La volonté du gouvernement de vendre un ensemble d'entreprises publiques ouvre une nouvelle page dans le conflit avec l'Union générale tunisienne du travail, qui tire une partie de son influence de la force de ses syndicats sectoriels, qui regroupent environ 111 entreprises publiques et près d'un million d'adhérents, alors que la situation sociale du pays se complique avec un chômage croissant et des ressources en devises en baisse. Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l'UGTT, a annoncé son intention de s'opposer à toute tentative de cession des entreprises publiques au secteur privé dans le cadre du plan de réforme économique convenu avec le Fonds monétaire international. Le sort « inconnu » des entreprises publiques Le 31 octobre 2022, Taboubi a déclaré que le gouvernement s'était engagé auprès du Fonds monétaire international à céder au secteur privé la Banque de l'Habitat outre la privatisation de la Régie nationale du tabac et des allumettes. D'autre part, et avant d'entamer des négociations avec le Fonds monétaire international, le gouvernement de Najla Bouden a signé un accord pour augmenter les salaires de plus de 670 000 employés du secteur public de 3,5% sur trois ans, malgré les recommandations du Fonds visant de réduire la masse salariale. Le 15 octobre 2022, le gouvernement a conclu un accord avec le FMI au niveau des experts sur un prêt d'une valeur de 1,9 milliard de dollars contre la concrétisation d'un ensemble de réformes, notamment la réduction des subventions alimentaires et énergétiques et la restructuration des entreprises publiques déficitaires. Cependant, le silence du gouvernement sur le programme de réforme des entreprises publiques a suscité l'inquiétude de l'UGTT, préoccupée par le sort de milliers d'employés, ce qui pourrait inciter les syndicats à protester. Des observateurs soulignent que la cession des entreprises publiques doit s'accompagner d'un programme garantissant les droits des employés, que ce soit en s'entendant avec les éventuels acheteurs pour les indemniser financièrement, ne pas les licencier ou les réemployer dans d'autres établissements, ce qui rend probable que les syndicats recourront à tous les moyens pour défendre les droits de leurs adhérents. L'absence de ces garanties et l'échec des négociations avec l'UGTT concernant les licenciements pourraient saper l'ensemble du processus de réforme. Choix arbitraires Il paraît également que la gestion par les autorités du dossier des entreprises publiques comporte de nombreuses erreurs, notamment au niveau du choix des entreprises et la méthode de les céder, étant donné qu'il n'est pas rentable de vendre des établissements qui souffrent de difficultés financières et d'une mauvaise gouvernance. La Banque e l'Habitat, dont le gouvernement entend céder les actifs, réalise de bons résultats particulièrement après la finalisation du processus de sa restructuration qu'elle a connu en 2017. En revanche, les autorités comptent maintenir d'autres entreprises qui reçoivent d'importantes subventions du gouvernement, ce qui grève les finances publiques malgré leurs grandes pertes, le manque de caractère stratégique de leurs activités et l'absence de tout rôle pour elles dans le développement économique. Il y a quelques jours, la directrice du Fonds monétaire international, Mme Kristalina Georgieva, a déclaré que « la Tunisie travaille sur la privatisation de certaines entreprises publiques », notant que « l'initiative est venue du côté tunisien, pour privatiser certaines entreprises publiques ». Georgieva a ajouté, dans une interview à « Sky News », que « c'est une réalisation bien méritée pour le gouvernement tunisien », considérant que « le programme de réformes structurelles rendra l'économie tunisienne plus robuste et dynamique et créera plus d'emplois, ce qui facilitera l'obtention de financements et les opportunités disponibles pour les entrepreneurs ». Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!