Le 45ème président des Etats-Unis, Donald Trump s'apprête à annoncer ce mercredi dans un discours télévisée, le transfert de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Al-Qods (Jérusalem) qu'il veut reconnaître comme capitale d'Israël, au risque d'embraser la région en attisant les tensions déjà à vif comble en raison de l'impasse du processus de paix. Trump a précédé sa décision par des entretiens téléphoniques séparés avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le rois de Jordanie Abdallah II et d'Arabie saoudite Salman ainsi que le président égyptien Abdel Fatah Al-Sissi au cours desquels il leur a annoncé son intention de transférer l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem et de la reconnaître comme capitale d'Israël. Ces dirigeants du Moyen-orient l'ont mis en garde contre les conséquences d'une telle mesure, affirmant que cela risquerait d'attiser les tensions et de compromettre à jamais le processus de paix dans la région. Promesse électorale aux lourds conséquences Promesse électorale faite lors de la campagne de Donald Trump, le transfert de l'ambassade américaine et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale a suscité des réactions d'opprobre dans le monde. Ainsi il a opéré une rupture brutale avec des décennies d'une ligne diplomatique adoptée par les différents présidents américains. Le premier à mettre en garde a été le président français Emmanuel Macron qui a affirmé la préoccupation de la France à l'égard de cette décision et de ses repercussions Le bouillonnant président turc Recep Teyyip Erdogan a interpellé Trump l'avertissant que Al-Qods était une ligne rouge à ne pas franchir pour les musulmans, affirmant qu'en tant que président en exercice de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), il convoquera un sommet à Istanbul des dirigeants des pays islamiques. Il a promis d'annoncer des mesures allant jusqu'à la rupture diplomatique avec Israël si Trump mettait en oeuvre sa décision de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem et la reconnaîsse comme capitale de l'Etat hébreu. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a fait part, de sa préoccupation quant aux informations sur la prochaine annonce de Donald Trump sur Jérusalem, estimant que le statut de cette ville "devrait, évidemment, faire partie d'une solution définitive (au conflit) entre Israéliens et Palestiniens, une solution négociée". "Nous-mêmes n'avons pas l'intention de déplacer notre ambassade", a-t-il ajouté. L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov a affirmé ce mercredi que "L'avenir de Jérusalem est quelque chose qui doit être négocié avec Israël et les Palestiniens assis côte à côte dans des négociations directes". La presse israélienne parue ce mercredi a abordé avec prudence l'annonce du transfert de l'ambassade américaine et de la reconnaissance par Donald de Jérusalem comme capitale d'Israël, mettant l'accent sur la vague de violence que cela entraînera et du coût que devra payer les citoyens israéliens en échange de cette reconnaissance. Dans les territoires palestiniens occupées la tension est montée d'un cran et la mobilisation sur les réseaux sociaux a commencé en prélude à des mouvements de protestation, voire à des manifestations sans précédant. Mauvaise volonté des israéliens Le président Donald Trump a également informé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui n'a pas caché sa satisfaction face à une telle décision qui renforce la politique adoptée par la coalition de droite du gouvernement de l'Etat hébreu en matière de radicalisation et de répression des palestiniens. On rappelle que 65 ans après la "Nakba" et la création de l'Etat d'Israël, les Palestiniens croupissent toujours sous le joug de l'occupation israélienne avec son corollaire de répressions, de brimades et de ségrégation et autres vexations à leur égard dans leur propre patrie. Issu de la droite dure, Neteynahu a toujours dénié aux Palestiniens leurs droits fondamentaux, intensifiant la politique de colonisation des territoires occupés et acculant davantage palestiniens dans des ghettos. Les juifs du monde entier ont le droit d'émigrer vers Israël qui leur accorde avantages et autres dispositions incitatives tandis les réfugiés palestiniens qui croupissent dans des camps situés dans le banlieues des capitales des pays arabes sont interdits de retour dans leur patrie d'origine. Deux poids deux mesures Cette situation montre pour le moins la politique de "deux poids deux mesures" adoptée par l'Occident et les puissances mondiales. Nier holocauste, émettre le moindre doute ou insulte conte le peuple juif est passible de prison à défaut de marginalisation, de stigmatisation et de vindicte dans les pays occidentaux alors que les Palestiniens meurent chaque jour sous la tyrannie des militaires , policiers et colons israéliens sans que cela suscite la moindre compassion de la part du monde dit "civilisé". Ce complexe que traîne encore les occidentaux en raison du sentiment de culpabilité à l'égard des juifs massacrés pendant la deuxième guerre mondiale par Hitler avec la complicité de la majorité des européens, empêche aujourd'hui les responsables de ces pays de faire pression sur Israël. Mais ce prétexte tient-il encore actuellement devant les innombrables souffrances subies par les palestiniens qui n'ont ni le droit de résister ni celui de combattre l'injustice de l'occupation israélienne, au risque d'être traités comme des terroristes? L'Occident humaniste et défendeur des droits de l'homme peut-il toujours se prévaloir du titre de champion des causes des droits de l'homme lorsqu'on voit les palestiniens mourir à petit feu, face aux horizons bouchés et la répression implacables de l'Etat hébreu? Pour avoir une idée sur le degré de désespoir des palestiniens , il faut se rappeler ces vagues d'attaques au couteau qui se terminent par la mise à mort des assaillants, reflétant, en fait, l'atteinte du point de non retour. Combien de vie doivent être sacrifiées encore pour que les palestiniens recouvrent leurs droits et vivent libres dans un Etat viable aux frontières fixées par les résolutions onusiennes de 1967? Sachant que tuer en masse est un génocide, Israël préfère tuer les palestiniens au compte goûte sans trop éveiller de soupçons ni d'indignation. Plusieurs pays européens ont reconnu le génocide des arméniens par les turcs à l'époque de l'Empire Ottoman rien que pour contrer la Turquie islamiste d' Erdogan, alors que les palestiniens qui subissent des exactions quotidiennes sont oubliés. Le 2 novembre dernier a été célébré, en grande pompe à Londres, sans regrets ni remords le centenaire de la Déclaration de Balfour adoptée par le gouvernement britannique en 1917 ouvrant la voie à la création de l'Etat d'Israël . Puissance coloniale de l'époque la Grande Bretagne se doit de faire pression aujourd'hui sur Israël et adopter une politique juste afin de donner aux palestiniens leurs droits à la création d'un Etat souverain où ils pourront vivre en paix. La réalité est que les politiques, dans les démocraties occidentales, sont influencés par le phénomène des lobbies qui est notamment très répandu aux Etats-Unis où la communauté juive américaine est très active à travers le Congrès juif de l'AIPAC qui pèse sur les choix américains. Donald Trump, selon de nombreux observateurs, songe au deuxième mandat depuis son accession au pouvoir et n'agit que pour satisfaire la base de son électorat connue pour son conservatisme en faisant fi des valeurs américaines et des principes de la démocratie et du bon sens. Empêtré dans le scandale de l'ingérence de la Russie dans les dernières élections présidentielles dont l'enquête se rapproche de plus en plus du cercle restreint qui l'entoure, cette annonce serait selon des analystes, une action destinée à détourner l'opinion publique américaine vers un sujet controversé. D'autres analystes estiment que l'entourage du locataire de la Maison Blanche aurait pesé dans cette décision étant donné que son gendre et principal conseiller, Jared Kushner est de confession juive tout comme sa femme Ivanka Trump très influente auprès de son père qui s'est convertie au judaïsme. Quoi qu'i en soit, dans cette optique, le mandat de Donald Trump n'est pas prêt à régler le conflit israélo-palestinien. Bien au contraire.