Drôle d'ère que celle dans laquelle nous vivons ! Une ère où les enfants du pays sont en train de se tuer, un par un ou par groupes entiers, alors que nous les adultes, et surtout, les leaders parmi nous, sommes en train de nous déchirer mutuellement, qui pour une saleté de fauteuil procurant une impression de pouvoir, et qui pour une poignée de sous, en guise d'augmentation ou de prime, pour se donner l'impression d'avoir un certain poids dans la société. Mais de quelle société parle-t-on ? Est ce qu'il nous reste, déjà ne serait-ce qu'un semblant de société, digne de ce nom ? Les tunisiens enivrés par ce qu'ils ont convenu d'appeler « révolution », et boostés par le mensonge qu'on a bien voulu leur faire croire à propos d'un certain printemps arabe, ont tout lâché. Ils ne travaillent plus. Ils ne produisent plus. Ils ne discutent plus entre eux. Ils ne pensent même plus comme des gens sensés. Ils se disputent au lieu de discuter. Ils hurlent au lieu de parler. Ils revendiquent au lieu de travailler. Ils se sont divisés au lieu de s'unir. Il n'y a plus aucune valeur qui tienne. Il n'y a plus de valeur du travail, ni celle de la Patrie, ni même celle, plus égocentrique, de la famille. Et comme dit le proverbe : « Quand les parent boivent... Ce sont les enfants qui trinquent » ! Eh bien, çà n'a pas raté, cette fois. Et ce sont, bel et bien nos enfants qui sont en train de trinquer. Nos enfants, certainement plus pratiques et plus « adroits » semblent décidés à ne pas « se rater ». Ils font, en effet, montre d'une efficacité implacable, quand il s'agit de se foutre la vie en l'air, et de se tuer. Et ce ne sont pas les façons et les moyens qui manquent. Il y a, au début, eu les vagues de « suicides collectifs » de ceux qui se sont jetés dans les bras de la mer et des flots, prétendant rechercher l'Eldorado européen, et dont la moitié a fini en pâture aux poissons, et c'était par la faute à leurs parents qui, avant de commencer à se lamenter, à pleurer, à exiger de connaitre le sort de leur progéniture, doivent bien reconnaitre qu'ils avaient accepté d'allonger les sommes demandées par les passeurs, pour envoyer leurs enfants à la mort. Ensuite il y a eu l'autre exode plus sanguinaire et plus meurtrier, celui de nos jeunes embrigadés par des illuminés, avec la bénédiction de nos politiques qui faisaient la sourde oreille, quand ils ne faisaient pas, carrément, l'éloge de ces jeunes qui partaient au Jihad. Il y avait, donc, ici aussi, et incontestablement, la faute indéniable des ainés, dans ces vagues de suicides déguisés en jihad et bénis par nos dirigeants d'alors. Et dernièrement, un autre phénomène de suicide a commencé à poindre à l'horizon, et à enfler, au point de devenir un fait de société. Il s'agit, là, des suicides de jeunes et d'enfants, qui commençaient à peine, à apprendre à lire et à écrire, et qui se tuent, comme çà... bêtement, sans aucune explication convaincante, et, le plus dur, sans que cela ne chatouille la curiosité de ces supposés « adultes » qui ont acquis l'habitude de lire ces histoires de suicides de collégiens et d'élèves, comme on lit un simple fait divers, on ne peut plus courant, sans émotion et sans émoi. Ces messieurs dames, les éducateurs, les parents, et même, les politiciens, absorbés qu'ils sont par leurs querelles quotidiennes et leurs petites guéguerres, ne se sont pas demandés pourquoi ces enfants se tuent-ils ? Ne se sont-ils pas posé la question de savoir pourquoi, et comment, ces pauvres enfants en sont arrivés à penser au pire et à commettre l'irréparable ? Les périodes de l'année au cours des quelles il y avait le plus de suicides chez ces enfants, n'ont-elles pas interpellé tout ce beau monde qui prétend tout savoir, tout comprendre et tout contrôler ? Ne se sont-ils pas rendu compte que leurs enfants se tuaient, plus souvent la veille des vacances ? Ce qui signifie, en d'autres termes, au moment de la remise des notes des examens ? C'est-à-dire que de nombreux enfants se tuent à cause, ou par peur, de leurs mauvais résultats scolaires ? Ne se sont-ils jamais posé de questions dans le sens de trouver un remède à ce fléau ? Et, là ? C'est la faute à qui ? Surement pas à ces pauvres enfants qui sont on ne peut plus victimes, d'un système qui gagnerait à se remettre en cause. De grâce, messieurs-dames les parents ! Laissez tomber vos petits tracas quotidiens d'apprentis politiciens et vos petites querelles de partisans débutants, de même que cette saloperie de logorrhée qui vous a atteint, et occupez-vous un peu plus de vos enfants qui n'en peuvent plus de devoir subir, en plus de vos colères et votre incompréhension, vos nouveaux états d'âmes dont ils n'ont rien à cirer ! Et vous, messieurs-dames les éducateurs, laissez tomber vos basses revendications matérielles qui sont en train de casser votre image et votre prestige, et prêtez un tout petit peu plus d'attention à vos élèves. Ne les laissez pas désespérer, ne leur faites pas subir, vous aussi, vos états d'âmes et vos sautes d'humeur. Ô peuple tunisien... Réveille-toi! Secoue-toi ! Fais gaffe à tes enfants ils sont en train de dépérir et de se tuer ! Fais gaffe, un peuple sans enfants est un peuple sans avenir !