Depuis le fameux « Printemps arabe », j'ai écrit une série d'articles sur les manœuvres des anglo-saxons dans notre région. Je republie mon article paru le 12 janvier 2013 dans le journal ‘'Maghreb'', légèrement modifié. Cette republication poursuit deux objectifs : Rappeler le lecteur que le'' printemps arabe'' est un projet ficelé par les gouvernements américain et anglais, exécuté par les américains qui cherchent à perpétuer le monde unipolaire. Le second vise à dévoiler les nouvelles exigences du capitalisme mondialisé en quête d'une expansion capitaliste plus polarisante. Pour cela il use de l'islam politique pour alimenter « l'islamophobie » et justifier la perspective d'un « apartheid à l'échelle mondiale ». Le peuple remercie le gouvernement US ! L'histoire officielle enseigne que les relations tuniso-américaines remontent loin dans l'histoire. Elles se sont affermies à l'époque du combat de libération nationale mené par le leader Bourguiba et ses amis. Ses relations révèlent l'intégration de notre pays dans la zone d'influence des USA. Les USA sont sortis vainqueurs après la deuxième guerre mondiale. Ils ont détrôné les empires français et anglais. Ils ont signé l'accord de Yalta avec l'URSS qui a déterminé la zone d'influence de chacun. La Grande Bretagne conserva un certain poids puisqu'elle a lancé avec Washington le projet européen pour combattre le communisme. L'Europe est donc un projet américain qui a associé le militarisme yankee au capitalisme européen (voir mon article ‘'Le Brexit : Fin de l'hégémonie américaine''). Le capitalisme, né en occident au XVIe siècle, s'étendit géographiquement jusqu'à devenir global. A la fin du XXe siècle, toutes les régions ont été englobées. Ce système se caractérise par un mode de production. Sa version moderne, a été et demeure, de type capitaliste. Dans ce système les Etats devaient jouer un rôle dans la maximisation de l'accumulation du capital. L'Etat moderne- principal apport institutionnel du système-monde capitaliste- n'a jamais constitué une entité autonome. Le système interétatique mise en place est régi par un ensemble de règles contraignantes et d'un ensemble de modèles de légitimité en dehors desquels il ne pouvait survivre. Le système du pouvoir est structuré de manière pyramidale de sorte que les Etats les plus forts parviennent à imposer leur volonté. Ceci explique que la victoire des mouvements nationalistes a été suivie par la mise en œuvre de projets nationaux populaires sans pourtant sortir de la logique de l'accumulation capitaliste. L'Etat de l'indépendance s'est affronté à la réalité du rapport de domination. Il a été soumis aux deux institutions de Bretton Woods imprégnées de la philosophie libérale et sous l'influence de Washington. Mais le peuple a remercié les USA parce qu'ils ont favorisé le combat pour l'indépendance. Le leader Habib Bourguiba et ses compagnons ont construit l'Etat moderne, développé l'éducation et la santé. Il a offert au citoyen une vie meilleure. Il n'en demeure pas moins que ce souci des dirigeants a été confronté aux contraintes des rapports de domination. Ainsi après le bombardement sioniste contre l'OLP à Hammam Chatt, le Président Bourguiba a convoqué l'ambassadeur US pour lui transmettre sa désapprobation de cette violation de la souveraineté de son pays. Il lui a expliqué que si le gouvernement de son pays opposait son veto au Conseil de Sécurité de l'ONU, il romprait les relations diplomatiques. L'ambassadeur n'a pas apprécié le ton véhément du Président. Les USA ont organisé ‘'le complot médical''. Le Président Ben Ali prit le pouvoir. Il a été apprécié, la Banque mondiale et le FMI lui tressèrent des lauriers. Sa disgrâce débuta en 2003, lorsque l'Etat profond US décida de reconfigurer le Grand moyen orient. Dans un livre épatant « La route vers le nouveau désordre mondial », Peter Dale Scott a démontré que la politique étatsunienne est façonnée par les lobbies de l'industrie militaire, sioniste et de la finance. Ces lobbies ont décidé aussi d'attribuer le pouvoir aux frères musulmans. Ce n'est pas un hasard car le discours du capitalisme libéral mondialisé et de l'islam politique ne sont pas conflictuel mais au contraire complémentaire. Récusant le concept de modernité émancipatoire, l'islam politique refuse le principe de démocratie- le droit pour la société de construire son avenir par la liberté qu'elle se donne de légiférer. Cette idéologie est donc parfaitement