Une des mesures proposées, dans la hâte, par Habib Essid, dans sa tentative d'enrayer les mouvements de grogne sociale des chômeurs demandeurs d'emploi, a été celle d'autoriser les institutions financières, donc, les banques, à accorder des crédits aux jeunes promoteurs sans exiger d'eux un autofinancement. Cette proposition a immédiatement été, et nous estimons que c'est à raison, décriée par de nombreuses voix qui se sont élevées pour attirer l'attention sur les aléas qui allaient découler de la mise en œuvre d'une telle mesure. En effet, une mesure pareille va ouvrir la porte devant des dépassements sans précédents dans la mauvaise gestion des deniers des banques publiques ou privées, donc, en définitive, des deniers des citoyens que nous sommes. Et on est certains qu'il n'y a aucun citoyen qui serait partant pour que sa banque dispose de son argent pour financer tel ou tel projet d'un jeune promoteur, sans que celui-ci ait présenté la moindre garantie ou qu'il ait fourni le moindre effort pour participer au financement dudit projet. Tout le monde est d'accord pour que l'Etat simplifie les démarches pour aider les jeunes promoteurs à s'installer pour leur propre compte, comme tout le monde est d'accord pour qu'on fasse des efforts pour aplanir les obstacles qui empêchent une majorité de jeunes diplômés de concrétiser leurs projets. Mais il faut savoir, aussi, que quand le candidat au crédit se sent à l'abri de toute prise de risque, et qu'il a tout à gagner et rien à perdre, du moment qu'il n'engage, comme l'a promis Habib Essid, qu'une photocopie de son diplôme, il sera, probablement, enclin à prendre des risques démesurés, insensés et non calculés, juste pour « tenter le coup », et éventuellement, pourquoi pas, se faire un petit pactole personnel au dépend du fond normalement prévu pour le projet. Et puis, si çà ne marche pas... Eh bien, tant pis, il n'aura rien perdu, lui. Par contre il aura dilapidé les deniers des autres, et enfoncé, un peu plus le pays dans la faillite. D'ailleurs, comment peut-on se permettre, pour remédier à une situation aussi urgente soit-elle, de reprendre les pratiques tant décriées mises sur le compte de l'ancien régime, qu'on a accusé d'avoir « offert » des crédits sans aucune garantie à certaines personnes, ce qui a, a-t-on avancé, mis plusieurs banques dans des situations précaires ? Il y a, d'un autre côté, l'expérience des crédits donnés, jadis, aux promoteurs touristiques qui ont, un certain moment, profité des largesses des banques qui leur ont avancé de l'argent sans compter, et presque sans autofinancement, dans le but de promouvoir le tourisme en Tunisie. Eh bien de nombreux promoteurs ont érigé des unités hôtelières, qu'ils n'ont jamais pu rentabiliser, et d'ailleurs, ils s'en foutaient royalement, du moment qu'ils n'y avaient mis aucun sou de leurs propres fonds. Et chaque fois qu'il y avait une crise, ils revendiquaient les aides de l'Etat et un rééchelonnement des dettes, sans quoi, menaçaient-ils, ils allaient laisser tomber, du moment qu'ils n'ont rien à y perdre, et que leur seul souci, c'était la mise au chômage des personnels de ces hôtels. Alors, sérieusement, cette mesure proposée par Habib Essid est par trop extravagante, et pourrait avoir des conséquences plus que néfastes. Si on veut aider les jeunes promoteurs à monter leurs projets, alors qu'ils n'ont pas de fonds propres, on pourrait, éventuellement, avoir recours aux mécanismes qui sont déjà mis en places et qui proposent de financer les fonds propres pour de tels projets. Ces mécanismes pourraient, éventuellement, être renforcés et renfloués par l'apport de fonds, comme par exemple les milliards qui auraient du être saisis chez les associations soi disant caritatives qui flirtent avec les organisations terroristes. De cette façon, les jeunes promoteurs auront des facilités de financement de leurs rêves. Autre point à prendre en compte, pour aider à financer ces projets, c'est de mettre en place une structure spécialisée dans l'étude de la faisabilité et la rentabilité des projets proposés, pour éviter, justement, de jeter par les fenêtres de l'argent qui aurait pu servir à quelque chose de plus utile.