Face aux cris de haine, il voulait continuer à hurler sa liberté et son humanité. Lui, l'excellent tribun. La voix insubmersible et le verbe poignant, épris de liberté et de rêve, il continuait à pourfendre ce qu'on le veut ériger en système. Il incarnait l'alternative et on a voulu le faire taire. On a eu raison de lui mais il porte désormais le nom d'une mémoire collective et d'un devoir de vérité inaltérable. 6 février 2013, un leader, un opposant, un infatigable et farouche défenseur de la liberté est froidement abattu en bas de son domicile. A l'heure où tout un chacun s'en va à son quotidien et s'attela à son travail, à sa vie, des voix nous arrachent à notre torpeur et nous plongent au fond de l'abîme. Un homme où plusieurs pouvaient se reconnaitre et qu'on chargeait de trop d'espoirs venait de s'éteindre. L'effroi et l'horreur nous saisissent, Chokri Belaïd n'a pas succombé à ses blessures, il n'est pas mort des suites d'un long combat. On a voulu le mettre à genoux parce qu'il était sur le point de le remporter, le combat. On a voulu le noyer dans l'océan de l'oubli, on l'a finalement paré de l'aura des héros et des hérauts. C'était un chantre, un chantre de la liberté et de l'égalité. Car il s'est battu pour que triomphent ces valeurs là. Du bassin minier de Gafsa aux islamistes qu'il a sans cesse défendu, liberté et égalité ont irrigué son combat. Et puis le sursaut, l'unité ont pris le pas sur l'horreur, l'effroi et l'impuissance, Face aux diviseurs, aux fossoyeurs et aux idéologues, face à ceux qui voulaient les dresser les uns contre les autres, le peuple tunisien avait fait bloc derrière son martyr et a réclamé que vérité, entière vérité soit dite sur cet assassinat. Deux ans après, ce devoir de vérité demeure inaltérable.