La répression sanglante se poursuit en Syrie. Des soldats appuyés par des blindés sont intervenus tôt dimanche à Rastan et Talbisseh, localités situées près de Homs dans le centre du pays, d'après des militants des droits de l'Homme. L'armée a également tiré sur la foule à Deir el-Zour (nord-est), quelques heures après de nouvelles manifestations contre le régime de Bachar el-Assad, notamment dans les faubourgs damascènes de Douma et Zabadani. Selon ces militants qui ont requis l'anonymat par crainte de représailles, toutes les routes conduisant à Rastan et Talbisseh ont été coupées, ainsi que les télécommunications. “Les villes sont assiégées”, résument-ils. Les forces de sécurité ont par ailleurs ouvert le feu durant la nuit sur des manifestants hostiles au régime en divers endroits du pays, a déclaré dimanche le militant des droits de l'Homme Mustafa Osso. Les tirs ont fait plusieurs blessés à Deir el-Zour (nord-est) où quelque 8.000 manifestants s'étaient rassemblés, a-t-il précisé. M. Osso a également fait état de manifestations à Zabadani et Douma dans les faubourgs de la capitale, Damas. Ces derniers jours, de nombreux militants ont décidé de manifester de nuit et d'organiser des veillées, escomptant une présence moindre des forces de sécurité. Parallèlement, l'armée menait des opérations dans la localité de Hirak (sud), près de Deraa où le soulèvement contre le régime du président Assad a débuté à la mi-mars. Déterminé à écraser le soulèvement, le régime syrien a envoyé l'armée “partout où il y a des manifestations”, a résumé Mustafa Osso. L'armée, accompagnée de blindés, s'est déjà déployée notamment à Deraa (sud), Banias (nord-ouest), Homs (centre) et Talkalakh (ouest) près de la frontière avec le Liban. Méthodique, la façon de procéder est à chaque fois la même, expliquent des habitants et militants des droits de l'Homme. Chaque ville est assiégée, coupée du monde, privée d'électricité et de télécommunications. Des tireurs embusqués prennent pour cible ceux qui s'aventurent dehors. Parallèlement, les forces de sécurité ont procédé à des milliers d'arrestations, opérant immeuble par immeuble. Les prisons débordent de détenus, contraignant les forces de sécurité à en libérer certains, “non sans les avoir soumis aux pires formes de tortures”, selon le Bureau national de coordination, qui regroupe des comités organisant localement les manifestations. D'après des organisations syriennes de défense des droits de l'Homme, plus de 1.000 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement il y a dix semaines. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont pris des sanctions contre le régime alaouite, dont un embargo sur les ventes d'armes et un gel des avoirs de plusieurs dignitaires syriens, dont Assad.