Par Mohamed Ben Abderrazek | Il y a 5 minutes « Al Karama Holding », est une société qui a été constituée sur un socle d'entreprises groupées qui est « Princesse El Materi Holding », un groupe de sociétés de droit tunisien d'une vingtaine d'entreprises fondé en 2004 par l'homme d'affaires et gendre de Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi. Après les évènements de 2011 et le départ à l'étranger de son fondateur, les actions du groupe ont été confisquées par l'Etat qui changea son nom en « Al Karama Holding ». A partir de 2012, l'Etat donna une nouvelle vocation au holding, celle de céder toutes les sociétés confisquées pour son propre compte ou le compte de l'Etat. « Al Karama Holding » acquiert en 2013, auprès de l'Etat, 22 sociétés ou groupes de sociétés confisquées en vue de les céder, normalement, au secteur privé. En 2018, Al Karama est devenue le seul mécanisme par lequel passe la cession de toute société confisquée. « Al Karama Holding », doté d'un capital social de 10 millions de dinars détenu par l'Etat sous la tutelle du ministère des finances, gère plus de 50 sociétés à travers des participations directes et indirectes, réparties en plusieurs pôles d'activité Le holding présente sa mission comme étant la cession des participations matures, solides et à forte valorisation, le développement des participations jeunes ou fragiles, la restructuration et/ou assainissement des participations en difficulté et la liquidation des participations non rentables. Cependant, on constate que très peu d'indicateurs financiers ou autres sont publiés sur le holding, encore moins les états financiers et les notes annexes, selon les normes comptables admises. Il est intriguant de remarquer l'absence de rapports d'activité retraçant les réalisations et les objectifs du holding qui devraient être mis à la disposition du public. Hormis les propriétés immobilières, les yachts, les voitures de luxe et les avoirs financiers qui ont été saisis par la justice, la confiscation a surtout concerné 544 entreprises opérant dans divers secteurs tels que les banques, assurances, télécoms, énergies, transport, industrie, etc. La valeur globale de ces biens avait été estimée en 2017 à 32 milliards de dinars (11.6 milliards d'euros), près de 25% du PIB tunisien en 2011. La valeur de récupération par l'Etat de ce patrimoine est insignifiante. Et pour cause, d'après les chiffres du ministère des finances, les revenus générés par la cession des confiscations n'ont pas dépassé 712 millions de dinars (214 millions d'euros) entre 2016 et 2019 sur une valeur totale de 32 milliards de dinars (11.6 milliards d'euros) soit un taux de recouvrement de 2.2%. Ainsi, il est clair que non seulement la gouvernance du portefeuille des biens dits mal-acquis comporte plusieurs zones d'ombre, mais celui-ci est aujourd'hui entachée de soupçons de mauvaise gestion. Les doigts sont pointés vers une complicité entre des administrateurs judiciaires, des politiques et le milieu des « affaires ». Evoquant leur valeur avant la confiscation, des experts estiment que certains biens ont été volontairement délaissés pour être pillés par des « voleurs » à l'instar de l'armada de voitures de luxe de la famille des Trabelsi, d'autres sciemment abandonnés afin d'être bradés à des prix symboliques comme les demeures présidentielles et les résidences des Trabelsi. Des soupçons alimentés par les propos de certains responsables officiels qui ont dénoncé des cas de détournement de fonds. De l'Instance Vérité et Dignité à Al Karama Holding en passant par plusieurs autres instances post 2011, jamais le pillage des deniers publics n'a atteint une telle ampleur et ça continue ! Partagez Tweetez Partagez 0 Partages Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!