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Par Mohamed Ammar – Un concept Impérial : Les droits de l'homme
Publié dans Tunisie Numérique le 23 - 12 - 2018

Le Président de la République a remis la médaille de l'ordre de la République à deux militants à l'occasion du 70ème anniversaire de la déclaration des droits de l'homme de 1948 de l'ONU. D'autres festivités ont été organisées par le Conseil des droits de l'homme qui remplaça la commission du même nom par un vote de l'Assemblée Générale du 15 mars 2006 malgré l'opposition des Etats-Unis. Les institutions onusiennes chargées de promouvoir, de contrôler et renseigner sur le respect des droits de l'homme pullulent. Pourtant aucune réaction au massacre des enfants du Yémen ! Ni même la condamnation de l'état israélien qui jette les enfants palestiniens en prison. N'est-ce pas une violation des dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant ? Mieux, le Conseil des droits de l'homme a subi les foudres du gouvernement israélien jugeant qu'il est'' biaisé'' et qu'il ‘' se concentre de manière disproportionnée sur la situation des territoires occupées'' ? En septembre 2015, l'Arabie Saoudite est élue à la tête du conseil des droits de l'homme alors que lors de la création du Conseil des droits de l'homme, les USA sous le règne de George W. Bush ont voté contre jugeant insuffisants les garde-fous posés pour garantir l'exclusion des pays indésirables. Le 19 juin 2018, les USA quittent le Conseil des droits de l'homme qui a fait des ‘'misères'' à Israël. Le lecteur averti saisi que les droits de l'homme est un instrument dont les USA usent selon leur vision impériale des rapports interétatique durant l'ère postcoloniale. Car l'indépendance des Etats n'a pas modifié la réalité des rapports de force dans les relations internationales. D'ailleurs, n'est-il pas significatif que les Nations unies n'ont voté la Déclaration sur l'indépendance des pays et des peuples colonisés qu'en 1960 ? L'accession à l'indépendance des pays du Sud devait signifier la fin de l'ingérence. Hélas, l'impérialisme n'a pas pris fin, n'est pas soudain devenu du « passé » avec la décolonisation. Dans la préface à la seconde édition de son livre After Imperialism (1963) Michael Barrat Brown écrivait : « L'impérialisme reste incontestablement une force extrêmement puissante dans les relations économiques, politiques et militaires qui assujettissent les pays économiquement les moins développés aux pays développés… ». Cette domination a varié avec l'évolution du système capitaliste. De fait durant la première période de la guerre froide, les deux puissances n'ont accordé aucun intérêt aux droits de l'homme. Bien mieux, les deux les ont violés. Dans les années 70, surtout durant la présidence de Carter, les Etats unis ont usé des droits de l'homme pour mettre la pression sur les pays du bloc de l'est. Dans les années 1980, le capitalisme mondial entame son implosion. Pour justifier l'ingérence les dominants ont usé des droits de l'homme et la démocratie à la fin la fin du XXe et au début du XXIe siècle.
Les droits de l'homme durant l'ère bipolaire
A la fin de la seconde guerre mondiale, l'occident n'avait plus sous la main l'argument de l'évangélisation chrétienne, pas plus que l'idée de mission civilisatrice des puissances coloniales. En outre le phénomène de l'indépendance et l'adhésion des Etats décolonisés aux Nations unies devaient signifier la fin de l'ingérence. Mais le système-monde de type capitaliste, dont le mode de fonctionnement est fondé sur l'expansion et l'ingérence, a usé d'un argument qu'il désigne par les vocables de « civilisation », « croissance économique », « développement » et/ou « progrès ». L'éthique de ce système-monde a toujours alimenté un vif débat : A qui revient le droit d'ingérence ? La question se pose depuis le fameux débat des deux théologiens espagnols, Bartolomé de Las Casas et Juan Ginès de Sepulveda. La commission juridique spéciale du Consejo de las Indias à Valladolid, convoqué par Charles Quint en 1550, pour le conseiller sur les mérites respectifs de Sepulveda et de Las Casas n'a pas prononcé de verdict définitif. Depuis ce sont toujours les partisans de l'ingérence qui l'emportent (les Sepulveda). Les Etats- Unis sont sortis vainqueurs de la deuxième guerre mondiale. Ils ont détrôné les deux empires français et anglais pour prendre le leadership du ‘'monde libre'' contre le bloc soviétique. Ce partage nait des accords de Yalta. Pour justifier leur domination, les USA élaborent nouveau concept : les droits de l'homme. En 1948, les Nations-Unies ont érigé en clé de voûte la Déclaration universelle des droits de l'homme, ratifiée par quasiment tous les membres. C'est un ensemble d'idéaux auxquels les Etats membres faisaient allégeance. Mais cette dernière ne s'impose qu'aux états. Cette Déclaration a été violée par les Etats unis qui sont intervenus militairement dans le tiers monde tous les ans de 1945 à 1967 selon Richard Barnet. En Asie, les Etats unis ont livré deux grandes guerres, parrainé les offensives militaires massives d'un « gouvernement ami » qui ont causé des centaines de milliers de morts (l'Indonésie au Timor-Oriental, renversé des gouvernements (Iran) et soutenu des Etats dans des actions illégales menées en violation des résolutions des Nations unies et contraire à la politique américaine déclarée (Turquie, Israël). On peut affirmer que durant cette période l'occident n'accordait pas d'importance aux droits de l'homme. Les USA ont suscité l'apparition des Organisations non gouvernementales (ONG) des droits de l'homme tel qu'Amnesty International puis Médecins sans frontières. Mais ces ONG ont été partielles et partiaux dans la défense des droits de l'homme.
