Affaire de complot 2 : report de l'audience au 27 mai    Le gouvernement irakien décide de faire don de cinquante mille tonnes de blé à la Tunisie    19 accords financiers en 2024 : Le ministre de l'Economie défend les choix du Parlement    Décès de Fathi Ennaïfar : l'ingénieur polytechnicien, le poète, et le soufi    Fondation Fidaa : Dernier appel aux blessés de la Révolution non encore examinés    Mustapha Djemali et Abderrazak Krimi, un an de prison : Amnesty tire la sonnette d'alarme    Tunisie : 8% du PIB perdu chaque année à cause du désengagement au travail    Tunisiens de l'étranger : Retour facilité et conduite de vos véhicules simplifiée cet été    Diaspora tunisienne : Transferts de 120 dollars par mois, bien en dessous des 200 dollars de la moyenne mondiale    Enseignement supérieur : deux nouvelles institutions en préparation à Médenine    Port-Soudan sous les drones : L'aéroport et des sites stratégiques frappés pour le troisième jour consécutif    68 % des Tunisiens écoutent la musique à un volume excessif, selon une étude nationale    Tunisie : Déversement du barrage de Mellegue face à l'arrivée massive d'eau depuis l'Algérie    Orange Tunisie inaugure un nouveau Data Center à Sousse pour répondre aux enjeux numériques de demain (Vidéo)    Allemagne : Merz devait mener le combat contre Trump, il chute au Parlement, très mauvais pour le pays et l'UE    Drame à Menzel Bouzelfa : Un élève met le feu à son lycée    Josef Renggli salue l'engagement de Roche et renforce les liens de la Suisse avec la Tunisie    QNB soutient les hôpitaux « Aziza Othmana » et « Béchir Hamza »    Plus de 4,5 milliards de dinars de recettes issues des TRE et du tourisme    Festival « Thysdrus » : El Jem célèbre les romains ce week-end    Migration : la Tunisie réaffirme son refus d'être un pays de transit    Grand Tunis : grève générale des chauffeurs de taxi individuel le 19 mai    26 personnes, dont 3 femmes, arrêtées après des saisies de cocaïne et de cannabis    Masters 1000 de Rome : Ons Jabeur espère rééditer son exploit de 2022    Natation : la Tunisie accueille le 8e Open Masters avec 18 pays représentés    L'ambassadeur français sort, l'Algérie ferme la porte, Macron regarde ailleurs : l'Egypte, les chercheurs américains éjectés par Trump…    Complot contre la sûreté de l'Etat 2 : début du procès de figures politiques tunisiennes    Le Prince Harry privé de protection policière lors de ses séjours au Royaume-Uni    Par Habib Ben Salha : La Bsissa prend la route de l'UNESCO    ES Sahel : soutien à Ben Amor après une violente agression à Sousse    Météo : Averses isolées au nord et au centre et températures maximales entre 21 et 38 degrés    Crise des médias : 82 % des Tunisiens pointent du doigt les chroniqueurs    Retailleau durcit les conditions d'accès à la nationalité française    Youssef Mimouni condamné à deux ans de prison    Sami Mokadem : la 39e édition de la Foire du livre était un échec !    Le taux d'inflation baisse légèrement et s'établit à 5,6%    Recevant la cheffe du Gouvernement : Le Chef de l'Etat insiste sur un projet de loi de finances à vocation sociale    Volley-Coupe de Tunisie: L'Espérance ST rejoint l'Etoile du Sahel en finale    En pleine crise de paranoïa, les fans de Saïed l'exhortent à bouder les sommets en Irak    L'EST remporte le classico : Ces petits détails....    Homo Deus au pays d'Homo Sapiens    Affluence record à la Foire du livre 2025, mais le pouvoir d'achat freine les ventes [vidéo]    Classement WTA : Ons Jabeur chute à la 36e place après son élimination à Madrid    Syrie : Après L'Exclusion De Soulef Fawakherji, Mazen Al Natour Ecarté Du Syndicat    Trump annonce des droits de douane de 100 % sur les films étrangers pour "sauver" Hollywood    Foire du livre de Tunis : affluence record, mais ventes en baisse    Gymnastique rythmique : la Tunisie en lice au Championnat d'Afrique au Caire    La Liga: Le Rwanda désormais un sponsor de l'Atlético de Madrid    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Par Abdelaziz Gatri : Entendez-vous les ricanements de Mme Kristalina Georgieva* ?
Publié dans Tunisie Numérique le 03 - 05 - 2021

(*Kristalina Georgieva : Directrice générale du FMI)
De même qu'en islam le divorce est la chose licite la plus détestable à Dieu, en termes de budget, l'endettement devrait être la chose la plus détestable pour un gouvernement. Il ne devrait y être fait recours qu'en dernier ressort, après avoir épuisé toutes les autres sources autonomes de financement du budget, car l'emprunt implique la cession d'une partie de sa souveraineté au prêteur à travers la batterie de conditions exigées par celui-ci pour ouvrir la manne.
Les tunisiens en savent quelque chose, eux qui ont dû subir les affres de la commission financière à la fin du 19ème siècle, sorte de collège des créanciers qui, suite aux déboires et à la prodigalité des beys et de leurs ministres, était sensé dicter au gouvernement d'alors sa politique économique pour se faire rembourser les crédits contractés pour le bon plaisir de la monarchie. Et comme cela n'avait pas suffi, il a fallu subir 75 ans d'occupation française pour le même prétexte.
C'est dans un contexte semblable, empreint de prodigalité et d'irresponsabilité gouvernementales, de mauvaise gouvernance, de copinage et de corruption rampante, qu'une délégation «composée du ministre des Finances, du gouverneur de la Banque centrale et de plusieurs représentants de l'UTICA ainsi que d'experts économiques, s'est envolée pour Washington, pour des concertations avec le FMI » selon les déclarations du chef du gouvernement.
