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Les résultats des élections : faut-il s'en effrayer ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 10 - 2011


Par Kamel ESSOUSSI
«Et maintenant que vais-je faire ?», est venue me dire, à la Becaud, ma fille aînée qui s'était investie dans un combat pour la modernité. Mes conseils balbutiants quand ils sont débités oralement sont écrits ici posément pour elle et ses semblables effarées du tsunami d'Ennahdha qui a raflé la mise:
Positiver en se rappelant, tout compte fait, que les règles de la démocratie et la vérité des urnes comportent des déceptions qui sont belles quand chacun avec ses arguments a dû, dans l'allégresse et l'ambiance bon enfant et avec le sentiment du devoir accompli, subir au moins quatre heures de file pour défendre ses idées en glissant son bulletin dans l'urne. En fait, la première journée électorale a été fabuleuse et a démontré au monde entier que nous sommes organisés. Les élections ont été transparentes comme promis et le suspense et les surprises sont encore de mise, les petites irrégularités n'ayant pas un impact sur les résultats qu'il va falloir accepter parce qu'ils reflètent vraiment la volonté du peuple. Rendons grâce au passage à Kamel Jendoubi de les avoir menés à terme malgré les petits couacs dans le dépouillement et les retards dans l'annonce des résultats.
Se convaincre qu'Ennahdha a bien manœuvré lors de sa campagne en tranquillisant, en faisant fi des attaques répétées contre elle, en collant mieux au peuple avec une arme redoutable, l'islam, dans des forums ouverts 5 fois par jour au travers des mosquées où foisonnaient les prêches politiques, en faisant l'amalgame de nos croyances individuelles avec la vie politique et en menaçant parfois de claquer la porte, d'ameuter ses troupes en cas de trafic des urnes ....., ce qui faisait sa notoriété sans grands frais et explique en grande partie sa large victoire aux élections..
Se persuader que tout en agitant à la fois le drapeau de l'Etat des institutions civiles et l'Etat théocratique, en soufflant le chaud et le froid, Ennahdha avait concocté un programme électoral économique, social et culturel rassurant pour les Américains et les Occidentaux, beaucoup plus penché vers la modernité à la turque, que le programme autoproclamé de la charia du voisin libyen Mustapha Abdeljelil qui fait vraiment froid au dos. C'est que les dirigeants d'Ennahdha avaient bien compris qu'ils seraient les fossoyeurs de leur propre mouvement et leur perte définitive s'ils se mettaient à revenir à leurs vieux réflexes du vitriol et des bombes.
Se rappeler qu'aucun parti fût-il majoritaire en voix , ne sera jamais, quels que soient son impact et son aura auprès des masses, hégémonique dans l'Assemblée constituante en nombre de sièges. C'est que les règles du jeu ont été scellées avec cette proportionnelle couplée avec les plus grands restes , depuis 4 ou 5 mois par la Haute instance qui avait voulu que cette Constituante soit impérativement une mosaïque et une kyrielle représentatives de toutes les tendances.
Se dire que l'opposition est réelle face à Ennahdha dans cette Assemblée constituante. Les partis qui sont tous repêchés par la loi du plus grand reste , seule qui a permis d'éviter la razzia des sièges par Ennahdha — rendons grâce à Yadh Ben Achour — sont condamnés à s'entendre pour constituer une majorité d'élus et faire face à toute volonté d'une Constitution qui nous tirerait largement en arrière sur le statut des femmes, des libertés individuelles chèrement acquises et des institutions qu'on voudrait démocratiques dans la durée. Ne pas donc s'effrayer de ce côté-là.
Constater que globalement, les deux maux dont ont souffert tous les pays arabo-musulmans , étaient la dictature du pouvoir en place et du parti unique d'une part et les mouvements religieux d'autre part, qui estimaient que le substitut à la dictature était le fait de revenir aux préceptes de la charia, cette dernière ne pouvant être aussi dictatoriale car divine. Nous avons crevé le premier abcès le 14 janvier en éliminant Ben Ali et son RCD. Nous sommes en train de crever démocratiquement le second en autorisant dans un premier temps le parti à consonance religieuse à entrer en lice dans la scène politique et à lui permettre de vérifier le degré de sa popularité auprès des Tunisiens qui s'est avérée très importante dans les résultats des élections du 23 octobre. En pouvait-il être autrement quand on sait que leur refuser d'exister entrainerait inévitablement leur radicalisation absolue. En pouvait-il être autrement quand ils proclament haut et fort qu'ils ont retenu la leçon et que leur but c'est de rendre la Tunisie, une seconde Turquie et non un second Afghanistan.
Se décider à ne pas gâcher cette fête des libertés et de la démocratie naissante en n'insistant pas à reconduire le débat au sein de la Constituante autour du foulard , hijab ou niqab, islam ou laïcité . Ennahdha s'autoproclame garante des acquis sur ce plan et la majorité opposée à Ennahdha a le devoir de ne pas la laisser y toucher, au cas où elle viendrait à en jouer.
Se rendre à l'évidence que prendre le pouvoir pour la gouvernance transitoire pendant la durée annale de la Constituante, ce n'est pas une sinécure et une tâche de tout repos. Au contraire, se voir chargé de la problématique inextricable des 700.000 sans-emploi, de la récession économique, assurer la bouftance aux plus démunis, désenclaver économiquement les régions déshéritées, c'est s'asseoir sur une chaise éjectable et s'attirer la grogne populaire inéluctable de Tunisiens qui n'en peuvent plus. Les solutions ne sont pas faciles et le bon peuple affamé ne tolèrera pas un retard dans la satisfaction de ses besoins. Ennahdha sera sa première cible puisqu'il l'a portée au pouvoir avec une large majorité sur ses concurrents mais le reste des troupes opposantes ne seront pas épargnées. Continuer donc à se chamailler sur les postes ministériels serait fatal pour tous. Fuir à l'opposé ses responsabilités comme voudrait le faire Ennahdha, en déléguant ces postes à des technocrates hors Constituante qu'on accusera en cas d'échec, c'est aussi commettre un « déni de pouvoir » que le peuple ne comprendra pas de la part de politiciens qu'on a élus en faisant la queue dans les bureaux de vote des heures et des heures pour les mettre là où ils sont. Je les plains, ces élus de la Constituante qui sont peu au parfum de l'exercice réel du pouvoir. Ils sont tous condamnés, les pauvres, à réussir au risque de disparaître. Qu'ils ne fassent pas donc de querelles de vieilles ménagères pour refuser une coalition avec tel ou tel parti. Ils ne peuvent que s'unir tous mais alors tous sans faire le paon, autour d'un programme économique et social pour sortir de la crise. La vraie crise et pas celle de l'identité.
Dors tranquille, ma fille. Personne n'aura l'envie ni le temps de te voiler. Pendant ce temps, les élus de la Constituante bossent. Ils ont bien du pain sur la planche. Ils ne font pas peur, va !


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