instrumentalisée par la stratégie de domination du capitalisme parce qu'elle transfère les luttes de l'aire des contradictions sociales réelles au monde de l'imaginaire dit culturel, transhistorique et absolu De plus les américains n'ont pas apprécié la position de Ben Ali sur la guerre de l'Irak puis sa lenteur dans la privatisation des entreprises publiques. Les politologues vous expliqueraient que tous les ingrédients sont réunis pour son départ. En réalité les américains ont mis en exécution le projet de reconfiguration du monde arabe consistant en la remise du pouvoir aux frères musulmans Ils ont l'ont propagé sous l'enseigne de la ‘'révolution''. Cette'' révolution'' a été théorisée par les américains et financée sur injonction yankee par les pétromonarchies du golfe. La ‘'révolution silencieuse'' au service des frères ! Les USA mettent l'expérience des jeunes formés en Europe de l'Est pour mener les prétendues « révolutions colorées » dans le monde arabe. ‘‘Nos révolutionnaires'' sont initiés à la technique de la révolution douce élaborée par l'Albert Einstein Institution de Gene Sharpe, ils focalisent l'attention sur le dictateur pour éviter tout débat sur l'avenir politique du pays. En outre le gouvernement américain use des médias pour donner plus d'impact à la manipulation. A titre d'exemple, le Nouvel Observateur n° 2445 du 15/9/2011 se demandait « Ou est passé l'argent des dictateurs ? ». Abdelwaheb Meddeb, dans une interview donnée au Nouvel Observateur n°2430 du 20/26 janvier 2011 a affirmé que :''l'armée a joué un rôle civique en refusant de tirer sur la foule et de ne pas obtempéré à Ben Ali. Or le Général Rachid Ammar a été contacté par le commandant de l'Africom, le général William Ward qui l'a informé que Washington exigeait sa fuite. La France de Sarkozy n'était pas dans le secret des yankees. Sa ministre des Affaires étrangères a proposé une aide au régime de Ben Ali. En ce moment la CIA a usé du groupe Anonymos pour hacker le site internet officiel du Premier ministre et place un message de menace en anglais sur la page d'accueil. Le logo est celui du Parti pirate international, dont le membre tunisien Slim Aloulou a été propulsé par l'ambassade US secrétaire d'Etat à la Jeunesse et des Sports du « gouvernement d'union nationale ». Le peuple remercie le gouvernement US pour avoir incité ses fondations philanthropiques tels que l'Open society de Georges Soros, Freedom House et la National Endowment for democracy qui ont investit dans les jeunes pour leur inculquer la démocratie libérale. L'imprégnation de nos jeunes politiciens appartenant aux frères ou ceux du Nida Tunis ont été tellement imprégnés par cette formation qu'ils n'ont pu deviner que la ‘'révolution libyenne'' était en fait une guerre de l'alliance franco-britannique appuyée par l'OTAN (voir mon article :''L'Otan en Libye : de la protection des civils à la partition'' dans Business News du 29/12/2015). On se rappelle la joie excentrique du révolutionnaire Moncef Marzouki lors de la chute du régime libyen. Le financement du projet L'exécution du projet de partition du monde arabe nécessite un financement. L'empire américain a donné l'ordre à l'Arabie saoudite et au Qatar de financer son effort de ‘'démocratisation''. Ce dernier a financé la destruction de la Libye avec l'appui logistique de la Turquie. L'Arabie Saoudite, après avoir financé les frères depuis les années 60 sur injonction américaine, a fourni le financement de la guerre menée contre la Syrie et le Yémen. Le peuple l'en remercie pour cet acte. Les frères musulmans sont reconnaissants aussi aux américains qui leur ont flanqué le sobriquet « modéré » pour les faire accepter par les populations. Le cynisme yankee devrait être considéré. Le lecteur averti saisi que le choix des islamistes n'est pas hasardeux car l'idéologie des frères a toujours servi les intérêts des anglo-saxons. Le peuple remercie le gouvernement US d'avoir engagé nos politiciens vers l'adoption d'une nouvelle constitution, « la meilleure du monde », rédigé par un constitutionaliste US. Le peuple remercie le gouvernement US pour ce cadeau empoisonné. L'Arabie est utilisée pour faire accepter au Maghreb la normalisation des rapports avec Israël et la création d'un centre pour les gens de la Nosra et d'autres combattants. Le fameux Prince a entretenu le Président, lors de sa visite. La réponse immédiate était un non catégorique. Le peuple loue l'attitude présidentielle.