Plus d'un million de tunisiens ont aujourd'hui besoin de microcrédits pour développer leurs activités et créer des sources de revenu. Un besoin urgent qui a poussé la société civile ainsi que les institutions gouvernementales à réfléchir sur les moyens concrets et rapides à même de restructurer le secteur de la microfinance. La rencontre sur “La microfinance en Tunisie: réalité et perspective” dont les travaux ont été ouverts, mercredi, à l'initiative de l'Association TOUNES 2020, a pour objectif de mettre en place un plan d'action visant à améliorer le secteur, a indiqué à l'agence TAP, M. Samir Zghal, membre de l'association. La loi tunisienne freine le développement du secteur, a-t-il constaté, précisant qu'aujourd'hui, seul le ministère de l'Intérieur est habilité à accorder les autorisations de création d'associations de micro-crédits. Les entreprises commerciales et bancaires sont privées de cette activité, a-t-il ajouté. M. Zghal a encore relevé que toutes les associations opérant dans ce secteur travaillaient sous la tutelle de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) qui était dirigée par des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique dissous. Aujourd'hui, l'Association TOUNES 2020 propose une feuille de route qui sera présentée et débattue au cours de cette rencontre de deux jours. Elle consiste en un projet de loi visant à mettre à jour le cadre juridique du secteur. La feuille de route suggère, notamment, d'élargir la base des intervenants dans le secteur de la micro-finance pour englober, en plus des associations, les institutions spécialisées dans l'amélioration de l'infrastructure au profit des bénéficiaires des crédits et des sociétés bancaires et commerciales tunisiennes ou étrangères. La microfinance n'est pas une nouveauté en Tunisie. Car en plus des associations financées par la BTS, il existe aussi l'association ENDA interarabe qui, depuis sa création en 1990, a déboursé quelque 750 mille micro-crédits. M. Mohamed Zmonder, directeur des crédits à Enda, a souligné la nécessité d'opter pour une réglementation incitative. La microfinance doit inclure, en plus de l'octroi de crédits, d'autres services comme l'épargne, l'assurance le transfert d'argent…etc., a-t-il proposé. Le responsable a appelé à la libération du montant du crédit et à la création d'une structure indépendante pour contrôler l'activité de ces associations. De son côté, le ministre des Finances, M. Jalloul Ayed, a affirmé l'engagement du département à restructurer le secteur de la microfinance au double plan professionnel et législatif et à élaborer une stratégie de mise à niveau globale du secteur. Le ministre des Affaires sociales, M. Mohamed Ennaceur a, pour sa part, présenté la nouvelle vision du département en matière d'octroi de crédits qui, a-t-il précisé, comporte deux principaux axes : le développement des méthodes d'intervention sociale, de manière à offrir aux personnes à source limité plus d'opportunités d'intégration dans le circuit économique. Il s'agit, aussi, d'encourager les Tunisiens résidents à l'étranger à utiliser leurs transferts d'argent et leurs épargnes dans la création de micro-entreprises en Tunisie.