Abderrahim Zouari, ministre de l'ancien régime et ex candidat aux présidentielles tunisiennes de 2014, a confié, dans un entretien accordé à TunisieNumérique, sa vision de la situation actuelle du pays. Concernant le climat général, il a déclaré que la Tunisie est passée, dans la période qui a immédiatement succédé aux dernières élections, par une phase d'euphorie et d'optimisme. Mais, a-t-il déploré, cette phase aura été de courte durée, et lui a succédé une autre période de désenchantement et de déception. Cette deuxième phase a des composantes, selon Abderrahim Zouari, assez complexes. Il y a, d'abord la crise par laquelle est passé le parti qui a été le principal gagnant lors des législatives, à savoir Nidaa tounes, crise qui a laissé craindre le pire pour les équilibres politiques en cas d'éclatement de la formation hétéroclite qui formait le noyau du parti. Il y avait, ensuite, les trop longues concertations et les nombreuses hésitations qui ont émaillé la formation du gouvernement qui a été plus que laborieuse, et qui a, surtout, laissé un arrière goût d'amertume, notamment chez les nombreux électeurs qui avaient opté pour Nidaa Tounes voyant en lui la bouée de sauvetage et la perspective qui allait leur faire oublier une période difficile. Et il y avait, surtout, les attaques des terroristes qui se faisaient de plus en plus fréquentes, osées et douloureuses, qui ont fini de jeter un voile de mélancolie et de désespoir sur le moral des tunisiens. Mais, note notre interlocuteur, les événements qui ont marqué la scène politique et sociale cette dernière semaine, notamment, avec le drame du Bardo, immédiatement suivi par le coup de génie de nos sécuritaires qui ont su, si bien et si rapidement, prendre leur revanche sur les terroristes de la Qatiba Okba Ibn Nafaâ, ont remis au goût du jour des tunisiens le sentiment d'euphorie et d'optimisme, celui là même qui les avait animé au lendemain des élections. Et ce regain d'euphorie, Abderrahim Zouari voit en lui une opportunité, un don du ciel, que Béji Caïed Essebsi saura juger à sa juste valeur et saura en profiter pour aller de l'avant et faire repartir les affaires. Processus de réconciliation nationale Et pour ce qui est du projet annoncé de BCE, de vouloir engager et présider à un processus de réconciliation nationale, Abderrahim Zouari a déclaré que c'est une bonne chose, en rappelant que ce sujet avait constitué son cheval de bataille et la pierre angulaire de son programme électoral lors des dernières élections, avant qu'il n'annonce son retrait de la course, pour l'intérêt de la patrie, a-t-il tenu à rappeler. Abderrahim Zouari pense qu'en engageant un tel processus, BCE fait preuve de beaucoup de maturité politique, mais aussi, de beaucoup de courage et de clairvoyance, et que cette action lui permettra de rentrer par la grande porte dans l'histoire qui retiendra son nom comme étant le Mandela du printemps arabe. Pour ce qui est de sa vision de la réconciliation nationale, Abderrahim Zouari précise qu'elle n'est en aucune façon en contradiction avec le processus de la justice transitionnelle, qui pourrait, alors, avancer dans un climat de sérénité et de confiance dans le but de dévoiler les vérités et refermer les plaies. Désintéressé par les postes de pouvoir mais reste à la disposition de la Tunisie Quant à ses propres projets, Abderrahim Zouari a assuré qu'il était complètement désintéressé par les postes de pouvoir, mais que son patriotisme et son amour pour la Tunisie le poussaient à offrir son expérience et son expertise pour ceux qui le lui demanderaient, pour tout ce qui serait bénéfique à la patrie.