Le Groupe de la Banque mondiale a publié, mardi 22 décembre 2020, sa nouvelle édition annuelle du rapport de suivi de la situation économique de la Tunisie. Une section « Focus Spécial » dans ce rapport s'est basée sur les résultats d'une enquête menée auprès d'un ensemble d'entreprises tunisiennes, pour débattre des dernières données disponibles sur leurs performances et déterminer les priorités dont il faut tenir compte pour relancer la croissance et la productivité du secteur privé. L'analyse a révélé qu'au cours de la période 2013 – 2019 le secteur privé s'est affaibli dans l'ensemble. Les entreprises sont moins enclines à investir et à innover : la proportion d'entreprises investissant dans des immobilisations est passée de 44% en 2013 à 30% en 2019 et le repli concerne tous les secteurs. De manière similaire, la part des entreprises tunisiennes introduisant un nouveau produit ou service a diminué de moitié, passant de 28% en 2013 à 14% en 2019. Les entreprises sont moins tournées vers l'exportation qu'avant et le pourcentage des entreprises exportatrices est passé de 38% en 2013 à 32% en 2019. Cela a coïncidé avec la détérioration des indicateurs commerciaux : le nombre de jours nécessaires au dédouanement des exportations a plus que doublé, passant de 3 jours en 2013 à 7 jours en 2019. La situation est pire pour les importations où le nombre de jours nécessaires au dédouanement des importations est passé de 7 jours en 2013 à 16 jours en 2019. Les entreprises sont également, d'après le rapport du Groupe de la banque mondiale , de moins en moins productives : la croissance annuelle réelle de la productivité a été négative en 2013, de l'ordre de -4,5% et a empiré en 2019, en tombant à -5,1%. Sur un autre plan, un rapport du Conseil des analyses économiques (CAE) fin 2018 indique que l'environnement dans lequel évoluent les entreprises tunisiennes est très contraignant, marqué par de nombreuses entraves et des difficultés opérationnelles et administratives, tant au niveau de l'investissement que de l'exploitation. Les mesures à prendre à ce sujet sont en effet connues, l'important est le renforcement du suivi de leur mise en œuvre effective dans des délais courts. Sous le gouvernement Mechichi, le ministre des Finances, Ali Kooli n'a pris aucune mesures pour soutenir les entreprises privées tunisiennes composées essentiellement de PME. Au contraire, le gouvernement actuel n'a pris que des contre-mesures qui ont aggravé la situation du secteur en pleine crise Covid-19, telles que l'élargissement de l'assiette du calcul de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises exportatrices, au niveau du projet de la loi des finances 2021, l'ajournement des propositions d'arrangements fiscaux et de change aux calendes grecques et surtout le déploiement d' « importants efforts » qui sont venus bloquer l'activité des entreprises et entraver leur logistique par l'application d'interminables couvre-feu et interdiction des déplacements entre les gouvernorats. L'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) a déclaré qu'au vu de la vulnérabilité sectorielle constatée, 20% des PME feraient faillite. Entre temps et alors que les entrepreneurs et chefs d'entreprises se battent pour survivre, le ministre des Finances, Ali Kooli a fait passer un budget dont le déficit représente 36% de sa valeur et a dit qu'il est optimiste pour le combler. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!