Amel Karboul, la nouvelle ministre du tourisme a démarré son expérience gouvernementale avant même d'avoir été installée dans son fauteuil. En effet, elle aura été à l'origine d'une polémique immense en rapport avec ses supposées relations avec l'Etat sioniste, et ce qu'elles ont généré comme réprobation à travers le pays. Elle a, par la suite, profité d'une campagne de soutien sans précédent à travers la presse et les réseaux sociaux. Il faut dire que les gens, dépités par les mines grises des ministres de l'équipe sortante, étaient avides de nouvelles personnalités, de vraies compétences et de jeunesse, pour oublier un tant soi peut les malheurs des deux dernières années. Ce qui a eu pour conséquence, qu'Amel Karboul, soit partie avec un préjugé favorable quasi général. Mais tous ces préjugés, cette jeunesse, cette sympathie sont une chose, et la réalité du travail sur le terrain en est une autre. Et dans ce domaine, Mme la ministre, partant certes avec le lourd handicap d'être une novice en matière de tourisme, a vite fait de déchanter. Depuis son investiture, Mme Karboul a accumulé gaffe sur gaffe. On lui demandait de redresser une situation désastreuse en rapport avec une mauvaise perception de la situation sécuritaire et sociale du pays à l'étranger. Elle nous répliqua qu'elle a trouvé la solution miracle à tout çà, et qu'il fallait balayer devant chez soi, lever les ordures et probablement aussi, repeindre les façades des bâtisses, et que sais-je encore... Si cette bonne mauvaise idée a pu démontrer une chose, c'est bien l'ignorance totale de Mme la ministre des « choses » du tourisme. Car les désirs des touristes potentiels ne collent pas obligatoirement à sa propre perception du pays. Elle semble aussi ignorer que la réussite d'une saison touristique passe par un vrai travail à l'étranger, en réussissant ses foires, entre autres, et pas en jetant la faute sur les autres, tels que les services de voirie, voire même toute la population qui est décidément trop sale pour la « germanique » qu'elle est devenue. Les plus optimistes ont, quand même continué à lui faire confiance, car même si elle ne connaissait, apparemment, rien au tourisme, elle avait au moins « le don » d'être coach et qu'elle allait pouvoir tirer le meilleur profit de cette spécialité en coachant les gens qui connaissant, eux, le domaine. Mais ce dont elle vient de nous gratifier ces derniers jours, laisse, pour le moins, dubitatif. Comment peut-elle se vanter d'être coach et limoger son directeur général de l'ONTT, par l'intermédiaire d'un coup de fil ? Aura-t-elle eu peur de l'affronter en face à face pour le lui signifier, elle la pro en coaching ? Et puis, quelle que soit la faute qu'aura commise son DG, quelle urgence y avait-il à le « virer » aussi sec, alors qu'il était en pleine foire de Milan, une foire qui compte parmi les plus importantes pour le marché tunisien ? Combien même qu'elle ait été briefée par quelqu'un qu'elle aura rencontré la veille, pour prendre une telle mesure, elle aurait pu attendre d'être à Milan pour signifier à Habib Ammar son limogeage, ou mieux encore, attendre la fin du salon et le retour de la délégation à Tunis. D'autant plus, qu'il avait sur son agenda, deux réunions hyper importantes qu'il ne fallait, pour aucune raison, rater. Dommage qu'elle démarre de cette façon, Amel Karboul, celle en qui beaucoup de tunisiens ont mis tous leurs espoirs ! Car à l'occasion d'une seule action, et quelle action, elle a montré qu'elle ignorait tout du coaching, et qu'elle ignorait aussi beaucoup de choses du tourisme et de la façon de le promouvoir. Et pour combler son manque de savoir, elle aurait pu demander à ceux qui savent. Et quand on n'a pas confiance en ceux qui nous secondent, on pourrait, au moins, demander à ceux qui ont fait la preuve de leur savoir, en l'occurrence, les plus illustres de ses prédécesseurs, qui ont réussi, par exemple, à conjurer une crise pareille à celle que vit actuellement le pays. Car elle semble ignorer qu'en 2012, et juste après l'attentat d'El Ghriba à Djerba, le ministre du tourisme à l'époque a eu le mérite de redresser la barre en quelques mois, et de réussir des miracles en la matière. Non, il ne fallait pas gâcher le salon de Milan, où on ne parle plus que du « coup de gueule » de la ministre tunisienne ! Oui, le salon de Milan était vital pour la Tunisie ! Non, on ne vire pas quelqu'un dans l'urgence, sans même avoir sous la main quelqu'un pour le remplacer !