Les choses se dégradent rapidement en Tunisie, notamment dans les régions intérieures. La situation devient, à la limite, explosive et risque de dégénérer vers des dérapages aux conséquences incalculables. Les observateurs parlent d'une rupture totale entre le pouvoir central et les citoyens dans les régions reculées. Les dirigeants de l'Etat n'y comprennent plus rien. Ils ne cessent de faire des concessions, et de dire des promesses... Rien n'y fait. Les protestations ne font que s'aggraver, et la situation ne fait que s'envenimer. S'agirait-il d'un problème de communication ? Il y a, certainement, de çà, avec la nouvelle classe politique composée de bleus pour les quels la communication demeure un mystère total et impénétrable. Mais en plus du problème, évident, de communication, il y a aussi, d'autres problèmes qui s'érigent entre le pouvoir et le citoyen. Il y a, d'abord, un évident problème de manque de confiance. Les citoyens ne font plus confiance à ces hommes (et femmes) soi-disant, politiques, qui ne font que promettre aux gens monts et merveilles, sans jamais tenter de réaliser une once de ce qu'ils prétendaient offrir. Le peuple a fini par comprendre que ces messieurs-dames « de la haute » sont incapables de gérer le plus petit problème, et qu'ils sont, même, incapables de gérer leurs propres problèmes entre eux. Donc, le chef du gouvernement pourrait envoyer tous les émissaires qu'il veut, là où il veut... Rien n'y fera. Les gens ne sont plus dupes. Et la partie est devenue plus ardue pour le pouvoir, parce que, dorénavant, les citoyens refuseront de croire quoi que ce soit, ou qui que ce soit, tant qu'ils ne touchent pas de leurs doigts et ne voient pas de leurs yeux, la réalisation « immédiate » de leurs revendications. Ensuite, les citoyens ont compris que le pouvoir n'a pas les moyens matériels suffisants pour répondre à toutes les revendications, de toutes les régions. Du coup, c'est à qui réclamerait le premier, et à qui crierait le plus fort. Ce qui fait que le gouvernement ne saura plus où donner de la tête. Mais le problème le plus grave, qui élargit le gouffre entre le pouvoir et le citoyen, c'est la défaillance totale des responsables régionaux. La situation a beau pourrir, les troubles ont beau enfler, ils sont totalement absents, et ne tentent rien pour remédier à çà. Il faut dire qu'ils sont occupés ailleurs, et ne peuvent pas s'occuper de tout à la fois. Surtout quand, ailleurs, ils ont d'hyper importants dossiers à régler en toute priorité. En effet, il est facile de deviner à quoi sont occupés les responsables régionaux, au point qu'ils n'ont plus, ni le temps, ni les ressources de régler les problèmes des citoyens. En faisant la tournée des villes à l'intérieur, la première chose qui vous frappe, ce sont les innombrables chantiers d'embellissement des rues, de réfection du bitume, de réparation des trottoirs, de plantations d'arbres et de fleurs d'ornement... Tous ce qui est de nature à convaincre le citoyen qu'ils n'auront jamais plus de délégations spéciales plus sérieuses et plus travailleuses que les actuelles. Eh oui ! Les législateurs, Chafik Sarsar en premier, auront bien essayé d'anticiper sur l'esprit machiavélique des tunisiens, ils ne pourront jamais les vaincre et les dissuader de contourner les règles. Il est évident que la loi prévoyant la dissolution des délégations spéciales dans les régions quelques mois avant les échéances électorales régionales, afin de les empêcher de mener des campagnes électorales avec l'argent du contribuable, est en train d'être contournée. Les responsables locaux et régionaux, sont en train de mettre les bouchées doubles et de mettre la vitesse supérieure pour accomplir le maximum de travaux de réparation ou d'embellissement, histoire de marquer les esprits des citoyens, au dernier moment, juste avant la fin de leur mandat, et de les convaincre qu'il n'y aurait rien de mieux à faire lors des prochaines élections, que de les élire, pour qu'ils continuent sur leur lancée...