Finalement, et suite, et surtout grâce, à la réaction démesurée du gouvernement britannique à l'attentat de Sousse, on arrive mieux à comprendre les raisons et les origines de ce geste odieux, à la limite incompréhensible, perpétré par un terroriste qui ne semble, finalement, pas aussi solitaire qu'on veut nous le faire croire. Car, au vu de la réaction britannique suivie par celle d'autres pays européens, on a le désagréable sentiment d'avoir été floué, et on se rend compte qu'en guise d'attentat terroriste, il s'agirait, plutôt, d'un coup fourré. Un coup fourré magistral, ou plutôt, royal, en référence à qui on sait. Certes, la Grande Bretagne a payé le plus lourd tribut en termes de nombre de victimes de l'attentat, ce qui aurait tendance à expliquer que leur gouvernement ait réagi d'une façon par trop fébrile, pour répondre aux pressions « politiques » nationales et même internationales. Pour montrer que le chef du gouvernement britannique sait réagir pour défendre les intérêts des sujets de sa majesté, et pour venger leur sang. Certes, aussi, que la riposte de la sécurité tunisienne a laissé poindre beaucoup trop de failles au moment de l'attentat. Mais de là à dépêcher en Tunisie des dizaines d'agents des services de police britannique, et d'organiser sa propre enquête, pour évaluer la situation, ne manque pas de laisser stupéfait. Surtout quand, à peine débarqués, ces James Bond des temps modernes concluent à une vitesse astronomique, que l'enquête tunisienne sur l'attentat laissait à désirer, et que la situation sécuritaire en Tunisie est désastreuse, et qu'il faut rapatrier dare-dare tous les touristes britanniques qui demeurent en Tunisie. Cette décision du Foreign Office a eu pour effet de déclencher une vague de panique et de terreur, non seulement parmi les étrangers résidents ou en partance pour la Tunisie, mais aussi, chez les tunisiens eux-mêmes qui se sont dit que, si les fameux James Bond disent qu'il vaut mieux rapatrier les citoyens britanniques, c'est qu'ils doivent, sûrement, être au courant d'un ou de plusieurs autres attentats qui se préparent en Tunisie Par ailleurs, et pour ajouter de l'huile sur le feu, ne voilà-t-il pas que ce, d'habitude très stoïque, David Cameron, le chef du gouvernement britannique, sort de ses gonds, et crie vengeance, et appelle à la liquidation des premiers responsables de l'attentat de Sousse, et déclare, même, partir en guerre contre DAECH... Là on serait tenté de proposer au Sir Cameron de mettre un petit bémol à son enthousiasme, et son va-t-en-guerre. Car de quelle guerre il parle ? A moins que ce ne soit une guerre contre ses propres services. Puisque tout le monde sait, sauf lui, apparemment, que la grande Bretagne est suspectée d'avoir été parmi les premiers fournisseurs d'armes et de logistiques pour les terroristes de DAECH, avec, bien sûr, leurs amis les américains, comme en témoignent les deux avions britanniques abattus par l'armée irakienne dans la province d'Al Anbar, en février dernier, et qui se sont avérés bourrés d'armes destinés à DAECH. Ce qui avait, à l'époque, déclenché l'ire du gouvernement irakien, qui n'a pas hésité à demander des explications à Cameron, à ce sujet. Et puis, s'il a vraiment l'intention de s'en prendre au premier responsable de l'attentat de Sousse, pourquoi ne demanderait-il pas à ses agents qu'il avait dépêchés à Tunis, et qui avaient trouvé que l'enquête tunisienne n'allait pas dans le bon chemin ? Peut-être qu'ils lui répondront qu'ils ont trouvé cette enquête mal foutue, car elle avait permis d'identifier le chef spirituel du terroriste de Sousse, et celui qui l'a enrôlé, comme étant un certain Héni Sebaï, un ressortissant égyptien qui jouit d'un exil plus que doré dans la banlieue londonienne, aux frais de sa majesté la reine d'Angleterre. Décidément, le coup ne passe pas, et l'attentat de Sousse pue trop le coup fourré. Un coup fourré orchestré, probablement, par ceux là mêmes qui réagissent en infligeant à la Tunisie une punition trop sévère. Tout çà, pourquoi ? Demain, on le saura, très certainement !