Saïd Aïdi, fraichement installé dans le fauteuil du ministre de la santé, vient de perdre une occasion de se distinguer, et d'afficher sa volonté de s'approprier ses grands chantiers, ou du moins, l'un des grands chantiers qui l'attendent au tournant dans les couloirs de son ministère. Pourtant, on aurait juré qu'il avait tout pour réussir dans le poste, avec sa bonhomie, sa face sympathique, sa formation académique et, surtout, son CV en béton, et l'acharnement qu'on lui connait à la tâche. Malheureusement, il démarre sa « mission » à la tête du ministère de la santé avec une fausse note. Le connaissant, on serait tenté de croire que ce n'est pas tant par manque de réactivité ou par mauvaise volonté, mais plutôt à cause d'un cercle de « conseillers » inertes et partisans du moindre effort, à ce qu'il parait. En effet, Saïd Aïdi aurait du, ce samedi matin, foncer au service des urgences de l'hôpital Mongi Slim de la Marsa, d'autant plus que ledit hôpital se trouve à un jet de pierre de chez lui. Il aurait dû y aller pour superviser les opérations de secours et soins prodigués aux rescapés de l'accident de bus de la STAM, qui ont été acheminés à cet hôpital. D'aucuns diraient que Aïdi, n'est peut-être, pas du genre à vouloir se donner en spectacle aux dépends des douleurs et du chagrins de ses compatriotes... Mais loin de l'esprit du « m'as-tu vu ? », cette visite de terrain lui aurait permis de saisir la réalité d'un des plus grands « maux » de la santé en Tunisie, à savoir les services des urgences, notamment, ceux de la capitale, et les conditions dans les quelles ces services offrent leurs services à des citoyens sinistrés. Çà lui aurait permis de prendre connaissance des conditions de travail du personnel de ces services et des conditions d'accueil des malades et leurs familles... Il aurait pu, à l'occasion, démontrer sa volonté de restaurer le secteur et de prendre à bras le corps ses problèmes... Il aurait, surtout, pu démontrer aux citoyens qui placent en lui leurs espoirs d'un droit à de meilleurs services de soins, qu'il était l'homme de la situation et qu'ils pouvaient lui faire confiance.. Mais au lieu de tout cela, Saïd Aïdi a préféré rester loin du théâtre de l'action, loin de la réalité du terrain qu'il préfèrerait, peut-être gérer de loin, du fond de son douillet fauteuil de ministre. Pourtant çà aurait été l'occasion, pour lui, de marquer son territoire, face au secrétaire d'Etat dont on l'a flanqué, et pour lequel, ce n'est un secret pour personne, il ne nourrit pas que de bons sentiments, et dans lequel il voit « l'œil de Moscou » d'Ennahdha pour laquelle il ne cache point sa franche opposition. Car, ce que Saïd Aïdi semble oublier, c'est qu'en se mettant en arrière plan dans de telles situations,, il va laisser le champ libre à son secrétaire d'Etat qui va, ainsi exercer son rôle de grand Manitou des structures hospitalières dont il a la charge de par même son titre, et lui, Saïd Aïdi, se suffira d'un rôle protocolaire en signant divers documents, en recevant les visiteurs et invités de son département ou en présidant telle ou telle manifestation scientifique.