La Tunisie vient d'obtenir le prix Nobel de la paix. Ô joie ! Ô bonheur ! Que de sujets de parlotte bénis tombés du ciel pour nos chers politiciens qui vont, nous casser les oreilles les jours à venir, à se disputer le mérite de cette « distinction », faute de l'avoir, vraiment, méritée. De quelle paix vient-on nous parler, dans ce pays qui n'en a pas connu depuis des lustres ? Le pauvre Alfred Nobel doit s'en retourner dans sa tombe. Décerner son prix pour la paix, à la Tunisie ? Quelle drôle d'idée de ces messieurs-dames de son comité, doit-il se dire ! La Tunisie qui n'arrive pas à retrouver la paix, de même que son quartette qui, au lieu de pouvoir remettre les choses dans l'ordre, n'aura fait que confirmer les islamistes d'Ennahdha dans le pouvoir, en leur donnant, en bonus, la possibilité de gouverner au nom d'autres formations qui se sont prêtées au jeu. De ce fait, les islamistes d'Ennahdha peuvent faire tout ce qu'ils veulent, et ils ne s'en privent nullement, et s'il y a des reproches, ce sont leurs « amis » les laïcs qui encaissent. De quelle paix parle-t-on ? Alors qu'on a failli accueillir la nouvelle du prix, le jour des funérailles d'une énième victime d'assassinat politique, si ce n'était la providence. Et alors qu'au moment même où le monde félicitait le pays, un jeune à Sfax se mettait le feu au corps, comme pour dire que près de cinq ans après, et des milliers de morts de par le monde arabe, et des chamboulements à en perdre le nord, rien n'a vraiment changé depuis le geste désespéré d'un certain Bouazizi, en 2010. De quelle paix parle-t-on, alors que les touristes de tous bords ont déserté notre beau pays et nous ont lâchés aux mains des milices armées qui nous trucident au nom de leur chariaâ ? De quelle paix nous parle-t-on alors que la moitié sud du pays en veut à mort à celle du nord, sous l'impulsion de quelques malades mentaux propulsés en hommes politiques à la faveur d'une soi disant révolution du jasmin ? De quelle paix nous parle-t-on alors que le long de nos frontières sud, on est obligé de creuser des tranchées pour empêcher les hordes armées qui sévissent dans la poudrière de la Libye voisine de nous envahir ? De quelle paix nous parle-t-on ? De la paix sociale ? Quelle paix sociale quand on sait que le tunisien moyen s'est appauvri, que le nanti n'ose plus investir un sou dans le pays, de peur de se faire traiter de voleur ? Et quelle paix sociale peut-on espérer quand les organisations syndicale et patronale sont à couteaux tirés et que jamais la menace de faillite et de guerre des classes n'a été autant palpable dans le pays ? Tiens ! Au fait, ne sont-ce pas ces deux organisations « ennemies » qui sont en train de faire plonger le pays, qui viennent de recevoir le prix Nobel de la paix ? Décidément c'est à n'y plus rien comprendre ! Alfred Nobel lui-même n'y comprend rien ! Ou alors, il devrait être content et se dire que, pour une fois, sa fondation a, su faire le bon choix ! Car la Tunisie peut, en effet, se targuer d'avoir fait, au moins, aussi bien que lui ! Lui qui avait inventé la dynamite !