La Tunisie, le pays dont le gouvernement se veut un gouvernement de guerre contre la corruption et les malversations, se trouve étiquetée en tant que paradis fiscal. Comment en sommes-nous arrivés là ? A qui la faute ? Quelles conséquences pour l'économie tunisienne ? Et que faire pour dépasser ce « faux pas » ? Tant de questions qui demeurent, pour le moment, sans réponses. Tant de questions dont nos lecteurs sont en droit de connaitre les vérités. Nous avions été prévenus depuis une année Il faudrait d'abord qu'on sache que le gouvernement tunisien était au courant de l'engagement des procédures de l'inscription imminente, par l'UE, de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux. Et ce, depuis le mois de novembre 2016. Puis, en 2017, l'UE a adressé au gouvernement tunisien un courrier signifiant son intention de coucher la Tunisie sur cette fameuse liste, à moins de fournir des éléments de réponse à sept critères pour les quels l'UE demandait des éclaircissements. Donc, tous ceux qui ont fait semblant de tomber des nues, ces derniers jours ne peuvent être que des menteurs ! De graves retombées sur l'économie et les finances du pays Plusieurs médias ont traité des funestes retombées de l'inscription de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux. Mais il faudrait savoir que tant qu'on y est (sur cette liste), il sera rudement difficile d'emprunter le moindre centime de l'UE. sans compter que cette décision pourrait influencer la relation entre la Tunisie et le FMI, quand il va être question de débloquer la troisième tranche du crédit du FMI (qui devait être versée en mois de septembre), et, aussi, la possibilité d'avoir des crédits sur le marché financier international et si la Tunisie obtient des offres, elles seront à des taux très élevés. Or, l'Etat a un besoin vital d'argent en ce moment. Peut-être que çà pourrait passer pour le mois de janvier 2018, où il n'y aura pas trop de dépenses à prévoir. Mais il va être impératif de se sortir de cette situation pendant le mois de janvier, Car, sinon, les blocages cités dessus resteront d'actualité, et la trésorerie de la banque centrale en souffrira au mois de février, les réserves en devises chuteront. Et la BCT se trouvera obligée de faire des actions évitables (crédit à des taux élevés, planches à billets ....) pour espérer obtenir les fonds dont nous aurons besoins pour février et pour le reste de l'année. Sinon, nous serions obligés de vendre des entreprises publiques, ce qui ne semble pas ravir nos amis de l'UGTT. (Quoique, au fond, cette éventualité pourrait expliquer que, quelque part, on ait fait de sorte de plonger le pays dans ce bourbier, histoire de pouvoir convaincre les têtes brûlées de l'UGTT de l'obligation de se défaire de quelques entreprises). La faute aux bleus du ministère de la coopération internationale...Mais pas seuls ! Tout le monde sait que le gouvernement tunisien a traité avec une « légèreté » coupable ce dossier qui est parvenu à son gouvernement depuis une année. Mais ce que tout le monde ne sait pas, c'est que le ministère des finances, à qui le dossier avait été confié au départ, s'est acquitté de son travail purement technique, et a répondu aux exigences de l'UE, du moins, en ce qui concerne six des sept critères, sujets de questionnements de la part de l'UE. Mais, une fois le dossier parvenu au ministère de la coopération internationale, qui constitue l'interlocuteur du gouvernement par rapport aux instances internationales, le super ministre Zied Laâdheri, en fin connaisseur des affaires de son ministère, de même que ses innombrables conseillers triés au nom la foi et de l'allégeance, n'ont pas jugé urgent de traiter le dossier et n'ont rien compris à ses enjeux. Et, surtout, n'ont rien expliqué en ce qui concerne le septième critère de l'UE. Mais, à part ces « lumières » du ministère de la coopération internationale, il ne faudrait pas perdre de vue l'abstention fautive des autres lumières qui encombrent les couloirs de la Kasbah et que sont les illustres conseillers économiques du chef du gouvernement. Il faut reconnaitre que les anciennes équipes gouvernementales, surtout d'avant la révolution, étaient rodées à ce genre d'exercices, puisque la Tunisie n'avait jamais été classée dans les listes noires du FMI ni de l'OCDE. mais l'équipe actuelle n'a pas daigné et justifié le nouveau point (septième point) qui demande de ne rien faire pour attirer les sociétés off-shore, en pratiquant du dumping fiscal, et d'adhérer aux exigences européennes pour contrer la fraude fiscale. Le problème avec le « septième critère » c'est qu'il n'y a pas de problème Concernant le septième critère pour lequel l'UE demandait des explications, c'est celui de l'exonération d'impôts pour les investisseurs européens qui installent en Tunisie des sociétés off shore. Car dans ce cas, ces industriels auraient toutes les raisons de fuir l'espace européen, pour s'installer en Tunisie, et profiter de l'exonération d'impôts. Or, ce que de nombreuses personnes ne savent pas, y compris, certainement nos « amis » du ministère de la coopération internationale qui devaient préparer la réponse, c'est que les industriels européens installés en Tunisie payent bien leurs impôts, qui sont, même supérieurs à ceux qu'ils auraient payé dans quelques pays de l'espace européen, puisque, par exemple un investisseur étranger a payé en 2016, 10% d'impôt sur la société, plus 5% à titre de distribution de dividendes, plus l'imposition d'une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 7,5% sur les bénéfices des sociétés... Soit 22,5% alors qu'en Irlande il n'aurait payé que 12,5%, ou 15% en Allemagne, ou encore, 19% au Luxembourg. Sachant que par rapport à la nouvelle loi de finances 2018, il est prévu de taxer ces entreprises à hauteur de 20%, soit autant, voire plu,s que dans certains pays d'Europe. Donc, s'ils avaient su, nos lumières de dirigeants auraient pu répondre, les doigts dans le nez, serions-nous tentés de dire. Mais, non. Ils n'en savaient rien ! C'est ce que çà coûte que de noyer l'administration tunisienne de « compétences » post révolutionnaires. Et maintenant... Que faire pour s'en sortir ? Et maintenant, pour sortir la Tunisie de l'abîme où elle a été jetée par la faute de son élite, ce qu'il faudrait faire, c'est demander des comptes à cette élite. De la punir en conséquence, et de la bannir de toutes les sphères, y compris, et surtout, de la mémoire des tunisiens. Après, il suffira d'expliquer aux européens ce que les autres n'ont pas su expliquer. C'est à dire que nous ne sommes point un paradis fiscal, et que nous avons les éléments qui attestent du contraire, pour que la vie reprenne son cours, quelques incompétents en moins.