En 1975, les Etats unis, l'Union soviétique, le Canada et la plupart des pays européens ont signé les accords d'Helsinki lors de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Ces accords obligèrent tous les signataires à respecter la lettre de la Déclaration des Droits de l'homme. Cet Accord fut instrumentalisé par les Etats unis pour exercer une pression sur les pays de l'est. Ils créent Helsinki Watch. L'arrivée de Jimmy Carter au pouvoir s'assigna comme mission de promouvoir les droits de l'homme en Union soviétique. Pendant la même époque, trois interventions eurent lieu. Israël investit l'aéroport d'Entebbe (en Ouganda) pour sauver des otages israéliens. Les commandos israéliens abattirent des gardes ougandais et libérèrent les otages. Le 25 décembre 1978, des troupes vietnamiennes traversèrent la frontière du Cambodge, renversèrent le régime des khmers rouges et installèrent un nouveau gouvernement. Enfin, en octobre 1978, l'Ouganda d'Idi Amine Dada lança une offensive contre la Tanzanie, qui contre-attaqua aussitôt, ses troupes finissant par atteindre la capitale ougandaise pour renverser le président et le remplacer par un autre. C'est au nom des droits de l'homme que ces trois interventions ont été justifiées- la défense contre une prise d'otages, et le renversement de régimes dictatoriaux d'une grande perversité dans les deux autres. Les Etats intervenants ont cru et maintenu qu'ils agissaient pour répandre la justice, et par conséquent moralement légitimés par le droit naturel, à défaut de l'être par le droit international.
Droits de l'homme : l'ingérence ‘' de la démocratie libérale''
La question de savoir qui avait le droit de s'ingérer dans les affaires des Etats a taraudé la structure politique et éthique du système monde moderne de type capitaliste depuis le XVIè siècle à nos jours. Ce sont, depuis cette date, les plus forts qui en ont usé. Mais c'est un droit difficile à légitimer donc il a été contesté depuis. L'occident a eu recours à la justification éthique- le droit naturel et le christianisme au XVIè siècle, la mission civilisatrice au XIXè, les droits de l'homme et la démocratie à la fin du XXè et au début du XXIè. L'idéologie occidentale a toujours ressenti le besoin « qu'un immense abîme soit posé entre l'ouest civilisé, traditionnellement engagé pour la dignité humaine, la liberté, l'autodétermination, et la brutalité barbare de ceux qui, pour une raison quelconque- peut-être des gênes défectueux- ne parviennent pas à apprécier toute la valeur de cet engagement historique, si bien illustrée par les guerres de l'Amérique en Asie » selon Noam Chomsky dans son livre, ‘'Towards a New Cold War : Essays on the Current Crisis and How we Got There, New York, Panthéon, 1982, p.84-85. J'abonde dans le même sens pour expliquer le droit d'ingérence soutenu par les intellectuels français. Le plus fameux porte- parole fut Bernard Kouchner qui a crée l'ONG ‘Médecin sans frontières'. Il a justifié l'intervention de l'OTAN en ex-Yougoslavie. Mais il n'a pas bougé lors de la guerre civile au Rwanda. La responsabilité de la France et de la Belgique ont été engagées dans le massacre des Tutsis par les Hutus. Les droits de l'homme sont l'arme des puissants qui fixent les normes de comportements'' universels''. Le lecteur réalise que l'empire américain ne s'embarrassa pas outre mesure quand l'Etat profond américain a décidé de faire la guerre à l'Irak en 1990. La manipulation médiatique a renforcé le sentiment illusoire chez les américains de participer à la décision d'engager les Etats-Unis dans leurs lointaines aventures. ‘'Nous'' devions être dans le golfe, réglementer le comportement des Etats, des armées et des peuples. Et, dans tout cela, les Nations unies apparaissaient au mieux comme un prolongement de la politique américaine. L'invasion américaine de l'Irak en 2003 fut justifiée par la nécessité de débarrasser le monde d'un'' dictateur pervers et dangereux'', Saddam Hussein. L'empire américain a pu réaliser ses objectifs car dans le système-monde moderne de type capitaliste le système du pouvoir est structuré de manière pyramidale de sorte que les Etats les plus forts parviennent à imposer leur volonté. Depuis le début du XXIè siècle, l'empire américain a mis en application la doctrine du chaos (voir mon article paru dans ces colonnes le 28 septembre 2018 : « Le Chaos : La nouvelle stratégie US ». L'empire a décidé de détruire le monde arabe, c'est désormais le ‘'Printemps arabe'' en souvenir de la révolte arabe de 1916 et des exploits de Laurence d'Arabie. Ce projet a été justifié par la propagation de la démocratie et des droits de l'homme bafoué par les dirigeants de ces pays. Les droits de l'homme sont un instrument commode pour la politique impériale. La victoire de la Syrie grâce à l'appui de la Russie, de l'Iran et du Hezb Allah, annonce des changements géopolitiques énormes. Le monde multipolaire lance des signaux positifs. La décision du Président Trump de quitter la Syrie implique l'abandon de la globalisation financière appuyée par l'Etat profond américain. Les droits de l'homme deviendraient alors moins européens et plus universels.


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