L'eau est un droit humain fondamental, mais c'est aussi une ressource limitée et de plus en plus rare : une personne sur quatre vit dans des zones pauvres en eau. « La crise mondiale de l'eau compromet notre capacité à produire de la nourriture, à protéger les moyens de subsistance et à bâtir des économies solides. Et cette crise s'aggrave, la demande en eau devant dépasser l'offre de 40 % d'ici 2030. Les populations pauvres et vulnérables seront touchées de manière disproportionnée, ce qui entraînera des inégalités croissantes », relève Saroj Kumar Jha, le directeur mondial sur les bonnes pratiques en matière d'eau à la banque Mondiale, dans une publication parue récemment au blog de l'organisation internationale. La bonne gouvernance de l'eau est primordiale La nécessité d'une gestion efficace et collaborative de l'eau ne fera que s'amplifier à mesure que les effets du changement climatique exerceront une pression grandissante sur les ressources mondiales, indique le responsable international. Ainsi, il ajoute que la bonne gouvernance de l'eau est aussi primordiale pour réaliser les Objectifs de développement durable, non seulement en ce qui concerne l'accès à l'eau potable et à l'assainissement pour tous, mais aussi plus généralement pour la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la sécurité alimentaire. Sachant que 2 milliards de personnes dans le monde sont encore privées d'eau potable et que 3,6 milliards ne disposent pas d'installations d'assainissement, il est urgent de prendre de nouvelles mesures pour relever le défi mondial de l'eau. Une bonne gouvernance doit aussi être soutenue par des investissements adaptés. La sécurité hydrique est loin d'être assurée dans de nombreux pays, précise Saroj Kumar Jha tout en assurant que 150 milliards de dollars seraient nécessaires chaque année pour garantir l'accès universel à l'eau potable et à l'assainissement dans le monde. Les sécheresses, les inondations et les autres risques liés à l'eau gagnent en intensité, les eaux souterraines sont surexploitées et polluées, et les villes et les exploitations agricoles sont en butte à de graves pénuries d'eau, martèle le responsable de la banque mondiale tout en soulignant que ces phénomènes vont compromettre les acquis du développement et nécessiteront de nouveaux investissements dans des solutions de gestion de l'eau. Secteur de l'eau en Tunisie : des défis de taille Le rapport national du secteur de l'eau publié fin juin dernier montre que le secteur a bénéficié d'une enveloppe financière importante durant la période 2016-2020. Le total des fonds mobilisés est de l'ordre de 7,5 milliards de dinars (22,7% du total des fonds mobilisés tous secteurs confondus). Les données du rapport montrent aussi un alignement de l'aide au développement du secteur de l'eau à la priorité de l'Etat, 45% des fonds mobilisés sont alloués au secteur de l'eau potable suivi par l'assainissement avec 19,2% mais le taux d'utilisation des fonds mobilisés sous forme de crédit reste faible avec 21,60%. Ce taux reflète en partie l'avancement de la réalisation des projets et le reliquat des crédits non dépensés est important (5918,3 millions de dinars). La gouvernance de l'eau en Tunisie est plus que lacunaire, d'ailleurs le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme à l'eau potable et à l'assainissement, Pedro Arrojo-Agudo a indiqué lors de sa visite au pays au mois de juillet écoulé que le gouvernement doit améliorer la gestion des réseaux d'eau et mettre fin à la surexploitation des aquifères dans le pays, ce sont des questions qui deviennent de plus en plus critiques dans un contexte mondial de changement climatique et de la nécessité de garantir à tous l'accès à l'eau potable. Le responsable onusien a présenté les conclusions préliminaires de sa visite au gouvernement en attendant de soumettre un rapport complet concernant le secteur de l'eau et de l'assainissement en Tunisie avec ses recommandations au Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies en septembre 2023. D'après Arrojo-Agudo « La pénurie d'eau ne peut justifier le non-respect des droits humain à l'eau potable et à l'assainissement. Le gouvernement tunisien devrait accorder la priorité absolue à l'eau potable, en réservant la plus haute qualité d'eau disponible aux personnes, indépendamment de la rentabilité d'autres utilisations telles que l'irrigation des entreprises agricoles ou l'exploitation du phosphate ». Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!