L'OCDE a publié une étude traitant l'effet de conflit en Ukraine sur le marché agricole international. Selon un scénario de l'organisation internationale, les prix internationaux du blé pourraient augmenter de 34% durant la campagne 2022/2023, si les capacités d'exportation de l'Ukraine devaient être réduites à néant et les exportations russes de blé, baisser de 50 %. Des mesures visant à accroître l'offre ou à réduire la demande de produits agricoles devraient aussi être envisagées, mais elles seront plus efficaces à moyen terme. Les impacts sur l'insécurité alimentaire D'après l'organisation internationale, le conflit en Ukraine menace la sécurité alimentaire mondiale. De nombreux pays importateurs de produits alimentaires, dont beaucoup entrent dans la catégorie des pays à faible revenu et à déficit alimentaire, sont tributaires des approvisionnements alimentaires russes et ukrainiens pour satisfaire la demande intérieure. C'est ainsi que plusieurs pays font venir plus de la moitié et parfois jusqu'à 100% du blé importé de Russie et d'Ukraine. Certains d'entre eux sont de surcroît en proie à des conflits internes et connaissent une situation précaire sur le plan de la sécurité alimentaire. Pour ces pays, il est impératif de trouver d'autres sources d'approvisionnement pour répondre à leurs besoins. Maitriser la demande Coté maîtrise de la demande et afin d'alléger la sévérité de la crise alimentaire, l'OCDE recommande de réduire la demande de produits agricoles pour des usages autres que l'alimentation humaine du fait que les céréales, les oléagineux et d'autres produits agricoles servent notamment à des usages autres que l'alimentation humaine, notamment pour nourrir les animaux. On appelle également à limiter les pertes et le gaspillage alimentaires. Avec les produits alimentaires qui sont perdus ou gaspillés chaque année, on pourrait nourrir quelque 1.26 milliard de personnes d'après les estimations. La réduction de ces pertes et gaspillage constitue une solution attrayante en ce qu'elle permet de faire baisser la demande globale de produits agricoles et d'alléger les pressions exercées sur l'environnement. Favoriser l'évolution des régimes alimentaires est aussi une piste à explorer afin de réduire l'ampleur de la menace de l'insécurité alimentaire. On souligne qu'une baisse de la consommation de produits d'origine animale dans les pays où elle est forte rapportée au nombre d'habitants pourrait contribuer à faire baisser la demande d'aliments pour animaux. La modification des régimes alimentaires constitue toutefois un processus au long cours, et les statistiques de la consommation alimentaire montrent d'ailleurs que les parts respectives des principaux produits alimentaires ne changent pas beaucoup d'une année sur l'autre. Les politiques publiques peuvent certes favoriser cette modification, mais pas au rythme voulu pour répondre aux pénuries actuelles, conclut-t-on. Les pertes de la filière céréalière en Tunisie La filière céréalière connaît actuellement une grave crise en raison des difficultés rencontrées pour approvisionner normalement le pays notamment en blé tendre mais les pertes et les gaspillages au niveau de la filière en Tunisie sont très pesants. Il s'agit des pertes de production et de consommation engendrées essentiellement par la vétusté des équipements de récolte et de stockage et le gaspillage du pain. La vétusté des machines de récolte et leur inadaptation au relief font perdre, selon des spécialistes, une partie de la production de céréales qui peut atteindre jusqu'à 12%. Sur 10 millions de quintaux, 1,2 million de quintaux sont ainsi gaspillés. Aux Etats-Unis, en Europe, en Russie, ce genre de pertes ne dépasse pas 1%. Sur un autre plan, une étude récente, réalisée par l'INC en Tunisie, portant sur le gaspillage du pain, a montré que 900.000 unités de pain sont gaspillées par jour, soit une valeur 100 millions de dinars par an. La solution, pour réduire le gaspillage, réside, selon les spécialistes, dans l'organisation de campagnes médiatiques de sensibilisation de masse et ce, parallèlement au déploiement d'efforts supplémentaires pour améliorer la qualité du pain pour qu'il soit consommable sur une période relativement longue avec l'encouragement du recyclage des quantités perdues. Pour rappel, en plus de l'importance des céréales dans la production agricole par la superficie occupée et les emplois qu'elles génèrent, celles-ci constituent la base de la ration alimentaire du tunisien. Ainsi elles procurent 49% des calories et 51% des protéines. Malgré la tendance à la baisse de la consommation annuelle des céréales passant de 204,4 kg/personne/an en 1985 à 174,3 kg/personne/an en 2015, les céréales constituent 13% en moyenne des dépenses alimentaires des ménages, soit environ 4% des dépenses globales. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!