Le président du parti islamiste d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a publié sur sa page facebook, un post fleuve qui cache beaucoup de « non-dits ». Un post, qui, en apparence, est adressé aux tunisiens et à la classe politique, mais, après une lecture plus attentive, on se rend, rapidement compte, qu'il s'agit d'un message de tranquillisation et d'appel au calme et à la retenue, destiné à es détracteurs parmi les partisans d'Ennahdha. En fin politicien, rompu aux manœuvres politiques habiles, Rached Ghannouchi a flairé le piège que constituait pour lui, et pour ses frères, le fameux rapport de la COLIBE, puisqu'il a, déjà, montré à tout le monde, et surtout à la communauté internationale, que la réaction des islamistes contre ce rapport montre bien qu'ils sont bien loin du parti civique qu'ils prétendre être devenus. Ghannouchi a, donc, flairé le piège et a eu peur. Il a adressé ce message aux détracteurs parmi les siens. Il leur rappelle qu'il avait été, aussi violemment, critiqué pour avoir laissé le pouvoir alors qu'il avait la "légitimité", à l'occasion du fameux rendez-vous de Paris qu'il a eu avec BCE, alors, leader de l'opposition, mais finalement, il a réussi, a-t-il prétendu, à éviter à Ennadha le sort des frères d'Egypte. Il se vante d'avoir sauvé la confrérie d'une tuerie. Il rappelle les critiques qu'il a essuyés mais se félicite, tout de même, de la reconnaissance de la base du parti, témoignée lors des dernières élections municipales. Il a voulu, à ce propos, tranquilliser l'opposition qu'Ennahdha n'a aucun projet d'abuser de son succès. Il revendique, par ailleurs, ici, sa part de glorification de la femme tunisienne, avec le nombre de 40 élues d'Ennahdha, aux municipales. Il informe sa base qu'il veut retourner à la case de consensus, ébranlé par l'épisode Chahed, en insinuant qu'ils vont pouvoir s'en débarrasser après la présentation du PLF 2019. Concernant le rapport de la COLIBE il promet de bien l'étudier une fois transmis devant l'ARP. Il n'a pas voulu rater l'opportunité de ce message pour se démarquer du côté violent des terroristes islamistes, et se présente, lui même comme leur ennemi puisqu'il présente pour eux, la modernité dans l'Islam, ce qui contrecarre leurs projets. Il a tenu à tranquilliser les tunisiens (et les autres, par la même occasion) que la course aux élections est légitime, mais que même en cas de victoire d'Enahdha, elle continuera à gouverner avec ce même esprit de consensus aves ses alliés. De façon très intelligente il condamne les campagnes de dénigrement et les attaques, à travers les pages facebook, et les médias, orchestrées contre BCE, et propose de mettre un terme à ce laisser-aller, sachant que les plus campagnes les plus acharnées sont menées contre Ennahdha et certains de ses ministres. Donc, sous prétexte de protéger le président de la république, il pourra faire taire les détracteurs de son mouvement. Il revient, à la fin au rendez vous de Paris, pour rappeler qu'il a permis de sauver la confrérie, en avouant que celle-ci, a, encore, aujourd'hui, plus que jamais besoin d'une telle politique de consensus, qui lui permet de gouverner derrière une vitrine. Un discours, probablement, destiné, en grande partie, à ses détracteurs parmi ses partisans, et motivé par la peur bleue qui se développe chez les membres de la confrérie avec les nouvelles visions les concernant, par les grandes puissances, et notamment, par l'équipe de Donald Trump. Sans oublier deux éléments de taille, qui pourraient susciter la panique chez les frères de tous bords, et surtout en Tunisie : D'abord le revirement des américains vis-à-vis de la Turquie, porte drapeau des « frères », qu'ils sont en train d'étouffer dans une crise financière ans précédant, ce qui laisse redouter une nouvelle position des USA vis-à-vis des islamistes. Ais il y a, aussi, le deuxième élément qui est, encore, plus effrayant ; et qui est la proposition de changer l'actuel ambassadeur US à Tunis, le démocrate Rubinstein, par le républicain, Donald Armin Blome, choisi par Donald Trump, en personne, pour occuper la chancellerie de Tunis. Un diplomate aguerri qui était chargé d'affaires au bureau extérieur pour la Libye à Tunis, après avoir été consul général des Etats-Unis à Jérusalem (2015-2018), et conseiller politique à l'ambassade américaine à Kaboul ainsi que ministre conseiller pour les affaires économiques et politiques à l'ambassade US au Caire.