Un portrait du président de la République, Béji Caïd Essebsi, accroché sur la devanture d'un immeuble à Monastir à l'occasion de la commémoration du 17 anniversaire de la mort du président Habib Bourguiba, résume en lui seul toute la situation que vit actuellement le pays, six ans après la Révolution de 14 janvier 2011. L'apparition de portraits géants du président de la République dans les rues , est un signe de la tendance de recul général que connaît le pays avec le retour au grand galop du culte de la personnalité. Du temps du président déchu Zine El Abidine Ben Ali , le régime recourait abusivement à cette pratique de l'image du président très omniprésente. Pourtant actuellement dans les administrations, le portait officiel du président a disparu des bureaux. Pourquoi accrocher le portrait de Béji Caid Essebsi dans les rues alors que c'est l'anniversaire du décès de Habib Bourguiba qu'on commémore. On peut se demander aussi qui est la partie qui a ordonné d'afficher le portrait du président Essebsi. Est-ce la municipalité, les services du gouvernorat ou le parti Nidaa Tounes qui ont pris l'initiative d'accrocher ce portait? En outre, le portait est très mal étiré laissant des plis apparaître ce qui défigure l'image. Un signe du travail imparfait, une tendance qui est très répandue ces derniers jours avec le laisser-aller qui gangrène les administrations. Ainsi, au pied de l'immeuble où est accroché le portrait, des amas de déchets sont éparpillés, encore un autre signe qui reflète la situation qui prévaut actuellement dans le pays. En effet, les rues sont devenues plus salles , et les éboueurs rechignent à débarrasser les espaces publics des ordures qui traînent des jours et des jours. Le seul signe positif est que le président de la République semble regarder vers l'avenir que l'on espère qu'il sera meilleur et plein d'espoir pour le pays et les générations montantes. Autre motif de satisfaction, c'est la possibilité offerte aujourd'hui de critiquer Bouguiba ou Béji Caid Essebsi sans crainte pour sa liberté. Une liberté d'expression qui représente un précieux acquis de la Révolution du 14 janvier 2011 qu'il faut saluer tout en espérant qu'il sera préservé aussi longtemps que possible!