Le ministre de la santé, Saïd Aïdi, s'est déplacé, ce jeudi, aux centres de protection maternelle et infantile des faubourgs de la capitale, à savoir Cité Ezzouhour et Mellassine. Une visite qui lui a permis de se rendre compte de visu, de la situation lamentable des centres de santé, dits de première ligne. Les centres de proximité qui doivent, en théorie, offrir les soins de première nécessité, et, en cas de besoin, diriger les malades vers les centres de deuxième et de troisième ligne, c'est-à-dire, les structures hospitalières nanties de moyens de diagnostic plus avancés comme les laboratoires et les services de radiologie, de même que les consultations spécialisées. Cette visite de terrain effectuée ce jour par le ministre de la santé est très significative, dans la mesure où les centres aux quels il s'est déplacé, représentent la plaie du système de santé à Tunis, et donnent un aperçu de ce dont souffrent les autres structures de soins dans le pays. C'était une visite significative, car le ministre semble bien briefé des maux du secteur, car les centres de PMI de la capitale sont, en soi, une source de problèmes. Ils donnent une idée de l'état de délabrement des unités de santé de première ligne, certes, mais ils donnent aussi, un exemple de l'absurde de la gestion de telles unités. En effet, à voir le manque de matériel et de moyens dont disposent ces centres, à voir, aussi, le manque de personnel spécialisé, notamment en pédiatrie, dont souffrent ces centres qui se prétendent traiter les enfants de la banlieue ouest de la capitale, on a du mal à croire qu'il s'agit, en fait, de deux centres placés sous la tutelle de l'hôpital d'enfants de Bab Saâdoun, qui est tenu de les fournir en dispositifs et autres instruments médicaux, mais aussi en médecins spécialistes. Donc, en somme, une visite qui a pu faire d'une pierre, au moins, deux coups. Puisque le nouveau ministre a pu se rendre compte qu'il n'y a pas de manque d'infrastructures, comme le prétendaient les autres ministres qui l'avaient précédé, et qui promettaient, tout le temps, d'ériger encore et encore d'autres hôpitaux. Il s'est rendu compte, par contre que le problème réside en une gestion catastrophique de ces deniers de l'Etat, par une direction minée par la bureaucratie et qui ne consent aucun effort à remédier à des situations catastrophiques aux solutions, pourtant, si faciles. D'ailleurs la mimique figée de certains responsables qui l'accompagnaient lors de cette visite en dit long sur leur désarroi de ce ministre qui s'est révélé un sacré fûté. Sinon, comment expliquer qu'un hôpital comme celui des enfants de Bab Saâdoun, que le ministre avait visité la veille, ne puisse pas doter les centres de PMI qui relèvent de sa gestion, du minimum décent de moyens de fonctionnement, et Dieu sait s'il dispose de ces moyens matériels et humains. Et comment expliquer que les responsables régionaux de la santé laissent ces unités dans un tel état en prétextant qu'ils relèvent dudit hôpital. Un autre constat qu'aura fait Saïd Aïdi, à l'occasion de cette visite, et qui montre qu'il a déjà identifié et mis le doigt sur une grosse partie des dysfonctionnements de la santé en Tunisie, c'est que le bon fonctionnement du système de santé reste tributaire de celui des structures de première ligne. Quand ces centres font leur travail bien comme il le faut, tout le reste ne fait que suivre de façon, quasi automatique. En effet si les centres de première ligne arrivent à absorber le grand flux des malades simples à gérer, cela décongestionnerait les autres lignes, à savoir les hôpitaux régionaux et universitaires et permettrait une meilleure utilisation des moyens mis à leur disposition, et cela permettrait d'optimiser leur rendement dans le sens de fournir des prestations de pointe, et non de gérer les urgences et les « fausses urgences ». Saïd Aïdi semble, donc, être conscient que les problèmes de la santé en Tunisie gagneraient à être traités à la base, c'est-à-dire au niveau des premières lignes qu'il faudra développer et promouvoir, et non au niveau de la troisième ligne, en érigeant çà et là, des hôpitaux universitaires aux coûts de réalisation exorbitants et à la gestion impossible, tout cela dans le seul but de gagner la sympathie d'un potentiel électorat. Bravo donc à Monsieur le Néo-ministre de la santé, pour ce premier coup de pioche dans l'énorme chantier de la réforme de la santé. Un coup de pioche qui témoigne, si besoin est, que ce ministre saura prendre en charge l'épineux dossier qu'on lui a confié, si toutefois, on le laisse faire son travail.