Depuis déjà plus d'un mois on a cru qu'il y a un Gouvernement provisoire pour gérer les affaires courantes du pays et préparer les conditions légales et constitutionnelles pour une transition vers une vie démocratique digne de notre révolution qui s'est propagée à travers les pays du monde Arabe. Avec la multiplication et le redoublement des fausses mesures et décisions, les tenants de la fonction suprême ont prouvé qu'ils n'ont jamais gouverné et que la peur du chaos et de l'anarchie exprimée dès les premiers jours de la fuite du président déchu n'était vraiment pas justifiée. En effet il est déjà prouvé que M. L'ancien-nouveau Premier ministre ne savait rien des règles constitutionnelles qu'il est censé maîtriser dans l'exercice de sa fonction. D'autant plus qu'il a fait preuve qu'il n'eut jamais l'habitude de consulter des spécialistes, pourtant il suffis ait de consulter pour ne pas se tromper. L'arbitraire et le non sens des décisions prises jusqu'ici montrent de jour en jour que la logique de la gouvernance absolue, qu'il a toujours appris, est encore de mine. Sur ce plan on peut énumérer toutes les décisions manquées prises par ce Gouvernement pour soi-disant conserver l'Etat. A rappeler l'intervention musclée des forces de l'ordre contre les manifestants de la Casbah, le turn over effectué des anciens ténors du Régime à la tête de l'Etat, la nomination des cadres du 2e ordre du RCD comme Gouverneurs, le maintien des deux chambres du parlement, le maintien de l'appareil de la justice révoquée par les juges eux mêmes. Pour preuve de sa détermination de conserver l'ancien régime, ce gouvernement, par son absence, se bat doucement mais inlassablement pour maintenir l'ancien système de l'Etat. Il maintient en place tous les PDG des grandes sociétés, des Directeurs Généraux des Institutions publiques, du corps diplomatique, les PDG des banques, des caisses, les délégués des régions, les maires, etc… le dernier fiasco est celui de la commission de Mr Abdelfattah Amor, qui, d'une commission d'investigation s'est transformé en un Notaire qui exécute des propres saisies. Bref tout le monde semble travailler au pif ! Mais le plus dangereux dans le mécanisme de fonctionnement de ce Gouvernement est son inertie totale face à la décomposition de « l'Autorité » de l'Etat dans les différentes Régions du pays. On a l'impression qu'il a une volonté malveillante de mettre à genoux le pays et encourager l'expansion du laisser-aller et l'anarchie par la dégradation du consensus social autour d'une autorité qui maintient notre tissu social et sociétaire. A l'occasion d'un déplacement au Gouvernorat de Kasserine dans le cadre d'un convoi Humanitaire et d'entr-aîde, précisément à Hassi El Frid une trentaine de Kilomètre de la ville de Kasserine, vous ne savez pas à quel point le vide est entrain de se créer. Je ne parle pas des conditions matérielles des citoyens, qui ne laissent personne indifférent, mais d'une atmosphère générale qui est entrain de s'installer traduisant un rejet presque général de toute autorité. Ce sentiment se manifeste par un flou général qui traverse les populations qui ont l'impression d'attendre le Miracle. Il se traduit aussi par le déferlement permanent des gens dans les rues, par le pénible travail que font les comités de protection de la révolution à encadrer la grogne des foules qui réclament sans cesse leurs droits au travail et se lamentent des conditions décentes de leur vie. L'absence de l'Autorité de l'Etat se voit au jour avec la prolifération du commerce de l'essence qui dépasse le cadre de l'informel et en dit beaucoup sur les énormes circuits en exercice que tout Gouvernement aurait le mal du monde à encadrer. J'ai l'impression qu'une nouvelle forme de sociétés est entrain de se constituer en Rupture totale avec le Centre. De nouvelles traditions s'installent, de nouveaux comportements commencent à prendre le dessus sur ce qui est connu et partagé jusqu'ici par tous les Tunisiens en termes de relations sociales et de rapports avec le concept de l' « Autorité ». Un nouveau langage s'instaure qui reflète le même désespoir pour lequel cette révolution a été entamée. Le rapport avec le Pays « La Tunisie » ne semble pas se partager de la même façon chez les Tunisiens. Il y a un sentiment de frustration et un climat d'incertitude et de non confiance qui est entrain de s'enraciner peu à peu. Et je crois fort que ce même constat est vrai pour les autres régions. Ce vide cruel dont notre Gouvernement, « que tout le monde cherche », en est entièrement et totalement responsable ne peut s'expliquer que par une détermination, dont on ignore l'origine, à léguer au nouveau « Gouvernement Démocratique » une société désarticulée, disloquée incapable de résoudre les problèmes qui s'accumulent et qui se multiplient. Tout semble se préparer pour ce futur « Gouvernement de révolution » sera dans l'impossibilité de gérer le pays, faire régner la loi et imposer le respect des règles de vie commune si cette atmosphère de décomposition et ce climat d'incertitude et d'inertie se prolonge encore plus dans le temps. Toutefois, il faut souligner la manière de communication « révolutionnaire » avec laquelle ce Gouvernement parle au peuple qui se fait par l'intermédiaire des communiqués de presse, le dernier c'est sa demande d'extradition du déchu Ben Ali avec une précision de taille c'est celle de sa décontenance sur son état de santé ; Certainement pour lui préparer des funérailles qu'il mérite ! Si Gaddafi est entrain de défendre son pouvoir par les tueries et sur les cadavres des innocents, notre Gouvernement est entrain de défendre le sien par son inertie et son laisser-aller qui finira forcément par la décomposition de notre société et la dislocation de notre pays. Pour cette raison il doit partir. A propos de notre ami Gaddafi en entendra de ses nouvelles ce vendredi avec l'aide de Dieu.