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Les mains sales
Point de Mire
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 05 - 2017


Par Abdelhamid GMATI
Le chef du gouvernement est donc passé à l'acte dans sa guerre «déclarée» contre la corruption. Les arrestations des «gros poissons de la corruption» effectuées ces derniers jours attestent de sa détermination à concrétiser ses promesses. Cela lui a valu une vague de soutien populaire et un regain de popularité et de confiance de la part des citoyens tunisiens. C'est que la corruption qui sévissait du temps de l'ancien régime a pris de l'ampleur ces dernières années, a régulièrement été dénoncée et les Tunisiens, dans leur ensemble, ne veulent pas des passe-droits, des détournements de fonds publics, des pots-de-vin, de la contrebande et des financements illicites. Mais si le déclenchement de cette campagne est largement soutenu, il y a une question qui se pose : Youssef Chahed réussira-t-il à débarrasser l'Etat tunisien des mains sales qui le gangrènent ? Il y a, bien sûr, sa détermination qui semble inébranlable : «Dans la guerre contre la corruption, il n'y a pas d'alternative : soit la corruption, soit l'Etat. Soit la corruption, soit la Tunisie; et moi j'ai choisi la Tunisie, comme tous les Tunisiens», affirme-t-il. Il y a, aussi, l'engagement du président de la République «à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à la lutte contre la corruption». Et bien sûr et ce n'est pas négligeable, l'engagement à cibler tous les secteurs et toutes les institutions, la douane, l'administration, les services de sécurité et même la magistrature et l'ARP. Et dans son action, le chef du gouvernement a le soutien populaire, et celui de plusieurs partis politiques, d'organisations nationales (Ugtt et Utica), de représentants de la société civile. Oui, mais.
Dans cette «presque» unanimité, il y a des voix discordantes et des obstacles. N'insistons pas sur les «dénigreurs professionnels», qui sont contre tout et contre tous, comme le Front populaire et Al Irada. Facile de connaître les raisons de ceux qui sont contre cette campagne contre la corruption et la contrebande : elle nuit directement ou par ricochet à leurs intérêts, ou elle les prive d'un motif de dénigrement. Il n'en demeure pas moins que l'on s'interroge sur la suite de ces arrestations qui vont certainement se multiplier. Car cette lutte contre la corruption a été adoptée par les gouvernements successifs. L'ancien chef du gouvernement et président du parti Al Badil Ettounsi, Mehdi Jomâa, rappelle qu'en 2014, une campagne identique avait été menée et avait abouti à l'interpellation de 6 gros poissons de la corruption. «Cette lutte anticorruption «réussie» n'avait pas été médiatisée pour ne pas perturber la période électorale de 2014». L'interpellation des six gros poissons entrait dans le cadre des dispositions du code des douanes qui ne prévoit pas de peine d'emprisonnement. Une législation d'initiative gouvernementale a été adoptée pour «donner de plus grandes prérogatives au pouvoir exécutif dans les affaires de corruption». Et il déplore que «malheureusement, deux ans et demi après, cette loi n'a jamais été réactivée». En janvier dernier, Chawki Tabib, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, a annoncé que trois ministres et des P.-d.g. d'établissements publics sont liés à des affaires de corruption et ces dossiers ont été transmis à la justice. Et il rappelle que l'Inlucc a déposé 120 dossiers auprès des différents ministères publics: 20 dossiers au Pôle judiciaire financier, 33 dossiers aux tribunaux de première instance de Tunis, d'autres aux gouvernorats et aux tribunaux militaires et 18 dossiers aux postes de police. 22 autres dossiers ont été aussi déférés devant le ministère public qui n'ont pas été encore traités et sont «toujours en cours», et enfin 27 dossiers ont été transmis au Tribunal de première instance de Tunis avant janvier 2016. De son côté, le juge Ahmed Souab déclarait, jeudi 26 mai 2016, «qu'il y a un document comportant les noms des cinq personnes les plus mouillées dans des affaires de corruption en Tunisie. Cette liste est connue depuis les gouvernements Béji Caïd Essebsi et Hamadi Jebali, rien n'a été fait jusqu'à aujourd'hui pour traduire les coupables devant la justice». Et il affirme que 300 mille dossiers de corruption ont été transmis au tribunal de première instance de Tunis et que la commission d'analyse financière relevant de la Banque centrale a établi une liste des cinq personnes les plus citées dans des affaires de corruption».
On relèvera que le gouvernement a adopté une stratégie de nature à éviter certains écueils, et à répondre par avance à certaines objections juridiques. On a, tout simplement, appliqué les dispositions légales de l'état d'urgence. Le ministre de l'Intérieur l'a souligné. Et l'avocat Lazhar Akremi, ancien ministre, précise : «Ces personnes, qui sont soupçonnées d'atteinte à la sécurité publique et à la sûreté de l'Etat, ont été arrêtées sur la base l'article 5, du 26 janvier 1978, organisant l'état d'urgence, qui permet au ministre de l'Intérieur d'assigner à résidence des personnes pouvant constituer une menace à la paix publique. Ce recours allège les conditions d'enfermement des suspects. Mais il permet surtout au gouvernement de contourner l'écueil de la corruption qui persiste encore dans le secteur de la magistrature». A préciser aussi que les accusations «d'atteinte à la sécurité publique et à la sûreté de l'Etat» relèvent du Tribunal militaire. C'est pourquoi le parquet militaire a annoncé «l'ouverture d'une instruction contre l'homme d'affaires Chafik Jarraya et ce pour atteinte à la sûreté externe de l'Etat, trahison et complicité, et sa mise à la disposition d'une armée étrangère en temps de paix et ce après que le parquet militaire eut reçu des plaintes contre lui faisant part de son implication dans des actes portant atteinte à la sûreté de l'Etat. Ces décisions sont prises sur la base des articles 60 bis alinéa 1 et 2; 60 quater alinéa 2 et 4, l'article 32 du code pénal et l'article 123 du code de la justice militaire. Suite à cela, le juge d'instruction a décidé d'émettre un mandat de dépôt contre le prévenu».
Et pour garantir la poursuite et le succès de sa campagne, Youssef Chahed a donné des instructions pour «arrêter toute personne qui chercherait à intervenir pour faire libérer des barons de la corruption et de la contrebande, arrêtés en vertu de l'article 5 du décret n°78-50 du 26 janvier 1978 relatif à l'état d'urgence».
On le constate : pour nettoyer le pays de ces «mains sales», il va falloir beaucoup de «lessive et de javel».


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