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Par Hadi Sraieb : Du nécessaire renouveau de la pensée économique !
Publié dans Tunisie Numérique le 03 - 06 - 2022

Le projet de réformes dites structurelles présenté par le gouvernement au FMI et par voie de conséquence à la communauté financière internationale n'a aucune chance d'emporter l'approbation des partenaires majeurs de la Tunisie. Les raisons tiennent tout à la fois à son contenu (dispositions austéritaires)et à sa forme (opérabilité). Il n'aura échappé à personne que l'unique objectif de la proposition du gouvernement est de restaurer les finances publiques (au sens large) censées être le nœud gordien de la crise économique et sociale généralisée que traverse le pays depuis près d'une décennie. Le soutien espéré du FMI (cash against reform) permettrait, selon les initiateurs de cette demande d'aide, d'atténuer le « choc » brutal de mesures d'austérité (véritable purge sociale), recréant ainsi les conditions d'une reprise de la croissance et permettant de surmonter durablement les modalités contraignantes du renouvellement de cette même croissance ; à savoir: La disponibilité d'un fond de roulement en devises fortes, autorisant la soutenabilité du remboursement de la dette, ainsi que les re-sorties importantes de capitaux (rapatriement de dividendes).
Les réticences et atermoiements du « préteur en dernière instance », et ses obligés tiennent en deux interrogations majeures et incontournables: Quid de la mise en œuvre de la réduction drastique des dépenses publiques (notamment dans leur dimension sociale) ? Quid du contenu« post-purge » de cette nouvelle croissance (quels réaménagements du paradigme économique et social: trajectoire porteuse sur de nouvelles filières de production, redéfinition des modalités de distribution des revenus, résorption du sous-emploi endémique et des inégalités de revenus et de patrimoine). D'où l'insistance compréhensible du FMI a exigé un consensus politique ! Une prudence toute légitime ! On le serait à moins ! La question de la recevabilité (et du bien-fondé) des mesures de réduction de la masse salariale publique, du renchérissement rapide des prix des biens publics (eau, électricité, carburants) dans une logique de vérité des prix (en réalité de dépéréquation tarifaire) risque de se heurter à une forte résistance, voire au danger d'explosions sociales difficilement contrôlables.FMI comme Clubs de Paris et de Londres en ont une conscience aigüe !
Mais comme si tout cela ne suffisait pas, la communauté financière internationale est préoccupée par l'incapacité des autorités du moment, -mais à dire vrai, l'ensemble des élites dirigeantes-, à formuler un véritable projet d'avenir à l'horizon de dix ou vingt ans ! Le devenir du pays demeure un « impensé » !!
Et ce ne sont les formules rhétoriques (liberté d'entreprendre, opportunités d'affaires, relocalisation, chaines de valeur, compétitivité du site Tunisie... et autres niaiseries du genre) qui combleront le vide sidéral de la pensée dominante ! Ce pays a besoin d'un projet ambitieux et non d'une mauvaise copie tout autant qu'illusoire du Qatar ou de Singapour ! Les tendances lourdes à l'échelle planétaire dictent les priorités: le réchauffement climatique et ses multiples implications, l'épuisement relatif des ressources naturelles et leur renchérissement (énergies fossiles, « minéraux rares », terres arables) commandent de réorienter le système de production et de consommation vers plus de sobriété, de réduction des gaspillages en tous genres (obsolescence programmée Iphone 11, 12 puis 13, vous connaissez !) : En d'autres termes une économie circulaire de proximité comme de voisinage réduisant sa dépendance au commerce international et au libre-échangisme forcené. Toutes choses que semblent exécrer nos élites économiques et leurs représentants.
Les maîtres-mots de la nouvelle période qui s'ouvre sont: sécurité alimentaire, souveraineté sur les biens et services de première nécessité, recyclage des matériaux, prolongement du cycle de vie des produits....
Cela suppose bien entendu de s'engager dans une réflexion globale sur le processus de production en tant que tel ! Il ne s'agit plus simplement de « produire de la valeur », mais d'intérioriser les impacts sur la nature et la biodiversité mais aussi sur la santé ! Ce qui implique de facto une bifurcation des politiques publiques et une refonte en profondeur du système de financement (fléchage des crédits vers les activités biocompatibles)...loin du simple green washing (éco-blanchiment).
Une telle réorientation (certes progressive mais planifiée) de l'ensemble des processus productifs suppose la réhabilitation du substrat économique, à savoir les infrastructures de production d'une part, et les équipements collectifs destinés au bien-être des populations, d'autre part. Aujourd'hui nombre de réseaux publics sont en décrépitude avancée en limite de rupture : Coupures croissantes d'électricité et d'eau, surtensions sur les réseaux de distribution, réserves hydriques au plus bas, canalisations d'eau comme réseaux d'égouts délabrés. Deux voire trois décennies d'abandon (baisse des recettes commerciales couplée aux désengagements, -imperceptibles-, des subsides budgétaires). Des réseaux exsangues qu'il va bien falloir réhabiliter voire dans certains cas reconstruire. Il en va sensiblement de même s'agissant du réseau routier de nationales comme secondaires délaissé (que dire des pistes vicinales rurales), mais que masquent avec ostentation les réalisations de nouvelles autoroutes (3 MDT le km, excusé du peu !). Il est vrai que le show-off, l'exhibition du neuf superfétatoire est aussi un trait constant des politiques publiques qui confondent allégrement nouveauté avec modernité ! Qu'importe puisque grosses cylindrées et autres 4×4 y trouvent leur compte, les ruraux isolés attendront des jours meilleurs !
STEG, SONEDE, ONAS, n'ont jamais disposé des moyens financiers leur permettant de conserver le niveau d'efficience et de qualité de service qu'elles ont pu avoir durant plusieurs décennies. Le désengagement de l'Etat n'est pas que théorique même s'il est en pratique, sournoisement invisible et ravageur (les séries de données statistiques en valeur nominale sont trompeuses).
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le système de formation professionnelle considérée comme une voie de garage par une proportion importante des « exclus » du système scolaire quand ils ne choisissent pas l'exode au péril de leur vie. Un gâchis considérable ! Mais qui gagne de proche en proche tout l'édifice y compris les nouveaux diplômés de l'enseignement supérieur. Que faire d'une licence de sciences de l'environnement ? Rien ! L'employabilité, -autre marotte des gouvernants- préconise une reconversion dans le télétravail ! On peut comprendre le désarroi et la désaffection de cette jeunesse quand le déni d'un métier qualifié utile à la collectivité le dispute au cynisme institutionnel !
Les notions d'économie circulaire, de productions écologiquement compatibles (bio-industries) n'ont pas encore réussi à percer le mur des poncifs technocratiques et des truismes néo-libéraux (évoqués plus haut).
La poursuite obsessionnelle de fuite en avant dans ce modèle usé et surannée de croissance marchande et de production de valeur (au final pour le petit nombre) est une voie sans issue ! Sans doute Nicolas Machiavel a-t-il raison, lorsqu'il affirme : « L'habituel défaut de l'homme est de ne pas prévoir l'orage par beau temps ».

Hadi Sraieb, Docteur d'Etat en économie du développement

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