en otage à des fins bassement politiques et électorales, dans le cadre d'un projet d'islamisation de la société et de l'Etat.
L'art comme ennemi de l'Islam : Il est vraiment grave de constater que, depuis quelque temps, les attaques ont redoublé de fréquence et d'intensité contre les hommes d'art ou de lettre ou de culture sans que le gouvernement ne daigne frapper fort pour punir les coupables, pour donner l'exemple et pour renverser la donne. Il semble chercher beaucoup plus à sacrifier aux convenances qu'à extirper le profond mal. Rien que des effets d'annonce ! Des relents d'impunité derrière un écran de complicité.
Aucun penseur ou créateur tunisien n'est à l'abri d'un sournois procès d'intentions ni d'une interprétation outrancière de ses actes. N'importe qui est en mesure d'imputer quelques velléités blasphématoires à n'importe quel fait ou geste d'ordre intellectuel ou culturel. Les nouveaux tuteurs des consciences, détenteurs de la vérité et de la sagesse, ne ratent aucune occasion pour ramener par la force ceux-ci au droit chemin, d'accuser ceux-là de « koffar » voués à l'enfer pour avoir adopté et défendu une tout autre manière de réfléchir et d'agir. Ils franchissent allègrement le pas de la violence pour échanger et dégainent leurs sabres en guise d'arguments. L'aile radicale de l'islamisme fait la loi, la pluie et le beau temps, à coups de pied, de main ou de rapière.
Penser différemment relève désormais de l'hérésie, donc passible de représailles physiques, même si l'on se réclame de la même mouvance idéologique. Cet esprit imperméable à la dialectique, réfractaire à la différence, est la pire menace pesant sur le processus de démocratisation du pays. Un esprit formaté, « vacciné » contre le savoir, la culture et le dialogue. Comme disait Goebbels « dès que j'entends le mot culture, je sors mon revolver ». Pourquoi cette animosité envers la connaissance et la culture ?
Fallait-il pour autant accepter de nouveau le couperet de la censure, faire profil bas devant ce terrorisme intellectuel rampant et retomber dans les bas fonds de l'autocensure dont le peuple tunisien a longtemps souffert et qui croit aujourd'hui en être déjà et irréversiblement dégagé ? Les tunisiens ne sont pas des mineurs à fliquer, à traquer et à soumettre à la tutelle des nouveaux gardiens de la conscience et sous la coupe des guerriers de la sédition et du chaos. A première vue, nous ne sommes guère sortis encore de l'implacable dictature déchue. Les mêmes réflexes, les mêmes invectives, les mêmes méthodes, remis au goût du jour et à la nouvelle couleur au pouvoir.
Pour paraphraser la tristement célèbre réplique « La République n'a pas besoin de savants« , attribuée au président de la section du tribunal révolutionnaire, précipitant la décapitation d'un éminent scientifique, Antoine Laurent de Lavoisier, serait-on également tenté de dire qu'en Tunisie post-révolution, » La République n'a pas besoin de penseurs« , au vu des velléités de plus en plus fréquentes de maltraiter les hommes d'art ou de lettres ou les icônes de la culture et de mépriser les arcanes du savoir et les vertus du débat.
La polygamie comme remède au cancer : Aux dires d'Adel Almi, président de l'Association centriste de sensibilisation et de réforme, la polygamie constitue non seulement une « revendication populaire » mais notamment possède des vertus thérapeutiques avérées contre le cancer du col de l'utérus. Qu'est ce que cet esprit chagrin ne débine pas comme sottises pour justifier la polygamie. Il en a fait même le clou de son programme et l'objectif ultime de son parti, en cours de création.
