Les structures publiques de la santé sont, désespérément, dans un état de délabrement plus qu'avancé. Et cet état touche, non seulement, les structures dites démunies et situées dans les zones dites marginalisées, mais aussi, et surtout, des structure d'envergure nationale, et carrément, régionale. Cet état touche des centres de référence qui ne peuvent aucunement prétendre souffrir de manque de moyens matériels ni humains. Des structures au cœur de la capitale, et à un lancer de pierre du bureau du ministre de la santé à Bab Saâdoun. Parmi les instituts qu'on avait du mal à imaginer dans un état de délabrement avancé, le Centre National de Transfusion Sanguine. Un centre de référence nationale et régionale. Un centre qui a toujours joui des largesses de l'autorité de tutelle, de même que de celles des instances mondiales de la santé, dans le cadre de programmes de mise a niveau et d'amélioration des conditions de prélèvement et de transfusion des produits sanguins. La direction du centre ne cache, d'ailleurs, pas sa fierté et son autosatisfaction d'avoir décroché un bon nombre de certifications en qualité et en conformité aux normes mondiales. Mais quand on voit l'état des locaux, du mobilier, du matériel mais surtout, le laisser aller du personnel et de la direction du centre, on serait en droit de douter de l'authenticité des certificats d'excellence obtenus par l'institution, et fièrement arborés dans ses locaux communs. Et on se demanderait pourquoi le ministre de la santé, dont le bureau est situé à quelques dizaines de mètres de là, n'a jamais eu la curiosité d'aller y jeter un coup d'œil. En effet, les citoyens qui se trouvent, par obligation ou par convictions, amenés à se diriger au Centre National de Transfusion Sanguine, pour y faire un don de leur sang, se trouvent confrontés à des situations de salubrité catastrophiques : Un mobilier crasseux couvert de poussières et sur les surfaces duquel on rencontre tout type de bestioles volantes ou rampantes. Des murs délabrés et dénudés de leur enduit sous l'effet du temps et de l'humidité, à défaut d'avoir été repeints depuis des lustres. Du matériel de transfusion déposé sur des surfaces de travail impropres à ce type d'activité, ni de toute autre activité « propre », d'ailleurs. Une atmosphère tuante et étouffante de chaleur et d'humidité, faute de climatisation des locaux. Les climatiseurs, il y en a, pourtant, en nombre, mais selon le personnel du centre, ils sont hors service depuis longtemps. Du coup, le simple fait d'aller faire un don de son sang, devient un véritable acte de bravoure et de courage. De ce fait, on ne retrouve quasiment plus de donneurs volontaires et convaincus dans les couloirs du centre, où on ne rencontre plus que les donneurs « obligés », qui sont là pour donner du sang au profit d'un parent ou d'un proche qui a un besoin urgent en ce fluide vital. Si on ajoute à ces conditions lamentables du Centre de Transfusion Sanguine, le fait que les citoyens ont toujours des doutes de plus en plus pressants quand à l'usage qu'on fera de leur sang, et qu'il parait qu'on l'envoie, même, pour sauver la vie de terroristes dans d'autres pays, on se demande quel sens donner aux appels toujours plus fréquents et plus urgents lancés par le ministère de la santé pour motiver les citoyens à donner de leur sang ? Comme on pourrait être en droit de mettre en doute l'authenticité des certificats d'excellence obtenus par le dit centre auprès des agences de certification.