L'Instance Nationale Indépendante pour la Réforme de l'Information et de la Communication a organisé, vendredi, un atelier sur le statut de la Télévision tunisienne, en présence de Mokhtar Rassaa, Président directeur général de cet établissement et de plusieurs journalistes et producteurs, ainsi que des experts de la BBC et de l'Organisation ”Article 19”, outre des représentants du syndicat de base de la Télévision tunisienne et du syndicat général de la culture et de l'information relevant de l'UGTT. A l'ouverture de cet atelier, M. Mokhtar Rassaa a présenté un exposé sur les malversations et la corruption dont était victime cet établissement au cours des deux dernières décennies, à l'instar des autres institutions de l'Etat. Il a également critiqué la composition du conseil d'administration, estimant, par ailleurs, que la réforme est un processus de longue haleine. Au cours de cet atelier, plusieurs expériences ont été présentées dont celles de la France, de l'Allemagne et de la Grande Bretagne, dans le domaine de l'organisation des établissements télévisés publics et leur restructuration. Le journaliste Maher Abderrahmane a indiqué que le dénominateur commun de ces expériences est l'existence en leur sein de conseils d'administration élus. Ces conseils, a-t-il ajouté, regroupent les diverses sensibilités politiques, sociales et culturelles, ainsi que des personnalités gouvernementales et indépendantes, voire des citoyens ordinaires représentant le grand public. D'autre part, un exposé a été présenté concernant la situation de l'Etablissement de la télévision tunisienne, marquée par la mauvaise gestion du budget, l'absence de transparence, outre l'enchevêtrement des spécialités à l'origine de la fuite des compétences. A cet égard, certains participants ont critiqué la composition du conseil d'administration de la Télévision, formé essentiellement par les représentants du gouvernement et de divers ministères, ce qui conduit à la main-mise du pouvoir en place sur la gestion de l'Etablissement. Ils ont appelé, en revanche, à publier des décrets-lois consacrant l'indépendance de l'Etablissement et incitant à la révision de la composition de son conseil d'administration, de manière à en faire un service public neutre. Les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de promouvoir une information répondant aux aspirations des citoyens qui financent l'Etablissement à travers la redevance payée avec la facture de la STEG. Pour assurer la pérennité de ce financement, il convient, selon Catherine Smadja, représentante de l'organisation ”Article 19”, de garantir la qualité de la production et la transparence de la gestion en commençant par un audit permettant d'identifier la situation financière et administrative de l'Etablissement. De son côté, Najla El Amri, directrice de la programmation au sein de la BBC, a recommandé d'adopter une ligne éditoriale claire de l'Etablissement et de mettre en place une stratégie à long terme. Elle a expliqué que la réussite de la BBC est le fruit de sa politique de gestion basée sur l'indépendance, la non interférence des rôles et la consécration de la culture du ”rendre-compte” d'autant qu'elle est une institution publique et qu'il est du devoir de tous de préserver l'argent public et d'éviter le gaspillage. Au cours de cette réunion, des questions ont évoqué les rumeurs autour d'un texte pré-établi relatif à l'organigramme de l'Etablissement de la télévision tunisienne qui aurait été envoyé au Premier ministère sans l'avis de l'Instance Nationale Indépendante pour la Réforme de l'Information et de la Communication et sans la participation des journalistes et des agents de cet établissement. Le Président-directeur général a reconnu les faits et préféré se retirer de la réunion quand des voix critiques ont exigé des explications à ce sujet.