Le Mouled comme fête impie : Le sulfureux prédicateur tunisien, Béchir Ben Hassan, se surpasse en Fatwa à connotation wahhabite, trahissant un esprit en rupture avec l'identité et la personnalité tunisiennes. De son fruste avis, la fête du Mouled est une hérésie (sic) et ceux qui célèbrent la naissance du Prophète ne sont que des hypocrites (re-sic), arguant qu'aucun texte, dans le Coran et la Sunna, ne commande ou recommande, ni implicitement, ni explicitement, de festoyer d'une façon culinaire à cette occasion. Comme s'il y a texte, dans le Coran et la Sunna, qui en interdit la pratique. D'ailleurs, est-ce fortuit qu'uniquement l'idéologie wahhabite interdit, entre autres, la célébration festive du Mouled ? Notre traditionnelle et non moins succulente Assida n'est pas seulement un cérémonial religieux, c'est également un élément de la culture et de l'identité des tunisiens, un moment de solidarité sociale et de concorde familial. Devrions-nous nous attendre à ce qu'un jour, tout aussi sombre, quelques tristes prélats se lèvent pour nous interdire le Couscous et la Mloukhiya de « Ras El 3am » ?! Par ces jours noirs, rien n'est plus vraiment surprenant!
L'excision comme vertu esthétique : Egal à lui-même, droit dans ses bottes et fidèle à son insondable vision, Habib Ellouze, premier faucon de l'aile dure d'Ennahdha, qui plus député à l'ANC, n'a pas tari d'éloge sur la pratique de l'excision, la gratifiant de tant de vertus d'ordre médical et hygiénique. L'opération aurait même une dimension esthétique. Après un tel acharnement opératoire, la femme, ainsi estropiée dans sa chair et dépouillée de ce bout de chair serait plus alléchante et mieux comestible. la pratique de l'excision n'est pas seulement une forme d'asservissement et une appropriation à contre nature de la femme, mais notamment une abjuration à l'Islam, une remise en cause de la perfection de l'œuvre divine de création. Cette posture de contestation pourrait être assimilée, non sans quelque raison, à une figure d'hérésie. En effet, le fait d'encourager ou de promouvoir la pratique de l'excision ne serait-il pas, en quelque sorte, une manière, de désapprouver ce que Dieu, dans sa sagesse, a bien voulu créer, là où il a bien voulu. N'y aurait-il pas là une volonté, pour le moins renégate, de défier l'Eternel et s'y substituer, consciemment ou inconsciemment, pour amputer de la femme une partie de soi-même, croyant réparer ainsi cette supposée imperfection dont souffrirait le produit humain de Dieu.
Le voile comme jouet d'enfant : L'image de petites fillettes, en très bas âges, voilées jusqu'aux ongles a choqué. Pourquoi imposer, à d'innocentes des bambines, un accoutrement contre-nature, compte tenu de leur bas âge, au lieu de les laisser jouir de leur enfance et s'épanouir dans leurs jeux et jouets. Il s'agit là d'une atteinte à l'enfance de nature à altérer le processus de formation de leur propre personnalité. Accoutrement que rien ne justifie d'un point de vue ni théologique ni moral. Ces mômes sont encore très loin de l'âge de responsabilité (سنّ التكليف ) pour savoir choisir ses habits, entre autres le voile, en comprendre la signification et en saisir la portée. Exploiter les enfants pour des considérations politiques et idéologiques, en faire des objets confessionnels ambulants, équivaudrait à détourner l'enfant de sa voie naturelle, le séparer arbitrairement de son monde et le mutiler dans son esprit et sa personnalité. Il n'est aucunement question d'une quelconque velléité contre l'Islam, loin s'en faut, il est nécessaire d'élever l'enfant dans l'Islam, principal ferment de l'identité nationale, et de l'éduquer dans les valeurs de tolérance, d'ouverture et de dialogue préconisées par l'Islam sans pour autant transformer l'enfant en véhicule ou vitrine des convictions de ses parents.
