Il a jeté un pavé dans la mare, l'ex ministre de l'intérieur, quand en se défendant d'avoir refusé de signer des ordres en rapport avec des directives du chef du gouvernement, Lotfi Brahem a expliqué, qu'en ce qui concerne les ordres d'assignation à résidence, il est vrai qu'il a refusé, dans certaines circonstances, de signer les ordres, vu que, dit-il, il n'y avait aucun dossier judiciaire, ni même, le moindre chef d'accusation justifiant ces assignations à résidence. Brahem a expliqué qu'il s'est rendu compte, en prenant ses fonctions au Ministère de l'intérieur, qu'il y avait des personnes assignées à résidence depuis cinq mois et plus, sans aucune raison ni aucun dossier judiciaire, ajoutant qu'il y a eu, même, des tentatives de suicide de la part de ces personnes. Il a revendiqué son refus de signer de tels ordres, expliquant qu'il ne pouvait se résigner à bafouer la loi, dans ce domaine. L'ex ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, expliqué qu'en termes de guerre contre la corruption et contrairement à ce qu'on disait de lui, dans le sens où il était opposé à cette mesure, que les forces de l'ordre ont enquêté sur 250 ou 300 dossiers concernant des personnes corrompues, au sein même des institutions étatiques, mais que ces dossiers sont restés sans suite. Il a ajouté que ce n'était pas normal que la guerre contre la corruption se concentre, uniquement, sur quelques individus ayant des contentieux avec les douanes, et épargne les nombreux corrompus qui sévissent au sein des entreprises de l'Etat. Brahem a précisé qu'il a, dès le début, demandé à ce que les mesures d'assignation à résidence soient légiférées par une loi claire, sans équivoque et, surtout, constitutionnelle. Comme il a demandé à faire participer les cercles judiciaires dans ces affaires, afin de préparer des dossiers valables pour assigner à résidences tous les corrompus, non pas seulement ceux qui ont des affaires de douane. Ces propos ont jeté le doute sur le bien-fondé et le sérieux de la soit-disant guerre contre la corruption et risquent de provoquer de sacrés remous. D'ailleurs, ces déclarations ne sont pas tombées dans les oreilles d'un sourd, puisque l'avocat Nizar Boujlel, coordinateur général de la « commission des 50 avocats pour la défense des libertés et la lutte contre la déviance du pouvoir », s'est jeté sur l'affaire et a annoncé que la commission tiendra dans les prochains jours, un point de presse pour détailler son point de vue vis à vis de cette histoire et pour préparer une plainte en pénal, contre le chef du gouvernement et ceux qui ont collaboré avec lui dans ce dossier, pour « enlèvement de citoyens et séquestrations sans raison judiciaire ». Maître Boujlel appelle, à cette occasion, tous les juristes et les défenseurs des libertés individuelles, à venir nombreux au point de presse et à soutenir l'action de la commission.