Habib Essid vient de l'annoncer. Il n'a, encore, rien fait concernant le remaniement ministériel tant attendu. Il avait, pourtant, avancé la date du 10 décembre pour annoncer ce remaniement. Il avait, aussi, annoncé qu'il fera appel à un gouvernement à nombre réduit, et qu'il s'agira d'un gouvernement de guerre. Et depuis ces déclarations tonitruantes... rien ! Rien, à part des rumeurs qui sortent de temps en temps concernant tel ou tel nom. En fait, si rien n'a encore été décidé, ni fait, ce n'est, certainement, pas faute d'avoir essayé. On imagine bien que Habib Essid a du creuser partout, et frappé à toutes les portes pour pouvoir choisir sa nouvelle équipe. D'autant plus que les compétences ne manquent pas dans le pays, quand on fait abstraction de ces politiciens en herbe qui nous ont envahis et qui se sont imposé à nous, pour nous diriger. Et si Habib Essid n'a rien pu faire, et on imagine qu'il ne pourra jamais rien faire, c'est principalement à cause de ces enfantillages qui ont secoué Nidaa Tounes, et que nous nous doutions bien qu'ils allaient ébranler l'Etat en entier. Les querelles à la tête de Nidaa Tounes ont affaibli le parti. Ils ont scindé son bloc parlementaire en deux. Ils ont effrité les voix de ses députés, de façon à ce que Habib Essid ne peut nullement compter sur le moindre soutien de la part de cet ex-parti dominant. N'ayant point d'appui de la part de Nidaa, Habib Essid, sait qu'il ne pourra pas compter, non plus, sur Ennahdha qui s'entête à ne pas intégrer le gouvernement plus qu'elle ne l'a déjà fait. Car on ne sait, pour le moment, pas pourquoi, Ennahdha refuse catégoriquement de s'impliquer dans le gouvernement à former. Et d'un autre côté, elle refuse qu'on touche à son seul et unique pion sur l'échiquier, Zied Laâdheri. Ce qui ne laisse guère le choix à Essid, qui doit abandonner son projet de constitution de pôles ministériels, entre autres le pôle de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle et de l'emploi. Et Ennahdha tente d'imposer le départ de certains ministres qui la gênent à l'instar d'Othmène Battikh. Donc, faute de soutien de la part d'une formation politique forte, Habib Essid ne pourra jamais imposer le remaniement qu'il souhaite, et devra composer avec les petits partis qui participent à la coalition actuelle, comme l'UPL et Afek Tounes. Et on devra, ainsi, subir, encore les tribulations de ministres qui ne cherchent qu'à vendre le pays ou à faire passer des projets commandités par leurs donneurs d'ordres d'au-delà des mers. Il y aura, certes, quelques noms qui vont sauter, mais que Habib Essid devra récupérer à la présidence du gouvernement pour sauvegarder la part de tarte de chaque parti. Mais en termes de remaniement, et surtout en termes de gouvernement de guerre, un gouvernement qui va pouvoir tenir tête au péril terroriste extrinsèque, mais aussi intrinsèque, les tunisiens vont rester sur leur faim. Et pour espérer s'en sortir grâce à un travail rigoureux d'une équipe gouvernementale réellement compétente, il va falloir attendre encore. En attendant, chacun pour soi, et l'égoïsme pour tous ! Et on ne saura jamais remercier assez, Nidaa Tounes et les lumières qui le dirigent.