Le parti islamiste d'Ennahdha, principal soutien du chef du gouvernement Youssef Chahed, a, jusqu'à il y a quelques jours, eu un différend avec lui, en ce qui concerne le timing du remaniement ministériel tant attendu. En effet, autant Youssef Chahed était pressé d'en finir avec ce dossier et de le clore, pour passer à la suite de son programme, autant le Cheikh Rached Ghannouchi, le faisait patienter, car il voulait reporter l'annonce de ce remaniement après le vote de la loi de finance 2019. Or, entretemps, il y a eu des évènements qui ont mis Ennahdha devant un dilemme assez délicat. En effet, au départ, Ennahdha qui n'a de tête et d'yeux que pour les échéances de 2019, voulait reporter le remaniement pour après le vote de la loi de finance. Car ils savent à Ennahdha que ce projet de loi va, plus, faire des mécontents que des satisfaits parmi les citoyens, y compris leur partisans, donc leur masse électorale qui risquerait de ne pas apprécier. Donc, ils voulaient faire voter la loi de finance avant de prendre comme ils le souhaitent le contrôle du prochain gouvernement avec leurs hommes aux postes clé. Comme çà, ils atteindront les élections de fin 2019, déjà aux commandes du pays, pour pouvoir « contrôler » les élections et se garantir les meilleurs résultats possibles. Mais ils pourront toujours répondre aux mécontents de la situation socioéconomique, que c'est du à la loi de finances qui avait été élaborée par une autre équipe que la leur, et qu'ils ne peuvent pas y changer grand-chose. Or, ces derniers jours, il y a eu un fait qui a commencé à déranger Ennahdha, qui commence, du coup, sérieusement, à envisager un remaniement immédiat. Il s'agit de la motion de censure qui aurait été déposée par les blocs parlementaires du Front National et de Nidaa Tounes en vue de retirer la confiance à Zied Laâdheri, ministre nahdhaoui du développement, et à Anouar Maârouf, le ministre, également nahdhaoui, des TIC's. Car si le vote de cette motion de censure passait avant le vote de confiance au nouveau gouvernement, Ennahdha risquerait, fort, de devoir se passer de ses deux hommes, pour l'équipe suivante. Ce serait, donc, ce qui aurait poussé le Cheikh à s'accommoder de la date de compromis trouvée avec Chahed, et qui serait celle du 15 novembre. Une date suffisamment rapprochée pour devancer toute séance de vote de confiance à ses deux ministres, et assez tardive, pour pouvoir prétendre que les difficultés que connaitra le pays l'année prochaine seront dus à une loi de finance qui n'avait pas été préparée par leurs soins !