Qu'a donc préparé Si Ali Kooli, notre trésorier en chef, comme arguments pour prouver le bien-fondé de sa démarche à la directrice générale du FMI, qui s'en est montrée très dubitative dans sa dernière lettre adressée à Mechichi ? Après avoir énuméré les conditions d'un soutien du FMI à la Tunisie (soutenabilité des finances publiques et de la dette, des réformes ambitieuses des entreprises publiques, de la masse salariale dans la fonction publique et des subventions énergétiques, amélioration du climat des affaires, stabilité du secteur financier et inclusion financière, protection sociale et gouvernance), elle lui a signifié qu'elle avait demandé à son équipe « d'entamer des entretiens techniques avec vos services, dès que nous aurons reçu votre programme de réforme », sous-entendu que jusqu'ici, aucun programme de réformes n'a été adressé à l'instance monétaire internationale.
Dans ces conditions, il y a bien lieu de se poser des questions sur l'opportunité même de ce déplacement périlleux. Et onéreux. Quel discours tiendra M. Kooli face aux pontes du FMI ? Leur dira-t-il « prêtez-moi l'argent, je vous enverrai le programme quand moi-même j'en saurais quelque chose »? Ou alors : « j'ai un système bancaire qui réalise des bénéfices records quand l'économie et le peuple sont à l'agonie, je protège une vingtaine de familles monopolistiques de rentiers qui asphyxient le pays et je souhaite obtenir de quoi les enrichir encore plus » ?
Est-il besoin de rappeler qu'en tant que ministre des finances, il est le chef de l'administration fiscale et douanière qui, à elles seules, détiennent plus de 12 milliards de dinars de créances constatées, somme qui, à quelques milliers de dinars près, correspond au montant du prêt sollicité, et dont le recouvrement aurait pu nous épargner les affres de la mendicité? Sans compter les impayés des caisses sociales évaluées à plus de 2 milliards de dinars et le manque gagner de l'exploitation du phosphate.
Bien sûr, je vois d'ici ceux parmi mes anciens collègues qui me feront remarquer que je suis très bien placé pour savoir que toutes ces créances ne sont pas recouvrables, et j'en conviens. Bon nombre d'entre elles concerne des débiteurs étrangers, des personnes physiques décédées ou introuvables, des sociétés dissoutes ou tombées en faillite etc., et leur recouvrement relève aujourd'hui de l'impossible. J'irais même plus loin en affirmant que ces créances sont exagérément élevées, du fait que les verbalisateurs ont tendance à exagérer la valeur des marchandises réellement saisies, à les grever de saisies fictives à volonté et à faire valoir le concours d'infractions douanières et de change à même de multiplier le montant des amendes requises par plus de 10 fois la valeur des saisies réelles et fictives, les faisant monter à des millions de dinars, quand l'objet de l'infraction ne porte que sur quelques milliers de dinars de droits et taxes éludés. Ces pratiques, destinées à gonfler les chiffres de la lutte contre la contrebande aux yeux des supérieurs et de la tutelle, mettent les juges devant le fait accompli, génèrent des verdicts avec des amendes faramineuses et sans rapport avec les capacités des contrevenants, et rendent impossible toute opération de transaction raisonnable.
Mais il est légitime de se demander quelles ont été les diligences entreprises par les administrations concernées pour le recouvrement du reste des créances recouvrables quand on sait que le taux de recouvrement des créances douanières en 2013 par exemple était très proche de 0% ? Quels moyens ont été mis à la disposition des receveurs des finances et des douanes pour améliorer l'efficacité de leurs travaux et ce taux ? Quel est le sort des milliers de demandes de transaction adressées par les contrevenants désireux de payer et restées sans suite ?
Je croyais que nous avons déjà touché le fond du ridicule avec l'annonce d'un ancien directeur général de la douane, avec fierté et à qui veut bien l'entendre, que le recouvrement a réalisé un bond de 700% (je vous laisse calculer ce que représente 700% de zéro), jusqu'à ce que j'apprenne dernièrement, qu'une «négligence» presque fortuite avait permis à deux contrebandiers des plus notoires du pays d'échapper à des condamnations d'un montant total de 1,3 milliards de dinars.
Ne riez pas tous à la fois, comme dirait l'autre. Mais vous rirez encore plus jaune quand je vous aurai dit que le directeur général, sous lequel s'est produit cet « exploit », fait partie de la délégation de M. Kooli. Avec sa formation de juriste et son expérience de juge tant dans le ministère public que dans les chambres civiles et criminelles, il pourrait être d'un grand secours à ses maîtres dans la perspective de poursuites futures pour leurs manquements dans la gestion des affaires publiques et des deniers de l'Etat. C'est sûrement dans cette perspective qu'ils l'ont promu garde des sceaux, n'eût été le véto présidentiel. Mais face aux redoutables requins du FMI, il ne sera d'aucune utilité. Leur dira-t-il : « j'ai laissé des milliards de créances non recouvrées, mon administration a permis à des contrebandiers d'échapper à des condamnations de 1,3 milliards, les frontières dont j'ai la charge sont tellement poreuses que les marchandises de contrebande envahissent tout le pays, détruisent son tissu industriel et privent le trésor de recettes substantielles, et je viens plaider la cause de mon gouvernement pour obtenir un chèque de 4 milliards de dollars » ? Bonjour la confiance. J'entends d'ici les ricanements de Mme Kristalina Georgieva.
Et dire que Mechichi déclarait que « ces rencontres visent à rétablir la confiance entre le FMI et la Tunisie ».
Abdelaziz GATRI. Conseiller pour les opérations douanières, le commerce international et le contentieux douanier.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.