Le Tourisme Tunisien comme pute de la République : Abou Yaareb Marzouki, alors député de l'ANC, se prétendant philosophe et penseur libre s'est fendu, lors du 9ème Congrès d'Ennahdha, d'une réflexion autant aphrodisiaque que corrosive en bandant que « Le tourisme est de la prostitution clandestine ». Autrement dit, la Tunisie n'est qu'un bordel et les professionnels du secteur sont soit maquereaux soit prostituées. Cette sortie libidinale est une insulte à deux millions de tunisiens gagnants leur pain, directement ou indirectement, de ce secteur, qui est un pilier de l'économie tunisienne. Comme le tourisme était lancé par Bourguiba, il faudrait bien lui trouver une tare. Quoi de plus gratifiant que l'assimiler à un fond de commerce sexuel où les établissements touristiques ne sont que des hôtels de passe.
L'interdiction de l'alcool comme ultime finalité : Après avoir réclamé, haut et fort, en Avril 2011, de bannir progressivement l'alcool en Tunisie, Rached Ghannouchi, égal à lui-même, et sans faux fuyant, en a remis une nouvelle couche en appelant à boycotter les établissements et les grandes surfaces vendant l'alcool. Voudrait-on, à terme, remodeler l'architecture législative tunisienne, et par là, le comportement des tunisiens ? Aurait-on commencé par adresser un appel de boycott pour aboutir finalement à une interdiction pure et simple, en bonne et due forme ? La question mérite d'être posée ! La consommation de boissons alcoolisées n'est pas franchement interdite ni par le droit et ni par la religion, elle n'est pas une tare sociale ou une défaillance morale. Il s'agit d'une pratique tolérée par la société. Certes, la consommation d'alcool, sans modération, est nuisible à divers niveaux mais n'est aucunement une atteinte au droit, à la foi et à l'Etat. Les adeptes de Bacchus ont toujours existé, bien avant les religions.
Nouvelles notions galvaudées.
Depuis la révolution, de nouvelles notions et d'autres concepts, à forte connotation islamiste, ont envahi l'espace public et traversé la société tunisienne, en particulier le Label « Halal » (religieusement licite). Les déclinaisons sont légions. Désormais, on parle de Tourisme « Halal », de restaurants « Halal ». Tout est farci à ce nouveau label. On a même évoqué le » Syndicalisme islamique », ou encore le » Sport islamique ».
En conclusion, en Tunisie actuelle, le processus d'islamisation n'est pas une vue de l'esprit ou un euphémisme de mauvais aloi. Ce n'est point un serpent de mer dont tout le monde parle mais personne ne le voit. C'est une réalité tangible investissant tous les strates de la société, bénéficiant d'un tabou généralisé, de la complaisance des autorités publiques et de la myopie de la classe politique. De graves menaces pèsent sur les acquis de la modernité et les piliers républicains de l'Etat, tel qu'édifié par Bourguiba, lequel a su mener à bon port son projet moderniste, au profit de toute la population, sans distinction de sexe, de catégorie ou de région.
Il y a une mouvance visant à déconstruire tout l'héritage de Bourguiba et à déloger le personnage de la mémoire. Nul doute que l'œuvre de notre despote éclairé n'est pas affranchie de critiques, même les plus acerbes, mais le propos n'est pas là. Personne n'est en mesure de faire l'éloge de ses vertus démocratiques. Il était despote à sa façon. Il avait les défauts de ses qualités. Il est bien dit que les grands hommes sont nés pour réparer les malheurs de leur siècle. Bourguiba en était un, malgré ses errements et ses naufrages, n'en déplaise à ses plus farouches détracteurs.
En tout état de cause, il est ici question de la partie éclairée de l'œuvre de Bourguiba dont des pans entier sont aujourd'hui voués à la casse. Et c'est exactement là que se situent le propos, la crainte et le signal d'alerte. N'a-t-il pas déclaré, en grandes pompes, le 12 avril 1975, après avoir obtenu la présidence à vie « Mon passage à la tête de ce pays le marquera d'une empreinte indélébile pendant des siècles« . Ainsi soit-il !


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